L’encours de la dette du Gabon a explosé autour des 70% du PIB en 2020 en raison de trois facteurs, dont l’impact négatif du Covid-19 sur l’économie. Face à cette situation, le gouvernement a adopté une stratégie visant à ramener, à terme, le taux d’endettement autour des 50%.
Après une tendance baissière sur le période 2016-2019, le taux d’endettement du Gabon a connu un regain en 2020. Selon la dernière «Note d’analyse sur la dette du Gabon», le pays d’Ali Bongo a enregistré une forte augmentation du taux d’endettement à près de 70% du PIB à la fin 2020, contre 59% un an plus tôt. Selon le ministère de l’Economie, trois facteurs expliquent ce regain de l’encours de la dette.
Le premier s’inscrit dans le cadre du dialogue que le gouvernement a instauré avec le secteur privé. Ces discussions ont débouché sur le constat selon lequel un certain nombre d’engagements publics, pris par les gestionnaires de crédits, n’ont pas suivi la procédure budgétaire traditionnelle. «C’est ainsi qu’un audit des dépenses extrabudgétaires des exercices 2015-2017 a été engagé. Les résultats provisoires dudit exercice ont été partagés en 2019», a indiqué l’administration de Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou.
Le deuxième facteur est lié aux conséquences du Covid-19 sur l’économie réelle. Alors que le gouvernement anticipait une franche relance de l’économie, les effets négatifs de la propagation de la pandémie ont entrainé une contraction du PIB. «La croissance réelle se situerait entre -1% et -2% en 2020 au lieu d’une prévision dans la loi de finances initiale à +3,6%. En d’autres termes, le PIB qui est le dénominateur du taux d’endettement s’est fortement contracté», a expliqué le ministère de l’Economie.
Également lié l’impact négatif du Covid-19, le dernier facteur expliquant l’explosion de la dette en 2020 est la faible mobilisation des ressources, conjuguée à de fortes pressions sur les dépenses pour faire face aux besoins sanitaires, sociaux et d’accompagnement du tissu économique. «Il a donc fallu recourir à des emprunts pour combler les besoins de financement», a justifié Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou.
Ramener l’encours de la dette à 50%
Selon le gouvernement, la stratégie d’endettement visait la relance économique par l’investissement public avec un souci de maitrise des ratios d’endettement à moyen terme. Force est de constater que cette stratégie n’a pas eu les effets escomptés, comme l’avait d’ailleurs rappelé Mays Mouissi. En septembre 2020, l’analyste économique avait affirmé que la dette publique du Gabon a quasiment été multipliée par quatre en dix ans, passant de 1300 à 5320 milliards de francs CFA entre 2009 et 2019. Et, selon lui, les 4000 milliards empruntés n’ont malheureusement pas été bénéfiques pour le pays.
En vue de ramener l’encours de la dette à un niveau plus «raisonnable» à moyen terme, autour des 50%, les pouvoirs publics ont adopté une stratégie. Celle-ci repose sur l’audit des engagements de l’Etat ; l’examen de toutes les options de reprofilage de la dette publique afin de desserrer la contrainte sur les recettes publiques courantes ; la relance économique qui vise une création de richesse plus importante permettant de générer les ressources budgétaires nécessaires pour honorer les engagements du Gabon et augmenter par la même occasion le PIB ; le paiement régulier des échéances de la dette publique. «Parmi les actions de ladite stratégie, il y a eu la constitution d’une une équipe multidisciplinaire (Task force) au début du troisième trimestre 2020 (…). C’est dans cette dynamique que les créances de montants inférieurs à 100 millions ont connu un début de paiement», a souligné la ministre de l’Economie.