Les habitants de la capitale provinciale du Woleu-Ntem (Nord) sont de plus exaspérés par le maintien, par les pouvoirs publics, des mesures barrières contre la pandémie de la Covid-19.
Lassitude, exaspération, défiance, tel peut être résumée, la posture des Oyemois vis-à-vis des mesures barrières imposées par le gouvernement aussi bien dans leur ville, que sur l'ensemble du territoire national.
«Personnellement je ne comprends rien du tout à cette affaire. Ici à Oyem, je n'ai pas encore rencontré une personne malade du coronavirus, ni parmi les miens, ni parmi des connaissances à moi, pourtant depuis une année, nous sommes dans la galère à cause de ça. J'avais un petit bistrot au quartier, j'ai été presque obligé de le fermer», s'indigne Colette M. Jeune gabonaise la trentaine mère de trois enfants dont elle a la charge.
Ce sentiment est largement partagé à Oyem où les populations, dépitées par la durée indéterminée de l'état d'urgence sanitaire décrété par le gouvernement, n'hésitent plus à s'affranchir ouvertement de certaines mesures barrières et à contourner le couvre-feu.
Il faut le dire, le ras-le-bol est perceptible à travers la ville, d'autant que les populations estiment que le gouvernement expose délibérément les populations de la province du Woleu-Ntem.
En effet, de sources proches de la direction régionale de santé nord, il ressort que les cas de malades du coronavirus sont toutes des personnes en provenance de Libreville, qui sont juste de passage dans la province. Il semblerait que, hormis les commerçants gabonais, déjà bien identifiés, ceux qui descendent de Libreville chaque week-end, seraient en majorité des agents des forces de défense et de sécurité, mais aussi des douaniers. Ils y viennent afin d'effectuer les achats divers, soit au marché mondial, soit à celui de Kyé-Ossi (ville transfrontalière du Cameroun simultanément en contact avec la Guinée Équatoriale et le Gabon). C'est justement parmi ceux-là que sont diagnostiqués les malades.
D'aucuns fustigent d'ailleurs la faiblesse du dispositif d'attaque et de riposte mis en place par le gouvernement.
«Pourquoi certaines catégories de personnes peuvent-ils circuler librement de la capitale à l'intérieur du pays, alors que c'est Libreville qui est le principal foyer de la maladie», s’interroge Antoine E. N., un agent de banque, exerçant à Oyem.
Question fort pertinente dès lors que l'on ne trouve pas d'unités mobiles qui permettent des tests PCR express et le cas échéant, une mise en quarantaine entre Libreville et les capitales provinciales, par exemple.
Une autre difficulté ici est l'accessibilité aux masques agréés. Outre le fait qu'ils sont extrêmement rares sur le marché, mais en plus, tel que le confirme la loi économique de l'offre et de la demande, ils sont chers. C'est-à-dire point à la porté du premier venu. Alors qu'à Libreville, il est vendu à cent frs l'unité, à Oyem il coûte cinq cent frs. Résultat : les populations se rabattent chez les couturiers de quartiers pour obtenir ledit masque. Mais, peut-il réellement protéger l'individu contre les assauts éventuels du virus? A Oyem, aucune explication n'a, à ce jour, été fournie aux populations à ce sujet.
Le mélange de lassitude, de dépit et d'incompréhension conduit, à Oyem, les uns et les autres à contourner, plus d'une année plus tard, les mesures gouvernementales concernant la Covid-19,vu qu'en outre elles ont aggravé la pauvreté et, qui plus est, sans des mesures d'accompagnement pour les tenants des petits métiers, dans la province du Woleu-Ntem, en particulier.