PolitiqueGabon : Le discours complet prononcé par Rose Christiane Ossouka Raponda en ouverture du séminaire gouvernemental sur la transformation radicale de l’économie
Publié le mardi 19 janvier 2021 | LaLibreville.com
Depuis ce lundi et jusqu’à demain, mardi, le premier ministre gabonais dirige un important séminaire gouvernemental. Ouvert par le président Ali Bongo Ondimba, celui vise à transformer en profondeur l’économie gabonaise. Libreville entend tirer au plus vite les leçons de la crise du Covid-19 et rendre son économie plus résistance aux chocs extérieurs, sa croissance plus vigoureuse et endogène. Voici le discours prononcé à cette occasion par Rose Christiane Ossouka Raponda. Le chef du gouvernement dresse un constat lucide de l’état du pays et esquisse des pistes de réforme particulièrement ambitieuses.
« (…) Je souhaite remercier tout d’abord Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, pour l’occasion qu’il nous offre ce lundi 18 janvier et demain mardi 19 janvier 2021, de faire un point sur le chemin parcouru récemment dans le cadre de notre action gouvernementale, de réfléchir à notre situation présente et de prendre le temps de se projeter sur les trois prochaines années.
Depuis maintenant plusieurs mois, mon Gouvernement travaille au nouveau cadre de
programmation des politiques publiques sur la période 2021 – 2023. Cela a commencé par les réunions de cabinet que j’ai organisées avec tous les départements ministériels et tous les acteurs stratégiques de l’action publique. Un bilan de la situation a pu ainsi être tiré avec eux, ainsi qu’une compréhension actualisée des défis qui se posent à nous, et des actions prioritaires pour y répondre.
Le ministère de l’Economie et de la Relance a également travaillé à un bilan de la situation macroéconomique et de notre portefeuille d’investissements publics et privés pour améliorer la compétitivité de nos filières économiques.
Ce travail s’est inscrit en cohérence avec les orientations du Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE), pour faire le point sur où nous nous situons dans la réalisation de nos objectifs, quels éléments nouveaux nous ont éventuellement fait dévier de notre trajectoire, et que devons nous faire pour accélérer la cadence.
Puis, le Président de la République a mandaté le cabinet McKinsey, dont certains représentants sont avec nous aujourd’hui, pour approfondir certaines analyses et systématiser la méthodologie de hiérarchisation du portefeuille prioritaire d’actions à
mener, ainsi que le plan de financement de ces actions.
Le travail des consultants a notamment porté sur l’analyse de l’alignement des initiatives des ministères et des opérateurs privés avec les défis clés identifiés pour chaque secteur, afin de formuler des recommandations de priorisation des initiatives les plus pertinentes pour répondre aux défis identifiés, et enfin clarifier les modalités de mise en œuvre de ces initiatives.
Un comité de pilotage, composé du Coordinateur Général des Affaires Présidentielles, du Premier Ministre, et des ministres en charge de l’Economie et du Budget, a revu et validé ces travaux, réalisés avec la collaboration des membres du Gouvernement et des administrations directement concernées par les questions traitées.
Qu’il me soit permis ici de remercier tous les participants à cette démarche globale, qui ont
contribué chacun à leur niveau à l’élaboration du Plan d’Accélération de la Transformation, en abrégé PAT, que nous présenterons sur les deux jours du séminaire.
Cette démarche collaborative et inclusive de l’élaboration de notre cadre de programmation 2021–2023 des politiques publiques est un préalable à l’adhésion des parties prenantes pour garantir la réussite dans la mise en œuvre de nos priorités.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Mon propos introductif, après cette brève présentation de la démarche méthodologique qui nous a conduits à ce résultat, visera à résumer les messages clés du diagnostic socioéconomique à date de janvier 2021.
Il vise aussi à expliciter la vision et les batailles que nous souhaitons mener tous ensemble pour relever les défis auxquels nous faisons face.
S’agissant du diagnostic, cinq messages clés sont à retenir :
1. Le Gabon est certes un pays privilégié en Afrique, dont le revenu par habitant est l’un des plus élevés et qui a atteint des résultats probants en matière de couverture santé et de disponibilité de certains services publics à la population.
Notre pays est l’un des rares pays africains qui n’a pas connu de conflits armés depuis son
indépendance, et nous ne mesurons sans doute pas toujours le bénéfice de cette paix et de cette stabilité, qui est si cher à Votre Excellence.
Il s’agit de réels avantages qu’il ne nous faut pas oublier et sur lesquels nous devons capitaliser ;
2. Toutefois, et c’est le deuxième message clé, notre modèle de création de richesses, demeure encore trop dépendant des secteurs extractifs du pétrole et du manganèse.
Bien que leur part dans le Produit Intérieur Brut ait fortement diminué depuis 2009 et le lancement du PSGE, passant d’environ 60 % à 45 % de notre PIB, leur part dans nos exportations et la dépendance de notre budget aux ressources collectées dans ces secteurs
nous rendent encore trop vulnérables aux chocs extérieurs.
Cela veut dire que malgré nos efforts, les secteurs de diversification, au premier rang desquels les secteurs forêts-bois et agriculture, n’ont pas encore pris la place de relais que nous souhaiterions qu’ils occupent.
Nous devons faire davantage d’efforts, et de manière assez radicale, pour accélérer la cadence, car ce sont ces filières qui créeront les emplois dont nous avons besoin, ce sont ces filières qui créeront les ressources fiscales qui nous manquent aujourd’hui.
3. Le troisième point de diagnostic est que nos infrastructures supports à la croissance, c’est-à-dire notre réseau routier, notre réseau d’électricité et d’eau, nos infrastructures logistiques, sont largement en dessous, tant en qualité qu’en quantité, de ceux des pays qui ont un niveau de richesse similaire au Gabon.
La seule exception à ce constat est notre réseau d’infrastructures numériques, pour lequel nous sommes plutôt en avance par rapport aux pays comparables.
Pour le reste, nous avons un retard important à combler pour pouvoir bénéficier des mêmes conditions de compétitivité économique que ces pays comparables.
Nous devons combler ce retard dans un contexte de restriction budgétaire, ce qui nous oblige à être innovants dans les modalités de mobilisation de financement de nos
investissements, en privilégiant les investissements privés et les Partenariats Publics Privés, dont nous devons toutefois maîtriser les risques.
4. Le quatrième message tient à notre modèle social, que nous devons adapter. Nous avons
des indicateurs sociaux, en termes d’accès à l’éducation et à la santé, à l’eau et à l’électricité qui nous distinguent positivement des autres pays africains. Le fait que nous ayons une population peu nombreuse et très urbanisée y a sans doute contribué.
Nous devons également nous féliciter de politiques pionnières en Afrique, comme l’universalisation de la couverture maladie.
Toutefois, force est de constater que nous avons d’énormes marges de progression dans la qualité des services rendus à nos concitoyens, dans l’éducation, la santé et les filets sociaux.
Surtout, nous devons faciliter l’employabilité de nos jeunes, avec une réforme profonde de notre système d’éducation et de formation, de notre code du travail, pour faciliter l’intégration des nouveaux entrants en leur donnant les outils de leur émancipation et de leur autonomisation dans le secteur privé.
5. Enfin, le dernier message concerne nos marges de manœuvre budgétaire, qui se sont
considérablement réduites depuis 2015, mettant en exergue les limites de notre modèle de développement et les défaillances de notre système de gestion publique.
Nos ressources ont considérablement baissé, quand nos dépenses, notamment celles liées à la masse salariale et au service de la dette, ont augmenté. La capacité d’intervention de l’Etat s’est considérablement réduite.
Si nous voulons rétablir la capacité d’action de la puissance publique, nous ne pourrons pas échapper à des réformes radicales dans notre système de mobilisation de ressources, de
gestion de notre dette et de maîtrise de nos dépenses.
Voici donc les messages clés du diagnostic :
– 1. Nous sommes un pays riche et privilégié à l’échelle de l’Afrique ;
– 2. Notre modèle demeure trop dépendant et vulnérable aux filières pétrole et manganèse
et nos filières relais pour la diversification n’ont pas encore réussi à générer leur plein potentiel ;
– 3. Nos infrastructures catalyseurs de croissance sont qualitativement et quantitativement en deçà de celles de pays qui ont des niveaux de richesse comparables au nôtre ;
– 4. Notre système d’aide sociale doit être réformé pour améliorer significativement la qualité des services rendus aux citoyens ;
– 5. Le déséquilibre de nos finances publiques a fortement réduit notre capacité d’actions et nous devons résorber ce déséquilibre si nous voulons avoir les moyens de nos ambitions.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Face à ce constat, le Plan d’Accélération de la Transformation, cadre de programmation du Plan Stratégique Gabon Emergent et de l’action gouvernementale sur la période 2021 – 2023, vise une ambition principale : accélérer la transition vers l’« après-pétrole » de notre économie, en accélérant les nouveaux moteurs de croissance et en repensant notre modèle social.
Concrètement, cela veut dire que la mise en œuvre du Plan d’Accélération de la Transformation 2021 – 2023 doit nous permettre d’ici 2025, de faire passer le poids du secteur pétrole dans notre PIB en-dessous des 20 %, contre 33 % aujourd’hui.
Plus de 50 % de notre consommation alimentaire doit être produite localement d’ici 2025.
Et, nous devons faire tomber le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté à moins de 25 % de la population, contre 35 % aujourd’hui.
Tout cela ne sera possible que si nous engageons trois pivots radicaux :
1. Un pivot économique, dans lequel nous allons mener des réformes radicales pour faire du secteur forêt-bois et de l’agriculture les nouveaux piliers de notre économie.
2. Un pivot catalyseur de croissance, dans lequel nous allons mener un effort de rattrapage dans notre politique d’investissement pour mettre à niveau nos routes, nos infrastructures logistiques et de production d’énergie et d’eau.
3. Enfin, un pivot social, via lequel nous allons créer les conditions d’un nouveau pacte social en renforçant l’efficacité des services publics et en créant un nouveau dispositif d’accompagnement à l’employabilité et à l’autonomisation de nos jeunes.
Ces trois pivots seront actionnés si nous menons à bien 12 batailles clés, que je vais énumérer.
S’agissant du pivot économique, nous avons 5 batailles prioritaires à mener.
1) La première bataille consiste à ralentir la chute de la production de pétrole et diversifier la filière hydrocarbures. Les scénarii les plus pessimistes estiment qu’en 2030, notre production se situera autour de 100 000 barils / jours, contre 218 000 aujourd’hui.
Si la part du pétrole dans notre économie doit être réduite, nous devons l’atteindre par l’augmentation significative des contributions des autres secteurs, tout en maintenant au maximum la contribution actuelle du secteur pétrolier, malgré nos champs vieillissants.
De plus, nous devons diversifier cette filière en faisant émerger de nouveaux relais de croissance comme la production et la transformation du gaz.
2) La seconde bataille est d’accélérer le développement du manganèse et poser les conditions d’une exploitation de l’or et du fer dans notre pays. Les plans de production de
nos opérateurs miniers prévoient de faire passer la production annuelle de manganèse d’environ 7 millions de tonnes aujourd’hui à 10,3 millions de tonnes par an en 2023, et peut être même 12 millions de tonnes en 2025, si nos capacités logistiques le permettent.
L’Etat doit accompagner les opérateurs en investissant dans le réseau logistique, comme nous le faisons avec le plan de remise à niveau du chemin de fer Transgabonais. Mais, notre secteur minier recèle d’autres potentialités que le manganèse, notamment dans l’or et également dans le fer.
Nous allons relancer l’exploration du gisement de Bélinga pour permettre de lancer dans quelques années son exploitation dans les meilleures conditions stratégiques pour le Gabon.
3) La troisième bataille est d’améliorer la productivité et diversifier les débouchés de la filière bois. C’est sans doute l’une des batailles les plus importantes, que vous avez vous même mentionné, Excellence Monsieur le Président de la République, dans votre discours à la Nation du 31 décembre 2020.
Cette filière doit créer des emplois à nos jeunes et être un nouveau relais de mobilisation de recettes pour l’Etat.
Nous sommes déjà le premier producteur de contreplaqués en Afrique. Nous pouvons être d’ici 2023 le champion du bois tropical transformé dans le monde.
Le ministre des Eaux et Forêts présentera les réformes ambitieuses que nous prévoyons dans ce secteur, comme la consolidation du nombre d’exploitants forestiers, pour en avoir moins, mieux capitalisés, qui respectent mieux les règles nationales et les normes de certification internationales.
Des exploitants forestiers capables d’investir et d’être responsables socialement vis-à-vis des communautés locales, en développant des concessions sur de plus grandes surfaces. Nous comptons faire jouer dans ce processus un rôle important à la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG) pour appuyer les exploitants forestiers gabonais.
Enfin, il est également question de lancer un grand programme de plantations de forêts d’Eucalyptus, pour renforcer la production de bois en limitant les prélèvements sur nos forêts primaires.
4) La quatrième bataille, dont l’importance s’est révélée particulièrement cruciale durant la
période de COVID-19, est de renforcer la souveraineté alimentaire du Gabon et de développer les filières agroindustrielles exportatrices.
Notre souveraineté alimentaire est un enjeu tant économique que sécuritaire. Ce n’est pas un rêve impossible, nous pouvons le faire dans certaines filières comme le manioc, la banane, les produits de la pêche, les légumes.
Nous avons des initiatives sur lesquelles nous devons mieux capitaliser, comme le programme GRAINE, la SOTRADER, l’IGAD et le financement accordé par la BAD en appui au programme GRAINE.
Nous allons améliorer la complémentarité et la cohérence d’action entre ces acteurs, y ajouter la contribution d’instruments de financement privé et d’accès aux circuits de commercialisation, pour renforcer notre écosystème et mieux accompagner nos entrepreneurs agricoles.
5) La cinquième bataille économique doit nous permettre de relancer notre secteur BTP, à travers une reprise en main de la production des matériaux de construction pour faire baisser le coût des intrants et maximiser la valeur-ajoutée locale dans cette filière. Mais, également à travers une relance vigoureuse et efficiente financièrement, des chantiers immobiliers publics à l’arrêt.
En plus de cette relance des chantiers à l’arrêt, un programme de mise à disposition de parcelles viabilisées, pour faciliter l’investissement et la construction par les particuliers eux-mêmes, sera lancé avec l’appui des acteurs du foncier public.
Comme le dit le dicton, « quand le bâtiment va, tout va ». Cela fait plusieurs années que notre bâtiment va mal, et nous devons y remédier dans les deux prochaines années. De nombreux emplois directs et indirects en dépendent.
Voici, Excellence Monsieur le Président de la République, les cinq batailles que nous comptons mener et gagner sur le pivot économique entre 2021 et 2023. Des objectifs précis de résultats vous seront communiqués sur ces différents aspects.
S’agissant du pivot sur les conditions du nouveau pacte social, nous avons trois principales batailles à mener.
6) La sixième bataille du Plan d’Accélération de la Transformation est de développer l’emploi dans le secteur privé par une adéquation plus juste entre l’offre d’éducation et les
débouchés.
En janvier 2021, nous avons plus d’emplois formels dans le secteur public que dans le secteur privé. Cela n’est pas soutenable et nous devons inverser cette tendance. Les réformes dans les filières relais de croissance, l’agriculture, le bois, les BTP, y contribueront.
Mais, nous devons également nous assurer que nos jeunes acquièrent les compétences nécessaires pour s’intégrer à ces filières.
Grâce au volontarisme du Chef de l’Etat sur cette question, nous avons mobilisé ces dernières années des montants très importants pour construire de nouveaux centres de formation professionnelle, réhabiliter et agrandir les centres existants.
Il appartient au Gouvernement de mener jusqu’au bout cette réforme, en modifiant notre système d’orientation des élèves, en mettant en place les bonnes conditions de gouvernance et de gestion pédagogique de ces centres de formation.
Il va s’agir aussi d’allouer des ressources pour inciter les jeunes, via les bourses, à rejoindre ces centres. De même qu’il est impérieux d’impliquer le secteur privé dans la cogestion des programmes pédagogiques et par l’accueil en formation alternance théorique et pratique les jeunes formés.
Cette bataille conditionne les chances d’avenir de notre jeunesse, et donc celles de notre Nation.
7) La bataille numéro 7 concerne la réforme de notre système sanitaire, en recentrant les efforts sur la prévention et les soins de santé primaire.
Nous avons construit des hôpitaux de référence mondiale, mais qui sont débordés par le flux des patients, parce que le réseau de base est inefficient et que tout le monde s’oriente directement vers les CHU. Dans nos provinces, les infrastructures sont sous-équipées, mal
entretenues et mal approvisionnées en médicaments.
Pour remettre la pyramide sanitaire sur son socle, nous devons donc renforcer le réseau primaire, tant en approvisionnement en médicaments, et c’est le sens de la réforme de l’Office Pharmaceutique National, qu’en autonomie de gestion et de capacité à délivrer des soins de première nécessité au plus près des populations.
Les attentes sont très fortes en la matière. En remportant cette bataille, nous aurons contribué à significativement améliorer le quotidien de notre population.
8) La huitième bataille consiste à consolider nos acquis en garantissant la pérennité de notre système de protection sociale. Nous avons été pionniers en Afrique en matière de couverture des risques maladie et vieillesse.
Toutefois, les problèmes de gouvernance des institutions de sécurité sociale, le non respect par l’Etat de ses engagements financiers au titre par exemple des cotisations patronales des agents publics, ont affaibli l’équilibre financier de nos caisses sociales et dégradé la qualité de leurs services.
Les réformes pour redresser la barre sont connues et seront présentées pendant le séminaire. Elles nous permettront d’améliorer encore les garanties sociales offertes à notre
population.
A travers ces trois batailles sociales, Excellence, Monsieur le Président de la République, nous pensons répondre à votre préoccupation constante. Celle d’améliorer la situation des personnes les plus vulnérables de notre pays et de renforcer les conditions de l’égalité des chances entre les citoyens gabonais, quel que soit leur origine familiale, géographique ou leur genre.
Enfin, le dernier pivot, relatif à la mise à niveau des catalyseurs de croissance, reposera sur le succès de quatre batailles.
9) La neuvième bataille du Plan d’Accélération de la Transformation consiste à améliorer le climat des affaires. Des instructions ont été données au ministère chargé des Partenariats Publics Privés et de l’amélioration du cadre des affaires pour la relance du Haut Conseil pour l’Investissement (HCI).
Comme vous le savez, il s’agit à la fois d’un cadre de dialogue public-privé et, d’un processus d’impulsion et de suivi des réformes visant à améliorer notre cadre des affaires, tant sur les volets suivis par l’indicateur Doing Business, que sur des problématiques plus spécifiques à notre environnement, comme la multiplicité des contrôles administratifs sur les opérateurs privés ou encore la parafiscalité.
Nous poursuivrons dans ce cadre certaines réformes engagées, comme la mise en place des tribunaux de commerce, en renforçant la sécurité juridique et judiciaire.
Nous porterons une attention particulière à ce que cet agenda de réformes soit redynamisé et porte ses fruits de manière concrète dans le quotidien des opérateurs économiques.
10) La dixième bataille est relative à la programmation de nos investissements stratégiques. Il s’agit ici tout d’abord de prioriser.
Nous avons annulé plusieurs projets pour lesquels les sources de financement ou l’impact n’étaient pas certains, afin de concentrer les ressources sur les projets les plus essentiels.
Cette priorisation sera intégrée à une loi de programmation triennale des investissements, qui clarifiera nos intentions auprès de toutes les parties prenantes.
Au regard du poids prépondérant des PPP dans notre programme d’investissement, une attention particulière sera portée sur le pilotage de ces investissements et sur la mobilisation des pré-requis au bouclage financier de projets préparés depuis plusieurs années parfois, dans les domaines de la route, de la logistique, de la production d’énergie et d’eau.
11) La onzième bataille est la bataille du numérique. Nous avons changé d’ère, et le passage de relais entre l’économie matérielle et l’économie digitale se fait chaque jour sentir de manière plus aigue.
Certains pays sont les moteurs de cette transition et en récolteront les fruits avant les autres. Le Gabon, qui a pris de l’avance dans la mise en place des infrastructures numériques, a la possibilité d’être un champion de cette nouvelle ère de l’économie numérique.
Mais, nous devons pour cela réussir notre révolution du E-Gouvernement et faciliter le développement d’entreprises locales du numérique. Ces deux prochaines années, nous
nous donnerons les moyens de réussir ce saut qualitatif.
12) Enfin, la douzième et dernière bataille, dont la réussite conditionnera sans doute celle de toutes les autres, est l’assainissement de nos finances publiques.
C’est un sujet récurrent depuis bientôt cinq ans maintenant. Presque un serpent de mer. Des efforts ont été fournis, notamment dans la maîtrise des dépenses de fonctionnement.
Si nous voulons résorber définitivement ce problème, nous n’échapperons pas à trois impératifs : nous devons tout d’abord augmenter significativement notre collecte de ressources propres, en réduisant les dépenses fiscales et en élargissant l’assiette des contributions.
Le pilotage de la performance de nos régies financières est un levier que nous devons utiliser pleinement, de même que la dématérialisation des processus de paiement des contribuables.
La fiscalité foncière et un focus spécifique au contrôle fiscal de certaines filières, comme la filière bois, seront d’autres leviers à utiliser.
Autre impératif, la maîtrise de notre niveau d’endettement, qui a atteint un seuil préoccupant de plus de 70 % de notre PIB. Notre service de la dette obère, depuis plusieurs années, notre capacité à financer nos actions courantes.
Excellence Monsieur le Président de la République, vous nous avez enjoints de trouver des solutions à ce problème. Le plan en apportera.
Enfin, nous devons remettre de l’ordre dans nos processus de recrutement des agents publics, car le système actuel ne peut plus perdurer. Des premières actions en ce sens ont été prises, d’autres suivront.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Pendant deux jours, les membres du Gouvernement vont se relayer pour présenter les modalités précises, en termes d’actions, de délais, de parties prenantes à mobiliser, de résultats à atteindre, qui permettront de remporter les 12 batailles que je viens de vous décrire.
Comme vous l’avez souhaité, un cadre de suivi et de reporting régulier, à vous-même, aux Parlementaires et aux citoyens, sera mis en place pour, non seulement, faire adhérer le maximum de personnes à la réussite de nos batailles, leur expliquer nos progressions et nos difficultés éventuelles. Mais aussi, et sans cesse, nous rappeler à nous-mêmes que nous devons rester focalisés sur ces priorités.
Nous demeurons persuadés qu’en étant solidaires, responsables, cohérents et déterminés, nous mènerons à bien ces réformes et contribuerons à la transformation sociale et économique de notre pays, au bénéfice de notre population.