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Contrôle du gouvernement par les citoyens : Réserves diverses quant à l’annonce d’Ali Bongo
Publié le mardi 5 janvier 2021  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
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Au titre des annonces faites par le président Ali Bongo, le 31 décembre 2020, dans son discours à la Nation, figure en bonne place une nouveauté : la session de questions-réponses, chaque trimestre, entre le gouvernement et les citoyens. Une idée reçue avec beaucoup de réserve par les Gabonais qui doutent de l’efficacité de la méthode et surtout de sa franchise.

Dans son traditionnel discours à la Nation, le 31 décembre 2020, Ali Bongo Ondimba a fait plusieurs annonces dont certaines concernent la jeunesse pour laquelle, a-t-il dit, il faut «faire encore plus». Misant sur la transparence du gouvernement concernant les actions menées, le chef de l’Etat a lancé l’idée d’«une session de questions-réponses avec les citoyens» chaque trimestre.

«Innovation majeure»

Ali Bongo souhaite, pour 2021, «un Gabon qui offre à ses jeunes de véritables perspectives d’avenir». Sachant vraisemblablement que beaucoup d’annonces faites et d’initiatives prises n’ont pas été une réussite, il veut désormais que le gouvernement rende compte directement au peuple. La méthode : une session interactive entre les membres du gouvernement et les citoyens.

«A partir de 2021, chaque trimestre, les ministres se plieront à une session de questions-réponses avec les citoyens», a-t-il annoncé, ajoutant que cette session, qu’il conçoit «comme un grand moment de démocratie, sera retransmise à la télévision et la radio». Le chef de l’Exécutif affirme même que «c’est une innovation majeure, fondamentale, qui vise à accroître la transparence de l’action publique, mais aussi à vous permettre d’évaluer l’efficacité, la pertinence de l’action publique et à recueillir vos suggestions».

Scepticisme

Cette annonce est toutefois accueillie avec beaucoup de scepticisme, portant notamment sur son efficacité et sa franchise. «Je crois que le président veut bien faire, mais nous savons tous que ça ne marchera pas. Ça sera des discours et du bavardage sans plus», déclare un acteur politique. Le président «parle de démocratie et de transparence, mais on assistera plutôt au genre de choses où les gens sont choisis à l’avance et les questions préparées d’avance», pense un étudiant. «Si tel est le cas, sachez que les dés sont pipés et on n’en tirera rien de bon», a renchéri un militant de la société civile.

Intervenant dans une discussion informelle, un ancien infirmier à la retraite estime que «les Gabonais ne sont pas encore assez matures pour pouvoir jouer à ce jeu». «Il arrivera que vous verrez les gens être inquiétés parce qu’ils ont posé des questions dérangeantes», a-t-il ajouté, perplexe. Un agent de caisse d’une grande surface interrogé à ce sujet estime simplement que «cette session est sans objet et ne contribuera qu’à faire davantage de la politique et de la démagogie».

Toutefois, certaines personnes interrogées croient en la réussite de l’opération. Elles ont la conviction que «cette initiative peut permettre à la population de poser des questions pertinentes que les députés n’aborderont jamais». «Je crois que c’est une innovation dans notre pays. Les ministres devront répondre directement aux citoyens. Là, il n’y aura pas de tergiversation», a dit un militant du Parti démocratique gabonais (PDG). Comme lui, plusieurs autres sympathisants du parti au pouvoir voient en cette démarche du chef de l’Etat, «une pression mise sur chaque membre du gouvernement pour qu’il fasse bien son travail». Bien que favorable à cette démarche, un fin observateur de la scène politique estime «qu’il est bien de mettre la pression, mais il est mieux de donner les moyens et de contrôler efficacement l’utilisation de ces moyens pour éviter les détournements et les éléphants blancs».

Pour mémoire, en août 2018, le président Ali Bongo s’est livré à un exercice interactif à travers une interview dénommée «Face à la Nation». Les Gabonais devaient poser leurs questions au président de la République, via WhatsApp et Facebook, en texte comme et en vidéo. Le public était resté sur sa faim, se demandant sur quelles critères les questions avaient été retenues tout comme les animateurs de l’émission.
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