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Le PDG, 53 ans plus loin : À l’heure du bilan
Publié le jeudi 11 mars 2021  |  Gabon Review
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Le 12 mars peut être propice à une évaluation de l’action du Parti démocratique gabonais (PDG), chacun ayant la possibilité de se poser la question des valeurs.

Comme l’année dernière, et contrairement à une tradition bien ancrée, l’événement pourrait passer inaperçu. Ce 12 mars, le Parti démocratique gabonais (PDG) fête ses 53 ans. Au-delà des probables festivités, au-delà des discours, le moment peut être propice à une évaluation de son action. L’heure doit être au bilan. En responsabilité, chacun pourra faire son examen de conscience. En conscience, chacun pourra s’interroger. Avec recul, chacun pourra regarder autour de lui et se faire une idée de l’état du pays. En particulier, chacun pourra apprécier les avancées ou reculs sur le plan politique et institutionnel. Le Gabon est-il organisé selon les « principes de la démocratie pluraliste, de la justice sociale et de la légalité républicaine » ? Dirigeants et militants du PDG auraient grand tort de ne pas se poser cette question.

Liquidation des acquis de la Conférence nationale

Né en situation de responsabilité, le PDG tient toutes les institutions. Depuis plus d’un demi-siècle, il jouit d’un pouvoir sans partage. D’un scrutin à l’autre, il reste dominateur, au Parlement comme dans les collectivités locales. Nominations après nominations, il place ses militants au gouvernement, à la tête des établissements publics et dans la haute administration. D’année en année, il garde la haute main sur la justice. De la présidence de la République à l’autorité judiciaire en passant par la Primature, l’Assemblée nationale, le Sénat et les directions générales, tout est sous son contrôle. Même les mairies et conseils départementaux n’échappent pas cette règle. Quant à l’inénarrable Cour constitutionnelle, elle agit comme si elle était « le bureau politique du PDG », donnant de la pertinence à la sentence de Pierre-Louis Agondjo-Okawé. A l’opposé de ce « modèle de démocratie et de développement » annoncé en juin 1996 par l’étude ’’Gabon 2025’’, ce Gabon impotent est l’œuvre du PDG.

Le dernier quart de siècle aura été marqué par la liquidation des acquis de la Conférence nationale. Entre 1994 et aujourd’hui, la Constitution a été modifiée huit fois. En mars 1994, le Sénat fut créé. Y furent casés, tous les vieux baroudeurs de la politique. En septembre 1995, il s’agissait de permettre la ratification des Accords de Paris. En avril 1997, les modifications essentielles portaient sur deux points : d’une part, la suppression du quinquennat et la restauration du septennat ; d’autre part, la création du vice-président de la République, défini en son temps par Pierre Mamboundou comme un ’’factotum’’. En août 2003, la limitation du nombre de mandats présidentiels et l’élection à deux tours furent supprimés. Les zélotes vantaient alors une réduction des dépenses publiques. En janvier 2011, les critères d’éligibilité à la présidence de la République furent modifiés afin d’en exclure les Gabonais ne résidant pas sur le territoire national depuis 12 mois, et ceux bénéficiant d’une double nationalité ou ayant assumé des responsabilités à l’étranger. En janvier 2018, le président de la République devenait le seul et unique détenteur du pouvoir exécutif. En décembre 2020, le mécanisme d’intérim était totalement refondu. Dans le même temps, le président de la République s’attribuait le droit de nommer des sénateurs.

Incapacité à se conformer aux exigences de la démocratie

Du fait de ces bricolages, notre régime institutionnel semble inclassable. Régulièrement invitée à trancher, la Cour constitutionnelle voit des lacunes là où d’autres auraient parlé de doutes, s’autorisant à tout réécrire. Contrairement à une idée reçue, cette désorganisation institutionnelle n’atteste pas d’une dextérité politique. Elle est plutôt la conséquence d’une incapacité à se conformer aux exigences de la démocratie. Comme la plupart des anciens partis-États, le PDG croit évoluer sous un régime à parti unique. Enivré par le pouvoir absolu, il ne fait aucun distinguo entre ses organes et l’appareil d’État. Prisonnier des ambiguïtés du passé, il traite les institutions de la République comme des organismes spécialisés, les appelant au secours à la moindre difficulté. Pour le parti d’Ali Bongo, ces collusions institutionnelles relèvent de la normalité. « Le pays est géré. C’est le pouvoir », aiment à clamer ses militants.

Par cette accumulation de manquements au droit, à l’éthique démocratique et aux fondamentaux de la République, le PDG crée les conditions d’une faillite de l’État. De tout cela, ce parti devrait se souvenir. Au lieu de se contenter de festoyer ou de s’auto-congratuler en ce 12-mars, il gagnerait à faire son introspection. Il ferait œuvre utile en interrogeant sa responsabilité devant l’histoire. Quelle perspective offre-t-il aux jeunes générations ? Voilà le débat de fond. Sauf s’il n’a jamais cru en une communauté de destin, il doit se poser la question des valeurs. Pour l’heure, sa pratique politique paraît bien éloignée de sa devise : « dialogue-tolérance-paix ».
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