C’est ce qu’affirme Gabon Review, un site pro-opposition réputé pour sa propension à polémiquer, dans un article publié hier jeudi 1er avril et signé sous pseudonyme (par une plume bien connue du microcosme politico-journalistique). Un article au raisonnement spécieux qui témoigne d’une méconnaissance profonde tant du droit constitutionnel que du fonctionnement des institutions. Rapide explication.
A sa lecture, on aurait pu croire à un poisson d’avril tant le propos parait farfelu.
Dans un article pour le moins baroque, au style cuistre, publié jeudi 1er avril sous le titre « Probable nomination d’un vice-président de la République : Risque de conflit de compétences », le site Gabon Review a cru bon d’affirmer qu’ « en décidant de procéder au remplacement de Pierre-Claver Maganga-Moussavou (à la Vice-Présidence), (le président Ali Bongo Ondimba) a pris le risque de créer un conflit de compétences (avec le coordinateur général des affaires présidentielles) ».
Assertion racoleuse
Une assertion racoleuse qui ne résiste cependant ni à l’analyse du droit constitutionnel, ni à celle du fonctionnement de l’Etat, comme l’indique un professeur en droit de l’UOB, la plus grande université du pays.
« Ce raisonnement est totalement spécieux. Pas plus qu’il ne peut y avoir conflit de compétences entre le président et le CGAP, il ne peut y avoir conflits de compétences entre le vice-président et le CGAP (ou n’importe quel autre collaborateur du chef de l’Etat). Le premier a une fonction politique, de représentation, bordée par la Constitution ; le second est un collaborateur au service du chef de l’Etat dont les missions sont purement techniques, administratives. Tout le reste relève du fantasme », explique l’universitaire.
Confusion entre raisonnement juridique et jugement politique
Et celui-ci de poursuivre : « En réalité, dire que le CGAP est potentiellement en concurrence avec le vice-président, n’est pas un raisonnement juridique. C’est un jugement politique, partisan. Ce que l’auteur de cet ‘article’ sous-entend en réalité, sans oser l’écrire explicitement, c’est que le CGAP dirigerait le pays à la place du président. Ce qui est la thèse classique de l’opposition radicale », analyse avec perspicacité ce professeur de droit.
Une thèse contredite par les faits mais qui constitue le seul espoir pour une opposition gabonaise, divisée et fracturée, sans leader ni idées, que le président Ali Bongo Ondimba a sermonné dans sa récente interview au magazine panafricain Jeune Afrique.
Date de péremption très courte
Selon l’universitaire, ce genre de papier ne vise qu’un objectif : « créer la polémique car tout cela n’a rien de scientifique ». Et de tempérer : « ça agite le microcosme politico-journalistique pendant quelques heures. Puis, on passe à autre chose. La date de péremption de ce genre d’écrits est en réalité très courte », ironise-t-il.
Pour rappel, Gabon Review est un site proche de l’opposition gabonaise. Le propre frère du fondateur de ce média (respectivement Franck et François Ndjimbi) est d’ailleurs membre du collectif Appel à agir qui a échoué il y a deux ans à faire déclarer la vacance du pouvoir présidentiel.