Nous savons tous que la présidentielle c’est dans trente mois, je dis bien trente, pas trois mois. Mais au vu des nombreuses sorties, arrangements et autres appels au ralliement lancés par les uns et les autres, on n’y comprend plus grand chose. La campagne pour cette échéance électorale serait-elle déjà lancée ?
S’agit-il d’une précampagne ? Sinon comment alors comprendre cette mobilisation massive et tous azimuts au sein des Etats-majors politiques?
Des hommes politiques, sans doute, virtuels candidats ou non à cette présidentielle aux multiples inconnues, s’agitent de plus belle.
Il ne se passe plus un seul moment sans qu’on nous bassine les oreilles avec des réunions de tel groupe politique, telle obédience, telle coalition, telle concertation en vue de la présidentielle de 2016.
Dans la majorité dite républicaine et sociale pour l’émergence ou dans l’opposition, la réalité est la même : on se bouscule, on s’agite, on échafaude des stratégies. Les deux camps battent le rappel des troupes. On se demande bien ce qu’il y a dans l’air du temps !
Le pouvoir s’échine à resserrer les rangs de la majorité comme si, pour une éventuelle victoire, elle pouvait compter sur elle.
Comment compter sur une majorité peuplée de gens en rupture de banc avec leurs bases, des personnages qui désormais ne pèsent plus lourd sur l’échiquier électoral.
La plupart de ces greffons de la majorité pèsent à peine le poids de quelques cacahuètes et constituent une véritable coquille vide truffée de gens qui n’ont pour seul militant qu’une poignée de parents et amis et sans plus.
Entre nous, que représente un Guy Christian Mavioga du BDC ou un Paul Mba Abessole du RPG ? Des personnages vomis par le peuple qui n’ont plus que leurs familles comme membres, tellement ils ont multiplié des bourdes les ayant disqualifié et ruiné tout leur crédit en tant qu’acteurs politiques.
De sulfureux personnages qui, désormais l’ombre d’eux-mêmes, ne peuvent même pas réunir une centaine de personnes dans le cadre d’un meeting.
Quel est aujourd’hui leur poids politique ? Une horde d’affamés qu’il faut éloigner, à tout prix, loin, très loin des enjeux électoraux de peur d’attraper la guigne dont ils sont porteurs.
Lors des conseils provinciaux du PDG dans les neuf provinces, certains, forts d’un zèle qui nous rappelle tristement l’ère omarienne, ont cru devoir mettre de côté 10 millions de F CFA en vue de payer la caution du distingué camarade à cette prochaine présidentielle, comme si le moment s’y prêtait.
De vrais nostalgiques qui auraient voulu perpétuer ces pratiques villageoises dans un système politique qui se veut moderne.
Quand Ali Akbar Onanga Yobégué dit ne pas « faire du neuf avec du vieux », ne sont-ce pas ces pratiques rétrogrades qu’il faut extraire de la nouvelle donne politique que Ya Ali entend impulser ?
Du côté de l’opposition, là aussi l’on a affaire à un groupuscule d’individus passés maîtres dans la roublardise.
Des gens capables de tout revirement spectaculaire. Ils ferraillent, dit-on, pour une candidature unique à cette présidentielle.
On voit bien mal un effronté comme Pierre-Claver Maganga Moussavou, un Louis-Gaston Mayila connu pour ses ambitions politiques, un Ogouliguendé, un Eyeghe Ndong, Oyé Mba, Jean Ping, Amoughe Mba, fédérer pour une candidature unique de l’opposition.
Une telle coalition d’opposants pour une candidature unique à la prochaine présidentielle relève simplement de l’utopie.
Ce candidat de l’opposition sera-t-il ‘’bilop’’ ou fang ? Oui, la question a tout son pesant d’or tant les replis identitaires sont encore vivaces au Gabon où le vote est d’abord ethnique sinon clanique. Ne faisons pas semblant d’éclipser cette réalité qui, chez nous, fausse encore les règles du jeu démocratique.
Messieurs les politiques, si vous-vous ennuyez au point que vous avez décidé d’anticiper la campagne présidentielle, autant nous le dire pour ne pas que nous soyons idiots car, à dire vrai, nous avons un mal fou à saisir le bienfondé de toutes vos sorties très remarquées de ces derniers temps. Le tout, dans un contexte social fortement marqué par des crises multiformes. Un contexte social qui se prête moins à de telles effervescences jouissives préélectorales qu’à la réflexion en vue de solutions durables.