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Le Gabon d’Ali Bongo, près de 3 ans après l’AVC de Ryad
Publié le lundi 29 mars 2021  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Cérémonie de présentation de des Voeux de nouvel an des Administrations et Institutions au Président de la République, S.E Ali Bongo Ondimba, par visioconférence
Mardi 05 Janvier 2021. Cérémonie de présentation de des Voeux de nouvel an des Administrations et Institutions au Président de la République, S.E Ali Bongo Ondimba, par visioconférence
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«C’est la première interview qu’il accorde depuis son AVC, en 2018. Son état de santé, la place de son fils Noureddin, la lutte anticorruption, les réformes économiques et les mesures anti-Covid, les relations avec la France… Le chef de l’État (gabonais) se livre, sans tabou», indique le magazine Jeune Afrique en présentation d’une interview d’Ali Bongo, le 16 mars dernier à Libreville. Titre de l’article de 4 pages : « Ali Bongo Ondimba – «De l’énergie, j’en ai à revendre !» Morceaux choisis.

Une fois de plus, la presse étrangère a été préférée à la gabonaise. Pour sa toute première interview depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) à Riyad en octobre 2018, le président gabonais, Ali Bongo, a préféré accorder la primeur au journal du Tunisien Béchir Ben Yahmed. Qu’à cela ne tienne, avec Marwane Ben Yahmed, « envoyé spécial à Libreville », Ali Bongo a abordé, le 16 mars au palais du bord de mer, des sujets forts intéressants : « son état de santé, la place de son fils Noureddin, la lutte anticorruption, les réformes économiques et les mesures anti-Covid, les relations avec la France » ; mais aussi le ménage dans son cercle familial et de travail, la descente aux enfers de Brice Laccruche Alihanga, ex tout-puissant directeur de cabinet, ou l’ascension de son fils aîné, Noureddin.

Forme physique

Le journaliste et directeur du média panafricain assure qu’Ali Bongo, qui a perdu une quarantaine de kilos, a retrouvé une élocution presque normale, même s’il lui arrive de chercher longuement les mots « sur les sujets techniques ». Il a récupéré « sa motricité et l’usage complet de ses membres, notamment de ce côté droit longtemps récalcitrant, bien que sa jambe rechigne encore à lui obéir totalement et qu’il doive se déplacer avec une canne et à son rythme.»

Dédaignant la guerre des clans survenue durant son long combat sanitaire, marqué par de centaines d’heures de rééducation et d’orthophonie, et débouchant nécessairement sur d’une nouvelle hygiène de vie, le président assure que l’idée d’abandonner ses fonctions ne lui a pas traversé l’esprit un seul instant. Il dit être « ressorti de cette épreuve avec la volonté décuplée de faire du Gabon l’un des pays les plus avancés d’Afrique d’ici à dix ans, en matière de formation, de santé ou d’économie verte. »

Noureddin

Contrairement à une idée suffisament ancrée au sein de l’opinion, selon laquelle la première dame, Sylvia Bongo, aurait profité de l’éclipse momentanée ou de la faiblesse sanitaire de son époux de président de la République pour imposer son premier fils dans la plus haute strate décisionnelle du pays, Ali Bongo qui se refuse de commenter ce qu’il qualifie de spéculations et fantasmes, rectifie : « C’est moi qui lui ai demandé́ de venir travailler au service des Gabonaises et des Gabonais. Il a alors, sans hésiter, quitté un travail qu’il aimait et dans lequel il réussissait ». Le président précise également le rôle de son fils dans le cabinet présidentiel : « il m’assiste au quotidien, veille à ce que mes directives soient bien exécutées et en assure le suivi. Il occupe une fonction très technique. » Et d’ajouter : « j’apprécie tout particulièrement sa franchise. Chose très rare dans ce milieu, il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense et à tirer la sonnette d’alarme quand il estime que la voie empruntée n’est pas la bonne.»

Lutte anticorruption : tolérance zéro !

Prenant exemple sur les conclusions des travaux de la task force sur la dette intérieure ayant révélé, que, sur un total de 1 030 milliards de francs CFA de dette intérieure audités, « 623 milliards étaient des dettes fictives, soit un ratio de 62 % », le président de la République a évacué les questions abordant la mise aux arrêts de certaines personnalités dans le cadre des opérations Mamba et Scorpion, notamment l’emprisonnement de son ancien directeur de cabinet Brice Laccruche, pour détournement de fonds publics. Ali Bongo rappelle qu’en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, il ne saurait commenter ou influencer une procédure judiciaire en cours. Et, s’en lavant les mains, il souligne : «si des fautes ont été commises, elles devront être sanctionnées, et cela c’est à la justice de le déterminer. »

Le fils d’Omar Bongo se réjouit de ce qu’en matière de corruption, le dispositif institutionnel du Gabon a été renforcé ces derniers temps, notamment en ce qui concerne la Direction générale des marchés publics et l’Agence nationale d’investigations financières, mais surtout avec la création de l’Autorité nationale de vérification et d’audit

Conséquences des mesures anti-Covid

Le président a également été amené à dresser un bilan, à date, des conséquences de l’épidémie de Coronavirus dans son pays. S’il reconnait que la « vie des Gabonais a été profondément modifiée depuis un an. Ils ont consenti d’énormes sacrifices, et je les en remercie », Ali Bongo estime que les conséquences ont surtout été économiques.

Du fait de la chute de la demande internationale des principaux produits d’exportation du Gabon, de la baisse des cours des produits de base et du ralentissement de certains secteurs d’activités en raison des mesures prises pour freiner l’épidémie, le PIB du pays « s’est contracté d’environ cinq points par rapport à 2019, pour se situer entre –1% et –2% (…) les recettes budgétaires ont baissé d’environ 4 points du PIB par rapport à 2019, et (les) dépenses de 1,5 point ». Le chef de l’État n’en reste pas moins positif : « 2021 devrait être une année de forte reprise. Nous tablons sur une croissance de 4 %. »

Plan d’accélération de la transformation (PAT 2021- 2023)

Ali Bongo indique que l’objectif du Plan d’accélération de la transformation (PAT 2021- 2023) de l’économie gabonaise est « d’avoir trois années pleinement utiles pour notre pays. À terme, notre croissance devra être non seulement plus vigoureuse, mais aussi plus endogène, c’est-à-dire moins dépendante des cours mondiaux des matières premières, davantage créatrices d’emplois ». À titre d’exemple, dans la filière bois, on table sur 30 000 emplois en trois ans. Par ailleurs, l’endettement du Gabon « qui est de 70 % du PIB, devra être ramené sous la barre des 50 %. ». Les clés pour y parvenir ? Une meilleure maitrise des dépenses, l’accélération de la croissance et la restructuration de la dette « par le biais de l’allongement de sa maturité et de la renégociation des taux d’intérêt ».

Le président gabonais se réjouit, par ailleurs, des succès engrangés. Notamment dans la filière bois, ou encore « la gratuité des soins pour les accouchements » pour ce qui est du social, et « la parité ».

Relations avec la France

Amené à dire un mot sur l’évolution des relations avec la France, Ali Bongo reconnait que sous François Hollande les liaisons n’étaient pas bien huilées, du fait de certaines incompréhensions. Mais « Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, elles se sont très nettement améliorées ». Les deux chefs d’État partagent la même « volonté d’avoir des relations bilatérales nourries, apaisées et (…) modernisées. »

Ali Bongo a été amené à aborder bien d’autres aspects de la vie sociale, économique et politique du Gabon. Notamment, son appréciation de l’actuel Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, et son équipe gouvernementale ; la récente réforme constitutionnelle, ou encore la place diplomatique et économique de son pays dans le concert des nations, l’action écologique du Gabon, etc.
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