Après la mort d’un casque bleu gabonais lundi, le risque est grand de voir tomber d’autres soldats du contingent qui manquent notamment de véhicules blindés pour échapper aux embuscades. Une source militaire sur place raconte l’enfer du contingent monté au front après une longue période de réserve.
En position de réservistes depuis leur arrivée à Bangui pour certains depuis décembre 2019, d’autres décembre 2020, le contingent gabonais est sorti de ses missions de routine pour aller au front, hors de la capitale centrafricaine, cernées par 14 groupes rebelles. Ces groupes coalisés ont attaqué Bangui le Mercredi 13 janvier, pour la première fois depuis le début de leur offensive visant à empêcher la réélection de Faustin-Archange Touadéra, élu pour un deuxième mandat le 4 janvier.
Pour empêcher ces offensives et les avancées rebelles, le contingent gabonais déployé dans la Basse-Kotto a installé son quartier général à Alindao à 498 Km à l’est de Bangui. La troupe a aussi des hommes à Mobaye, le chef-lieu de la préfecture de Basse-Kotto et à Pombolo, la préfecture du Mbomou, le fief des combattants de l’UPC (l'Unité pour la paix en Centrafrique) et des Anti-Balaka dont le chef-lieu Bangassou situé 734 km à l'est de Bangui par la route nationale RN2 a été repris par les forces onusiennes il y a quelques jours.
C’est à 17 km de là que le fusilier de la Marine nationale gabonaise, le maître major Franck Donald Mboundou Moussounda a succombé à une balle prise dans le ventre, lors d’une embuscade des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), proches de l’ancien président François Bozizé.
« Il était tireur et donc le seul debout devant la pièce d’artillerie et nous assis dans le pick-up. Nous étions en train d’aller porter main-forte aux Marocains en difficulté au front. La balle du sniper est entrée juste en dessous du gilet pare-balle) », raconte une source militaire sur place qui réconforté par le nombre de rebelles tombés sous les balles du maître major. 17 au total.
Selon un analyste spécialiste de géostratégie, le manque de véhicules blindés est à l’origine de ce genre de drames. « Sans ces engins, les éléments gabonais sont exposés dans cette guerre de guérilla et donc d’embuscade qu’imposent les rebelles qui ne peuvent combattre à armes égales », explique-t-il indiquant que les pick-up Toyota AJ75 utilisés par les forces onusiennes en Centrafrique sont de très bon véhicules, mais sont plus adaptés à la zone Sahélo-saharienne.
Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, retransmettant une scène de fusillade en pleine brousse, montre la vulnérabilité des troupes en pick-up dans ces zones de forêts.
De passage à Bangui en octobre, le ministre de la Défense, Michael Moussa Adamo, avait promis l’envoi des blindés. Mais trois mois après, le contingent gabonais manque toujours de ces véhicules adaptés à ces zones forestières où l’ennemie est souvent embusqué.
Pendant ce temps, à Pombolo et Mobaye, la vie y est spartiate, voire précaire pour les soldats qui ont quitté le léger mieux de Bangui. Fini les livraisons quotidiennes d’eau minérale de la force onusienne. Les vaillants soldats sont obligés de boire l’eau des rivières et d’y prendre leur bain. C’est la dure réalité de la guerre !
Les forages d’eau sont souvent vides et il faut attendre des missions de longue durée pour recevoir 2 litres d’eau minérale. Formés à la dure, les éléments des Forces armées gabonaises tiennent bon, même s’ils dorment mal et se plaignent aussi de la gamelle ! «Nous ne mangeons pas bien !», lance ce soldat en mission depuis 14 mois. Pour lui, le seul espoir de sortir de cet enfer est l’arrivée des blindés ou la fin de la mission. Cependant, La fermeture des routes qui mènent à Bangui par les rebelles ne devrait pas faciliter l’envoi d’un convoi, ni le retour au pays. A moins d'utiliser la voie aérienne…