35,5 millions de FCFA. C’est le montant décaissé à fin juin 2020 par l’exécutif à destination des entreprises et autres PME impactées par la crise sanitaire liée à la Covid-19, dans le cadre de son « plan de résilience ». Insuffisante, voire offensante, cette somme vient pourtant d’être défendue par la ministre en charge de l’Économie et de la Relance Nicole Janine Roboty, qui évoque notamment pour la justifier, le « non-respect par les entreprises, des obligations sociales et fiscales ».
Au détour d’un entretien accordé à nos confrères du quotidien L’Union dans sa parution du mardi 9 mars 2021, il y a une semaine, la ministre de l’Economie et de la Relance, Nicole Janine Lydie Roboty Mbou, est revenue de manière explicite sur l’échec de l’accompagnement promis aux entreprises en difficulté. Évoquant entre autres, le « non-respect des obligations sociales et fiscales », la ministre a ainsi tenté de justifier pourquoi « les dossiers de demande de crédit n’ont pas prospéré ».
En effet, arguant le fait que « les entreprises (concernées) n’étaient pas à jour vis-à-vis de la Caisse nationale de sécurité sociale du Gabon (CNSS), de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) et des Impôts », Nicole Janine Lydie Roboty Mbou a donc minimisé une situation pourtant gravissime. Des explications d’ailleurs abracadabrantes, au regard de la prépondérance du secteur informel au Gabon, qui représente pas moins de 400 milliards de FCFA par an et des milliers d’emplois.
Plus loin dans son entretien d’ailleurs, l’ancienne ministre déléguée, a indiqué que « seules les PME et TPE légalement enregistrées et subissant des pertes de revenus en raison de la pandémie ou encore celles ayant un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 3 milliards de FCFA/an et un effectif inférieur ou égal à 200 personnes, étaient éligibles à ce financement ». Or, au Gabon, force est de constater que très peu d’entreprises disposent à la fois d’un tel effectif ou même d’un tel chiffre d’affaires, en lien avec un climat des affaires trop contraignant.
Contribuant donc à creuser le déficit structurel et à accentuer la fracture sociale, le gouvernement de Rose Christiane Ossouka Raponda, malgré une enveloppe de 225 milliards de FCFA prévue, n’a donc pas su soutenir comme il se doit, l’activité économique, ce qui s’est récemment matérialisé par une détérioration de sa note de crédit et des risques substantiels de défaut de paiement du Gabon. Par ailleurs, dans un pays où l’exécutif a décaissé près de 25 milliards de FCFA en 2019 pour des entreprises en difficulté dont l’inopérante Sogatra, difficile de comprendre comment des entreprises qui font vivre des secteurs et des familles n’ont pu être soutenues.