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Suite aux vidéos de lycéens dansant le Twerk : Ni émotion, ni autoritarisme
Publié le lundi 1 fevrier 2021  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Scandale des lycéens dansant le Twerk : À chacun sa part de responsabilité
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La logique judiciaire met entre parenthèses deux principes intangibles de la Convention internationale sur les droits des mineurs : l’intérêt supérieur de l’enfant et le droit à l’éducation. Or, il faut se garder du laxisme observé il y a deux ans, au plus fort des scandales aux lycées Sainte-Marie et Awassi.

Suite à la diffusion d’images de lycéens, dansant le Twerk, exhibant leurs seins et bougeant des fesses, l’opinion a été gagnée par une sorte de surenchère moralisatrice. Des jeunes filles ont été présentées au procureur. D’autres ont été exclues «à titre conservatoire», en attendant la tenue des conseils de discipline. Dans la foulée, deux établissements ont été fermés. On aurait aimé voir les pouvoirs publics faire montre d’autant de fermeté en des circonstances autrement plus préoccupantes. Il y a moins de deux ans, au lycée Sainte-Marie de Libreville, une adolescente de 16 ans, inscrite en classe de 3e proposait à des mineures de 10 ans, alors en classe de 6e, d’offrir leur virginité à un adulte contre la somme de 1,2 million de francs CFA et un téléphone. Dans la même période, des responsables du lycée Awassi étaient accusés d’entretenir un réseau de prostitution. Malgré leur gravité, ces affaires bénéficièrent d’un traitement à la limite du laxisme.

Concilier les différentes fonctions de l’école

Attentatoires aux bonnes mœurs, ces affaires sont le symptôme d’une faillite morale. Révélatrices d’une culture du «deux poids, deux mesures», elles incitent à reconsidérer les événements de ces derniers jours. Comme l’ensemble de la société, le ministre de l’Education nationale gagnerait à s’en souvenir. S’il espère amener les parents à assumer leur part de responsabilité, il doit se garder de sombrer dans l’émotion. S’il entend retisser le lien de confiance avec les élèves, il doit éviter de céder aux sirènes l’autoritarisme. Surtout, il doit refuser de laisser prospérer la logique judiciaire. Autrement, il ramerait à contre-courant de deux principes-fondateurs des droits des mineurs : le droit à l’éducation et l’intérêt supérieur de l’enfant.

Pour faire face à la situation actuelle, et prévenir les risques de récidive, il serait plus opportun de chercher à concilier les différentes fonctions de l’école. Aide-t-elle à forger la liberté de conscience et l’esprit critique ? Contribue-t-elle au développement de la personnalité de chaque enfant ? Cherche-t-elle à gommer les particularismes au bénéfice de l’idée d’appartenance nationale ? Prépare-t-elle à acquérir un métier et, si possible, à faire carrière ? Allie-t-elle les savoirs au savoir-être et au savoir-faire ? Pour aborder ces questions, il faut évaluer la mise en œuvre des recommandations des grand-messes passées, notamment les états généraux de 2010. Au lendemain des scandales du lycée Sainte-Marie ou du collège Awassi, personne n’avait songé à engager un tel exercice. Faut-il s’y résoudre, enfin ? Certainement.

Rompre avec l’approche dirigiste et autoritaire

Ne pas céder à la dictature de l’émotion c’est aussi entamer une réflexion de fond sur le rôle et la place de l’école. Un peu de plus de deux ans en arrière, l’actuel ministre de l’Education nationale conduisait une task force dédiée. «C’est le moment d’agir car demain il sera trop tard», lançait alors Patrick Mouguiama-Daouda. «Il est grand temps d’enrayer ce cycle infernal, de prendre nos responsabilités et d’agir», martelait, pour sa part, Ali Bongo, ajoutant : «L’éducation doit servir à former les futurs agents économiques, mais également les citoyens de notre pays. Elle doit donc former à la fois aux savoir-faire, mais également au savoir être.» Peu importent les voies, les derniers développements les condamnent à donner une suite à ces tirades. Comme dirait le président de la République lui-même : «Notre éducation nationale (est) à reformer, à repenser, à relever.»

Faisant suite à la Déclaration d’Incheon, le Cadre d’action pour la mise en œuvre de l’objectif du développement durable 4 suggère quelques options y relatives. Porté par l’Organisation des Nations-unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), il propose une nouvelle forme de gouvernance, alliage de responsabilisation et de partenariat. En amont comme en aval du processus, il recommande une plus grande implication de la société civile, des professionnels de l’enseignement, du monde scientifique et même du secteur privé. Bien entendu, il encourage à faire des apprenants des partenaires à part entière. En d’autres termes, il invite les Etats à rompre avec l’approche dirigiste et autoritaire pour parvenir une véritable démocratisation du processus décisionnel. Traiter les questions au fond signifie aussi quitter une zone de confort pour initier des réformes courageuses.
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