Raymond Ndong Sima souhaite que les autorités communiquent aussi sur le recouvrement et l’utilisation de l’argent détourné dans la haute administration. Sans cela, les opérations coup de poing ressemblent plus à des «règlements de compte» qu’à une volonté réelle de lutter contre la corruption au Gabon, a estimé l’ancien Premier ministre.
L’opacité autour l’argent recouvré lors des nombreuses opérations coup de poing, inquiète Raymond Ndong Sima. Si les montants détournés sont souvent rendus publics à grand renfort médiatique, l’ancien Premier ministre s’interroge sur la destination et l’utilisation des sommes recouvrées, qui ne font l’objet d’aucune communication.
«On est en train de dire que les gens sont arrêtés et mises en prison, que des sommes ont été trouvés ici et là. Mais où est l’argent qui a été trouvé chez ces gens-là ? C’est bien de dire à la population que des gens, ont été impliqués dans les scandales financiers, mais lorsque les opérations de recouvrement ont lieu, où est l’argent qui a été recouvré ?», a interrogé Raymond Ndong Sima, dans un extrait de vidéo de Gabon Actualité, publié sur Facebook le 22 novembre.
L’un des exemples les plus marquants est celui des nombreuses arrestations des lieutenants et proches de l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV). La galaxie de Brice Laccruche Alihanga a englouti des centaines de milliards de francs CFA en deux ans. Si les montants de ce capharnaüm financier ont été très souvent été communiqués, rien n’a filtré sur le retour au Trésor public de ce butin ni une autre destination-utilisation.
«On donne à la population toute entière une information sur des détournements qui ont lieu, c’est très bien de faire ça. Mais, mais il également faut que la contrepartie soit donnée à la population. C’est-à-dire, nous devons savoir combien a été recouvré, où est cet argent et ce qu’est-ce qu’on en a fait», a ajouté Raymond Ndong Sima. Pour l’économiste, cette démarche permettrait de donner de la vigueur à la lutte contre la corruption prônée par les plus hautes autorités.
Car en l’état, «on a l’impression que les gens veulent quelque chose qui est bien en s’attaquant à un fléau mais en même temps, il y a un tel flou, une opacité, sur ce qui se passe, que ça ressemble plus à des règlements de comptes qu’à une opération destinée à remettre de l’ordre dans la maison», a-t-il conclu.