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Primaires au PDG en vue des sénatoriales : Du trompe-l’œil
Publié le mardi 19 janvier 2021  |  Gabon Review
Travaux
© Gabon Review par DR
Travaux pratiques à Fougamou sur le discours d’Ali Bongo et les valeurs du PDG
Fougamou, 6 juillet 2019. Initié par le Parti démocratique gabonais (PDG) par l’entremise de Guy-Bertrand Mapangou et Yolande Nyonda, une formation axée sur le discours d’Ali Bongo prononcé le 8 juin dernier et sur la Charte des valeurs du parti au pouvoir a été offerte aux militants et sympathisants de Fougamou.
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Sans débats d’idées, les élections internes au Parti démocratique gabonais (PDG) se réduisent à de simples castings. Du coup, l’ex-parti unique doit encore donner du sens à sa démarche. Autrement, elle restera une simple fumisterie, une mystification pour gogo.

Comme ça, le Parti démocratique gabonais (PDG) a décidé d’organiser des primaires ! En prévision des prochaines sénatoriales, les élus locaux issus de ses rangs ont été invités à choisir les futurs candidats. Sans attendre la fin du processus, l’ex-parti unique en a, d’ores et déjà, tiré une gloriole, vantant une «belle leçon de démocratie (administrée) à l’ensemble du corpus politique national.» Pourtant, à y regarder de près, ces scrutins internes s’apparentent sinon à du trompe-l’œil, du moins à de l’affichage. Et pour cause : en dernier ressort, seule la décision du président de ce parti prévaudra. En décidant de soumettre les résultats à la sanction d’Ali Bongo, le secrétariat exécutif du PDG a vidé le vote de la base de son sens.

Une opération de communication

Après tout, au PDG la culture du chef est forte. Parfois même trop forte, au point de se traduire par un culte du chef. Dans ce parti, la pratique politique accorde la primauté aux affinités, liens de sang ou matrimoniaux. S’y mêlent, considérations familiales, claniques, ethniques ou provinciales. Durant la semaine écoulée, on l’a vu à travers cette vidéo virale, mettant en scène un cadre se réclamant de la commune de Ntoum. Pris de court par l’irruption d’Ali Bongo dans le processus, certains candidats ont reconsidéré leurs stratégies. D’autres y sont allés à reculons. Au final, ces primaires sont apparus comme une simple opération de communication. Faute d’avoir su se réinventer et de n’avoir pu laisser la base désigner souverainement ses candidats, le PDG a discrédité son initiative.

Pourtant, des primaires peuvent avoir du sens. Censées être le signe d’une modernisation de la gouvernance, elles peuvent faciliter le renouvellement tout en réconciliant le sommet et la base. De nature à favoriser l’émergence de personnalités à la popularité éprouvée, elles peuvent aussi accroître les chances de victoire. Si elles ringardisent les adversaires, elles sont un élément de mobilisation supplémentaire. En tout cas, elles maintiennent les troupes en éveil. Pour toutes ces raisons, elles doivent donner lieu à des débats de fond et obéir à des règles préalablement élaborées. Autrement, elles finissent par devenir contreproductives, sécrétant le poison de la division et de la suspicion.

De simples castings

Les primaires du PDG ont-elles été ce moment de démocratie tant vantée ? On peut en douter. Sur quels fondements les candidats ont-ils été départagés ? Etait-ce une querelle de personnes ou une confrontation d’idées ? Rendant publique cette initiative, la secrétaire générale adjoint en charge de la communication avait énuméré les pièces constitutives des dossiers de candidature. Estelle-Flore Angangou n’avait nullement parlé d’un document permettant aux impétrants de présenter leur compréhension des enjeux et défis nationaux ou partisans. Or, là réside l’intérêt des primaires. En absence de débat, elles se réduisent à de simples castings voire à des combinaisons d’épiciers. Or, en l’espèce, les résultats doivent encore subir la sanction d’une autorité supérieure.

En optant pour des scrutins à tour unique tout en réservant le dernier mot à son président, le PDG s’est livré à une simple pré-sélection. En aucun cas, il n’a organisé de primaires. A la fin des fins, il a laissé l’impression de ne pouvoir s’accommoder des contraintes inhérentes à cet exercice. Comment y voir le signe d’une «modernisation» quand il était juste question d’établir des short-list ? Comment y lire l’expression d’une «vision clairvoyante» quand les idées se sont effacées devant les identités ? Ces élections peuvent-elles quand même «faire école» ? En 2016, l’Union nationale désigna son candidat à la présidentielle au terme d’une élection interne retransmise en direct. Sur ce coup, le choix de la base fut respecté, entériné par les instances supérieures de ce parti. Le week-end écoulé, on était très loin de ce cas de figure. Du coup, l’ex-parti unique doit encore donner du sens à sa démarche. Autrement, elle restera une simple fumisterie, une mystification pour gogo.
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