Après la 2e édition du championnat d’Afrique professionnel de boxe, le 24 mai 2014 à Libreville, où il est venu à bout de son challengeur, Taylor Mabika la Panthère gabonaise revient sur les grands moments de son récent combat devant son public.
Gabonreview : Comment vous vous portez après le combat du 24 mai dernier ?
Taylor Mabika : Je me sens bien dans ma peau, surtout de savoir que j’ai gagné un combat dont la préparation comportait beaucoup de pression. Il ne fallait surtout pas que je perde pas devant mon public.
Ce combat n’était-il pas facile pour vous ?
Aucun combat n’est jamais facile, mais j’ai eu de très bonnes sensations à l’entame des hostilités. J’ai senti, au 3e round, que mon adversaire reculait beaucoup, il était inactif et je l’empêchais de développer ses tactiques et semblait se cantonner dans son champ. Ce qui sous-entendait qu’il y avait une certaine peur quelque part. J’ai donc décidé de foncer et ne rien rater.
À quand votre statut de sportif de haut niveau, au même titre que d’autres comme Anthony Obame ?
Je pense que ce dossier est sur la bonne marche. Car, j’ai eu les certitudes de Mme Nicole Assélé (Secrétaire général du ministère des Sports – ndlr) qui m’a rassuré que ce dossier, sur instruction du ministre des Sports, le tient à cœur et je ne doute pas que les dirigeants puissent faire quelque chose.
Vous avez donc le sentiment du devoir accompli, relativement à la promesse que vous aviez faite au chef de l’Etat lors de votre audience du 3 janvier 2014 ?
Je pense que j’ai fait ma part, parce que c’est le chef de l’Etat lui-même qui avait fixé la date du 24 mai 2014 et le président de la Fegaboxe et son équipe l’ont respecté, moi aussi en obtenant une double ceinture.
Comment faire pour que le Gabon fabrique d’autres Taylor Mabika et quels conseils pouvez-vous prodiguer aux jeunes boxeurs gabonais ?
Ouf ! C’est une grande question que vous me posez, d’autant plus que, je ne dois pas perdre de vue d’où je viens. Ce n’est pas parce que je partage aujourd’hui trois repas par jour, avec un certain train de vie, que je dois ignorer mes débuts très laborieux : que je vais faire du footing ou m’entrainer dans la salle de boxe en sachant que je dois consommer l’eau du robinet, faute d’une bouteille d’eau minérale comme maintenant ; que je n’aurai rien à mettre sous la dent, et il faudra chercher à repartir aux entrainements le lendemain avec des parents qui ne voient pas clair dans votre pratique du sport et parfois certains qui vous découragent à la limite. Comment peut-on devenir des Mabika Taylor dans ces conditions-là, sans de véritables infrastructures sportives. On les compte du bout des doigts, les clubs de boxe bien structurés au Gabon. C’est vraiment difficile. Mais je ne décourage personne, j’essaye de vous peindre un peu nos réalités locales.
Aujourd’hui, je suis reçu par le président de la République, plusieurs ministres m’appellent pour aller leur présenter officiellement la ceinture, mais il ya dix ans, que je ne pouvais même pas rêver d’un tel scénario. Moi, fils issu de nulle part, atteindre cette dimension ; mais seul le travail paye. Vous ne pouvez pas devenir champion un jour si vous voulez tout avoir maintenant : les bistrots, les boites de nuit, les femmes et les autres passions de la vie. Il faut se comprimer.
Aujourd’hui, je suis installé en France certes, mais beaucoup ignorent que les Européens n’acceptent pas les paresseux. J’ai du travailler durement pour être ce que je suis et ça n’a pas été facile. Voila pourquoi, je dis que je suis mal placé pour donner des conseils à mes frères qui sont restés au pays pour pratiquer la boxe. Qu’ils tiennent bon car Dieu n’oublie personne. Un jour, ils arriveront, peut être pas avec le même parcours que moi car chacun est unique dans ce monde. Je les exhorte à tenir le bon bout et à faire avec ce que les décideurs offrent comme moyens. Ça ira.
Des chantiers en perspective ?
Nous allons nous préparer pour le championnat du monde qui pourrait se tenir à Libreville. A ce titre, j’ai vraiment besoin des contributions de tout le monde parce que la préparation d’une telle épreuve demande énormément de temps et de moyens.