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N’oubliez pas l’épidémie de VIH, exhorte la directrice de l’ONUSida à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida (Interview)
Publié le mercredi 2 decembre 2020  |  Xinhua
Winnie
© Autre presse par DR
Winnie Byanyima, directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSida)
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Le VIH devient une "maladie négligée" et les "deux pandémies" de COVID-19 et de VIH doivent être combattues en même temps, a indiqué la directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSida), Winnie Byanyima, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida.

Elle a exprimé son optimisme quant à la possibilité de trouver un remède face à la collision des deux pandémies.

La Journée mondiale de lutte contre le Sida, célébrée le 1er décembre, est une journée internationale consacrée à la sensibilisation à la propagation de l'épidémie du syndrome d'immunodéficience acquise (Sida) et au deuil de ceux qui sont morts de la maladie. Le thème de cette année est "Solidarité mondiale, responsabilité partagée".

"Ce sujet est si important parce que la riposte mondiale au VIH était déjà sur la bonne voie avant que nous ne soyons touchés par la pandémie actuelle du COVID-19", a déclaré Mme Byanyima, également secrétaire générale adjointe des Nations Unies, dans une interview accordée à Xinhua.

"L'année dernière, 1,7 million de personnes ont été nouvellement infectées, soit trois fois plus que l'objectif que nous nous étions fixé. Nous avions 690.000 personnes décédées de maladies liées au VIH. C'est encore bien au-dessus de la cible", a-t-elle indiqué.

L'ONUSida, basé à Genève, dirige l'effort mondial pour mettre fin au Sida qui menace la santé publique d'ici à 2030, dans le cadre des objectifs du développement durable. Depuis que les premiers cas de VIH ont été signalés il y a plus de 35 ans, 78 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 35 millions sont décédées de maladies liées au Sida.

Selon les données de l'ONUSida, 38 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH en 2019. "Nous avons tellement de jeunes filles et femmes qui sont nouvellement infectées chaque année. Chaque semaine, 5.500 jeunes filles et jeunes femmes sont infectées. C'est bien au-dessus des objectifs mondiaux, et maintenant nous avons été touchés par le COVID-19. Le COVID-19 nous fait maintenant plus de mal", a précisé Mme Byanyima.

Dans son rapport sur la Journée mondiale de lutte contre le Sida 2020 publié mardi, l'ONUSida a déclaré que la remise sur pied de la riposte au VIH nécessiterait de nouveaux objectifs intermédiaires et qu'il travaillait avec des partenaires pour élaborer un ensemble de nouvelles cibles proposées pour 2025 qui, si elles sont atteintes, rendraient l'objectif 2030 encore possible.

"Nous ne sommes pas proches. Nous ne sommes pas sur la bonne voie. Nous allons publier de nouveaux objectifs, des objectifs plus ambitieux, mais réalisables, que nous espérons que si nous nous battons dur pour les atteindre, nous reviendrons pour vaincre le Sida d'ici à 2030", a-t-elle souligné.

La cheffe de l'ONUSida a également averti que le COVID-19 et les mesures de confinement à travers le monde ont eu des effets négatifs considérables sur l'accès aux médicaments, aux tests et aux installations de traitement du VIH.

"Les perturbations des services et les violations des droits de l'homme conduisent à un renversement des acquis que nous avons réalisés. Nous avions fait beaucoup de progrès pour donner le traitement aux gens, en particulier en Afrique", a-t-elle fait remarquer.

Selon une enquête de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en juillet, 73 pays disent courir un risque de rupture de stock de médicaments antirétroviraux en raison de la pandémie de COVID-19.

UN REMÈDE?

Alors que les géants de l'industrie pharmaceutique développent un vaccin contre le nouveau coronavirus, Mme Byanyima a déclaré qu'elle espérait qu'un remède contre le VIH pourrait également être trouvé. "Bien sûr, nous pouvons trouver un remède. Bien sûr, nous pouvons même trouver un vaccin. Si nous avons pu en peu de temps trouver un vaccin contre le COVID, pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir un vaccin contre le VIH? Il s'agit de l'engagement. Il s'agit de mettre des ressources derrière cela", a-t-elle expliqué.

"C'est pourquoi il est si important que nous maintenions les engagements mondiaux sur le VIH. C'est pourquoi les gouvernements doivent continuer à investir dans des innovations pour les médicaments et nous menons ce programme de recherche de nouveaux médicaments, de nouvelles technologies de la santé", a-t-elle poursuivi.

Mme Byanyima a déclaré qu'en tant que membre de la Coalition mondiale pour la prévention du VIH, la Chine contribuait à faire avancer le programme de prévention. "La Chine est un pays qui montre un bon exemple à bien des égards sur le VIH / Sida. La Chine fait de bons progrès en termes d'objectifs, en termes de traitement et de prévention de sa population", a-t-elle affirmé, ajoutant que "la Chine investit dans les technologies de la santé et elle a également fait des progrès sur un vaccin".

APPEL À FINANCEMENT

L'ONUSida a cependant averti que le déficit de financement pour la riposte au VIH se creusait, estimant que 26,2 milliards de dollars américains seraient nécessaires en 2020.

Mme Byanyima a appelé la communauté internationale des donateurs et les gouvernements à maintenir leur financement, tout en appelant à l'allégement et à l'annulation de la dette des pays en développement : "Le message est celui de la solidarité mondiale, et de les appeler à maintenir leurs investissements dans la santé et en particulier dans la lutte contre ces deux épidémies."

"Nous avons besoin des pays riches pour maintenir cette aide. Cela ne leur fera pas sauter la banque. Mais cela signifiera beaucoup pour les pays en développement. Nous devons accorder un allégement de la dette et une annulation de la dette afin qu'ils aient l'espace budgétaire nécessaire pour investir dans leurs systèmes de santé", a-t-elle déclaré.

"40 ans après le début de la crise du VIH, elle tue encore tant de gens. Les pays riches ont pu la contrôler dans leur espace. Mais cela devient une maladie négligée", a-t-elle déploré.
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