C’est l’une des principales dispositions à retenir de l’ensemble des nouvelles mesures prises par le gouvernement ce samedi 23 janvier 2021 à l’issue de sa conférence de presse sur la situation épidémiologique. Des amendes « coercitives » allant de 25 000 à 200 000 FCFA pour non–port du masque dans un pays où se côtoient chômage massif des jeunes, des moins jeunes, et grande pauvreté, jusqu’à 5 millions de FCFA pour non–respect de la mesure de rassemblements et jusqu’à 10 millions de FCFA pour non–respect de la limitation du nombre de personnes et des protocoles sanitaires.
A compter de ce lundi 25 janvier 2021, de nouvelles mesures visant à juguler la propagation de la pandémie de Covid-19 vont être mises en œuvre. Allant de la mise en place de check-points, au retour du couvre feu à 20 heures, en passant par l’obligation du port du masque dans tous les espaces publics et dans les véhicules, ces nouvelles mesures prises par le gouvernement semblent à certains égards irrationnelles, d’autant qu’il n’existe à ce jour, aucune réelle mesure d’accompagnement.
En effet, si elles ont été prises face au relâchement observé ces dernières semaines, ayant provoqué une recrudescence de cas de contamination, ces mesures semblent ne pas correspondre à la volonté de « pédagogie » souhaitée par le chef de l’Etat. Et pour cause, à l’analyse des sanctions pécuniaires qui pourraient être prises à l’encontre des personnes qui violeront l’obligation du port du masque dans l’espace publique, il en ressort que le gouvernement semble se confondre dans l’absurde.
Il faut dire que dans un pays qui compte plus de 70% de jeunes dans sa population, dont les ¾ sont au chômage, ces amendes allant de de 25 000 à 200 000 FCFA pour non-port du masque, apparaissent abusives. Et ce, d’autant plus que le gouvernement peine à démocratiser la distribution de masques à l’ensemble de sa population, en dépit de nombreux dons et de nombreux financements reçus dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Irrationnelles donc, mais également prohibitives dans un pays où plus de 600 000 personnes vivent avec moins de 1000 FCFA par jour, ces amendes semblent pour l’heure totalement déconnectées de la réalité, malgré leur caractère coercitif. Par ailleurs, dans un pays où la Police demeure l’institution la plus corrompue comme le révélait le rapport conjoint de Transparency International et Afrobarometer, cette initiative pourrait exacerber un phénomène qui gangrène le pays depuis trop longtemps déjà.