Ces derniers mois au sein de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), plusieurs salariés craignent de devoir payer trop cher les logements qui leur ont été promis dans le cadre du projet Iguiri à Port-Gentil. Certains accusent les responsables, dont le directeur général adjoint, d’avoir surfacturé les prestations des différentes entreprises intervenant dans le projet, comme pour bénéficier de rétrocommissions.
Censé permettre aux salariés de se loger au tarif «social», le projet Iguiri pourrait bien coûter beaucoup plus cher à la Sogara que cela n’avait été présenté il y a quelques années. Lors de la présentation dudit projet, la Société avait planché sur une enveloppe globale de 6 milliards de francs CFA. Selon des sources au sein de cette structure parapublique, le complexe immobilier devrait en réalité coûter entre 8 et 9 milliards de FCFA.
Seulement, en proie à d’importantes difficultés financières depuis quelques années au point que le gouvernement ait songé un temps à la faire absorber par la Gabon Oil Company (GOC) avant de se raviser en 2020 et de la réhabiliter, la Sogara ne peut plus se permettre une telle dépense, à moins de s’endetter auprès des établissements bancaires de la place. C’est d’ailleurs l’option que la direction générale aurait choisie, du moins le directeur général adjoint, Christian Avaro Yeno qui, selon des indiscrétions, aurait contracté un crédit auprès d’Ecobank, sans attendre l’approbation du comité de direction. Un crédit qui aurait nécessité, selon des sources internes de Sogara, le dépôt d’une garantie de 4 milliards de FCFA dans cette banque où le DGA aurait des amitiés.
Marchés publics et rétrocommissions
Le DGA dont le chef hiérarchique, le directeur général, vivrait à Libreville plutôt qu’à Port-Gentil n’aurait pas tenu compte de la loi en termes d’attribution des marchés publics. Pour la réalisation du projet Iguiri, il aurait également joué sur ses relations. Les différentes entreprises intervenant dans ledit projet n’auraient, dit-on, répondu à aucun appel d’offres lancé par la Sogara. Elles auraient toutes acquis leur marché via la procédure du gré à gré. Certains au sein de la société de raffinage n’ont d’ailleurs pas manqué de s’étonner de la célérité avec laquelle ces entreprises ont commencé à percevoir leur argent.
Ayant réalisé les plans du complexe immobilier, le cabinet BLM Architecture a été payé en totalité au bout de quelques mois, soit 555 822 226 FCFA. Il en a été de même pour le Cabinet Concilium (assistance juridique) et la société AFCO (contrôle technique) qui ont respectivement touché 68 508 288 FCFA et 127 240 000 FCFA pour leurs différentes prestations. À la Sogara, nombreux s’imaginent dès lors que Christian Avaro Yeno tire personnellement profit de cette rapide mise à disposition des fonds auxdites entreprises. Ils le soupçonnent notamment de percevoir des rétrocommissions, donc de s’enrichir sur le dos de la Société dont les comptes sont négatifs depuis trois ans au moins.
Par ailleurs, dans les couloirs de la Sogara les murmures vont bon train faisant état d’une augmentation, en une année, du salaire du DGA, de 100%. «Passé de 6 à 12 millions de francs CFA par mois, l’augmentation n’est nullement assise sur son contrat de travail, ni motivée par une décision du conseil d’administration mais émane plutôt d’une étourderie, d’une manipulation du service de rémunération dont il est le directeur.», confie une source interne. Et de rappeler que la société de raffinage a enregistré 38 milliards de francs CFA de perte en 2017, tandis qu’en 2018, le résultat comptable présentait une perte de 28 milliards. À suivre.