Le Syndicat libre des travailleurs d’Afrijet (Syltra-AF) a annoncé le 12 avril, la suspension du préavis de grève déposé le 1er avril. Selon les partenaires sociaux, cette décision est consécutive à l’ouverture des négociations par la direction générale de la compagnie aérienne.
La grève qui planait au-dessus de la tête d’Afrijet n’aura pas lieu. Déposé 1er avril, le préavis de grève du Syndicat libre des travailleurs d’Afrijet (Syltra-AF) a été suspendu le 12 avril. «Chers collègues, nous venons par la présente vous annoncer la suspension de notre préavis de grève déposé le 1er avril 2021 de huit jours ouvrables auprès de l’administrateur directeur général de la compagnie», a déclaré le secrétaire général du Syltra-AF.
Selon Gaston Ndong Meviane, cette décision découle de l’ouverture des négociations par la direction générale le 9 avril, sans la présence des inspecteurs du travail. «Un modus vivendi nous permet d’attendre la désignation des nouveaux inspecteurs qui viendront conduire lesdits travaux», a ajouté le leader du Syltra-AF. Du côté de la direction générale, l’on se réjouit de cette issue. «Tout le monde a intérêt au dialogue et l’écoute», a confié un proche Marc Gaffajoli, le patron d’Afrijet.
Cinq milliards de pertes en sept mois
Le désamorçage de cette menace de grève qui aurait plus desservi la compagnie qu’autre chose permettra au transporteur aérien de se concentrer sur son activité dans un contexte difficile, où le secteur a perdu en 2020 l’équivalent de 12 ans de profit du fait de la crise sanitaire. À Afrijet, compagnie gabonaise employant 270 salariés (près de 100% de Gabonais), tous les profits gagnés en 17 ans se sont évaporés en sept mois. Soit une perte de cinq milliards de francs CFA en 2020. «Sans ces profits, on parlerait d’Afrijet au passé», a confié un haut cadre de la compagnie aérienne passé de 100 vols par semaine à sept avec le Covid-19.
Au plus fort de la tempête, la direction générale a continué de payer les salaires d’abord intégralement, avant de passer en chômage technique avec 70% de la rémunération brute pour une partie des salariés. Face aux signaux positifs, les salaires sont revenus à la normale en septembre 2020 pour les employés percevant moins de 400 000 francs CFA d’abord, ensuite ceux touchant 700 000 francs le mois d’après. Ce retour échelonné devait par suite toucher les salaires de plus un million en novembre, avant l’ensemble du personnel en décembre. Sauf que les signaux positifs entrevus quelques mois plus tôt sont redevenus négatifs. La direction générale a donc fait marche arrière, au grand dam du personnel navigant (commandants de bords, copilotes, hôtesses et stewards).
Le mécontentement des gros salaires
Avant le Covid-19, les commandants de bord percevaient 4,8 millions de francs CFA nets par mois. Avec la pandémie et le chômage technique, ce salaire a baissé à 4 millions de francs CFA. Les copilotes, eux touchaient entre 2 et 2,5 millions de francs CFA nets par mois avant la pandémie, puis entre 1,8 million et 2,3 millions de francs CFA nets après. Les hôtesses et stewards, enfin, qui étaient dans la tranche de 750 000 à 1,3 million de francs CFA nets avant la pandémie, sont tombés entre 700 000 et un million de francs CFA. Mais curieusement, c’est le personnel navigant qui va refuser de faire des efforts et bouder la baisse des salaires. «La compagnie gagne de l’argent sur notre dos», arguait-il. Ce mécontentement a donc conduit au dépôt du préavis de grève qui, heureusement, vient d’être levé.