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Taxi, peut-on encore se déplacer à moins de 500 francs CFA à Libreville ?
Publié le jeudi 5 juin 2014   |  Gabon Review


Négociation
© Autre presse
Négociation du tarif du trajet taxi à Libreville


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Pendant que Daniel Ona Ondo et son équipe semblent se démener à améliorer les conditions de vie des Gabonais à travers les stratégies du «Pacte social» proposé par le président Ali Bongo Ondimba, la population de Libreville et celles des communes voisines subissent l’arrogance des transporteurs en commun qui se sentent libres de pratiquer des tarifs au détriment du portefeuille des passagers.

En plus de rechigner devant les rayons des alimentations générales qui ont snobé depuis longtemps la mesure visant à baisser les prix de certains produits de première nécessité, la population économiquement faible de la capitale gabonaise doit apprendre à user de ses pieds pour se déplacer, même sur 2 km, au risque de se retrouver soumis au dicta des transporteurs en commun.

Même si le phénomène n’est pas nouveau à Libreville et dans certaines autres communes de la province de l’Estuaire, il n’en demeure pas moins qu’il devient insupportable pour les ménages gabonais qui n’ont plus d’autres choix que de se plier à ce qui devient une norme «irrévocable» au risque de toujours se présenter en retard à ses occupations. En effet, depuis un certain moment, nonobstant le prix du carburant qui n’a connu aucune augmentation sur le territoire national, les usagers des transports en commun sont obligés de débourser des sommes allant de 300 à 500 francs CFA pour des distances d’1 km, qui, par le passé, étaient facturées à 100 francs CFA pour les véhicules communément appelés «petit-taxis», par opposition au taxi-bus.

Des taximen qui rusent et s’en défendent

Selon Ismaël, un conducteur de taxi à Libreville, plusieurs facteurs permettent d’expliquer cet état de choses qui, selon lui, n’affecte pas seulement les usagers mais aussi les transporteurs. «Il est vrai que le prix du carburant à la pompe n’a pas augmenté. Mais le carburant n’est pas le seul élément qui permet de déterminer le prix sur un trajet. Soyons sincères entre nous et ne nous livrons pas à un simple procès contre les conducteurs que nous sommes. Mettez-vous dans la peau du chauffeur de taxi», a t-il déclaré avant de livrer ce qui, selon les taximen, justifier l’escalade de leur tarification.

«Avant on disait qu’il n’y avait pas de route, aujourd’hui, elles pas grand chose n’a changé et elles ne sont plus praticables. Les seules qui tiennent encore sont les mêmes qui reçoivent la majorité des véhicules. Les Gabonais s’offrent de plus en plus leurs propres moyens de locomotion, du coup ce sont des embouteillages à longueur de journée et sur toutes les artères possibles mêmes celles qui par le passé pouvaient se vanter de ne pas connaître ce phénomène. Les voies secondaires sont de plus en plus sollicitées par les conducteurs», a expliqué Ismaël avant de poursuivre «s’il faut que nous conducteurs passions 15 minutes pour aller du rond point de la Cité de la démocratie aux Affaires étrangères à cause du bouchon de l’hôtel de ville et de Mbolo à quel moment allons-nous réaliser nos bénéfices ? Nous sommes des commerçants, nous ne pouvons pas rouler à perte, car il y a le carburant à payer, la visite technique à faire et nos amis policiers à mouiller, c’est trop pour nous demander de continuer à transporter les gens à 100 francs CFA».

Responsabilité de la puissance publique

La puissance publique a donc sa part de responsabilité dans cette situation. Des routes sont découpées en vue d’être réparées puis sont abandonnées aux intempéries qui viennent les raviner et finir par les détruire, dans l’indifférence totale, comme sur l’axe Ancienne Sobraga-Boulevard Triomphal. Des chantiers routiers sont ouverts qui progressent à vitesse d’escargot, à l’instar de l’axe Glass-Lalala, tandis que des feux de signalisation absurdes sont érigés qui viennent compliquer la situation, à l’instar de ceux étalés sur l’axe Nombakélé-STFO, en passant par le Sporting, la Poste d’Akébé et La Peyrie.

Pour s’amuser, un bref décompte, de mémoire, avec un taximan a permis de dénombrer pas moins de 32 tronçons de voiries de Libreville ayant des embouteillages permanents. Toutes choses qui viennent confirmer l’argument embouteillages brandi par les taximen, même ceux des taxi-bus qui ont saucissonné il y a bien longtemps leur trajet, portant le trajet Gare-routière-Melen, à 200 francs il n’y a pas si longtemps, à 400 francs.

Précarité, vous avez dit précarité ?

De quoi s’interroger sur la place qu’occupe la problématique des tarifications dans le secteur des transports en commun dans le «pacte social». Car, se déplacer à Libreville devient un casse-tête chinois et participe au maintien de la population dans la précarité. Il faudra, à un salarié du privé qui dépense un budget journalier évalué à 5000 francs CFA pour le transport, dépenser au minimum 130.000 francs CFA/mois pour le déplacement. Avec un salaire de 250.000 francs CFA/mois, 4 personnes à charge et un loyer de 100.000 francs CFA, il ne lui reste que 20000 francs CFA pour se nourrir. Précarité, vous avez dit précarité ?

Au regard de ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes et qui n’est guerre pour faciliter le quotidien de la population, le Gabonais lambda se sent irrité face à l’indifférence et au silence, comme complice, des autorités compétentes et des syndicats des transporteurs terrestres et urbains. Comment réaliser que «dans un état de droit comme le Gabon», ainsi qu’aimait à le répéter Faustin Boukoubi et Jean-François Ndongou, les taximen et les chargeurs décident unilatéralement d’augmenter à leur guise les montants tarifaires des trajets urbains sans risque d’être inquiété ni rappelé à l’ordre?

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