L’instauration du paiement du test Covid a fait couler beaucoup d’encre, de salive et même du sang. Si le gouvernement s’est rétracté en annonçant la gratuité de ce test, où sont passés les 500 milliards de francs CFA reçus des partenaires internationaux pour soutenir cette lutte dans le pays, questionne TLP.
Les populations gabonaises sont désormais les victimes de la gestion scabreuse et sans cœur de la lutte contre le Covid-19, estime le mouvement Tournons la page (TLP), qui s’interroge sur la destination prise par les 500 milliards de francs CFA reçus des partenaires internationaux pour lutter contre cette pandémie dans le pays. Si le Premier ministre a annoncé le 19 février le retour à la gratuité des tests, TLP estime que ce premier pas dans la bonne direction est insuffisant. Où sont les masques gratuits? Pourquoi les hôpitaux n’ont pas été équipés en matériel de réanimation ?
Pour TLP, le nouveau dispositif de lutte contre le Covid-19 étrangle plus les populations que le virus. En effet, entre interdiction de rassemblements, sortie des cours au plus tard à 15h et couvre-feu à 18h, la section gabonaise de TLP estime que «les citoyens étouffent pendant que les entreprises meurent ou à l’agonie licencient à tour de bras». La coalition décrit un quotidien difficile devenu insurmontable pour les Gabonais. Faute de voies de désengorgement, rentrer chez soi devient un véritable chemin de croix, «avec au ventre la peur des exactions des forces de défense et de sécurité devenues les bourreaux des citoyens». «Les scènes d’humiliation, de torture, de racket sont banalisées, généralisées et légitimées au nom de la lutte contre la Covid-19», s’indigne la coalition dans un communiqué signé de Marc ONA Essangui et Nathalie Zemo-Efoua, respectivement président et coordinatrice de TLP Gabon.
Haro sur les pratiques qui tuent
Alors que les petites entreprises et le secteur informel restent les principaux pourvoyeurs d’emplois et de revenus, TLP ne comprend pas l’interdiction du commerce de la friperie, la réduction des horaires de travail et la présentation d’un test Covid aussi bien dans les restaurants que dans les lieux de culte. «Que font le maire central, le ministre de la Défense et le ministre de la Santé dans les marchés et les lieux de culte ? Est-ce là que la sécurité nationale est désormais menacée ?», s’interroge la coalition qui se demande tout aussi si la restriction de l’espace public est la réponse à la crise sanitaire et à l’insalubrité. «Lassé d’être ainsi paupérisé et humilié, le peuple grogne» a rappelé la coalition, faisant allusion à la « Révolution des casseroles » débutée le mercredi 17 février, et qui se tient chaque soir à 20h. TLP assure que c’est l’«expression pacifique d’une population qui ne sait plus comment faire entendre sa souffrance et son désespoir».
Regrettant les deux morts du 18 février, TLP qui a encore en mémoire les événements postélectoraux de 2016, assure qu’«encore une fois, on pourra s’attendre à la loi de l’omerta». «Des mesures aussi excessives sont-elles réellement justifiées pour 80 morts en une année et dans un pays où la proportion des personnes âgées est insignifiante en comparaison à celle de la France dont s’inspire béatement l’Exécutif gabonais pour gérer cette crise sanitaire ?» a questionné la coalition, certaine de ce que le résultat de cet état de fait sera «le rallongement de la dette indigne pour financer un fantasme de dictature qui assurément se précise chaque jour».