Dans une lettre adressée le 2 mars au mandataire de la famille de Fabien Méré, le ministère de l’Intérieur interdisait l’hommage à ce disparu aussi bien au Palais de justice de Libreville qu’à la Foire municipale de Port-Gentil, pour respecter les mesures anti-covid. En réponse, Guy Nang-Bekale, un compagnon d’armes de l’avocat, a exprimé au ministre de l’Intérieur son étonnement, tout en plaidant pour la tenue de la cérémonie d’hommage au Palais de justice de Libreville.
Décédé en France, maître Fabien Méré ne recevra pas au Gabon des hommages dus à son rang. Si les instructions du ministère de l’Intérieur sont claires à ce sujet, dans l’opinion, ça passe mal. «Vous autorisez les cérémonies aux domiciles de Libreville et Port-Gentil, tandis que celles prévues au Palais de Justice de Libreville et à la Foire de Port-Gentil sont proscrites», s’est étonné un compagnon d’armes de Fabien Méré, Guy Nang-Bekale.
Actuellement connu comme chroniqueur et analyste politique au journal Le Mbandja, Guy Nang-Bekale est Dr d’Etat en Sciences Politiques, expert-consultant dans les domaines économique, politique et institutionnel, professeur de science politique, ancien conseiller de plusieurs ministres (du Plan, du Commerce, etc.) et ancien conseiller personnel du président de la République gabonaise (Omar Bongo).
Si le ministère de l’Intérieur assure que sa décision est motivée par le respect des mesures anti-covid dont la limitation des rassemblements, Guy Nang-Bekale n’est pas du tout de cet avis. «J’avais cru comprendre que le gouvernement avait limité le nombre des participants suivant les lieux et les types de rassemblements et non celui des rassemblements» a-t-il écrit au ministère de l’Intérieur, rappelant que Fabien Méré «était un homme public, un haut cadre et un ancien ministre de la République» et digne de recevoir les hommages publics dus à son rang.
«Comment ne pas souffrir et réagir en cette occurrence en constatant que le gouvernement de son pays ne crée pas les conditions idoines pour que ses funérailles soient en adéquation avec l’importance qu’il avait au Gabon», s’est offusqué l’homme qui juge «incompréhensible voire aberrant que maître Méré, avocat de profession, ne puisse pas recevoir les ultimes honneurs et vœux de ses pairs du barreau». Ce dernier souligne que la pratique corporatiste établie consiste à organiser une cérémonie officielle et publique au cours de laquelle les collègues rendent un dernier hommage au défunt. «Votre gouvernement a fait le choix de priver maître Fabien Méré de cet émouvant rituel qui se fait en plein jour et qui est différent des veillées familiales nocturnes que pourtant vous accordez», a-t-il regretté.
Guy Nang-Bekale estime qu’en qualité de ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha aurait pu convaincre le chef du gouvernement et ses collègues ministres en leur rappelant que les règles ont parfois des exceptions. L’exception n’a-t-elle pas été de rigueur lors de l’hommage rendu au doyen des juges constitutionnels décédé en pleine seconde vague de la pandémie de Covid-19 ? Par ailleurs, «en quoi les rassemblements où l’on voit les personnalités politiques en fête au milieu des foules ou ceux des populations en masses compactes dans les marchés de Libreville seraient-ils plus respectueux des mesures gouvernementales que les rassemblements qui se formeraient dans la grande salle d’un immeuble ou sur le parvis d’une foire ?» a-t-il soutenu, plaidant pour l’autorisation de la tenue de la cérémonie du Palais de justice de Libreville.