Publiées mi-octobre et sobrement intitulées « Vers une reprise difficile », les dernières prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) ont confirmé ce que l’ensemble des Etats africains savaient déjà depuis plusieurs mois : dans le sillage du choc né de la pandèmie du Covid-19, 2020 sera un très mauvais millésime. « L’économie de la région subira une contraction de 3 % en 2020 selon les projections, soit les pires perspectives jamais établies », a ainsi rappelé Abebe Aemro Sélassié, Directeur du département Afrique du Fonds. Au premier rang des pays touchés par cette crise majeure, les pays exportateurs de matières premières. Une fois encore, les nations du continent productrices de produits primaires subissent de plein fouet la volatilité (à la baisse) des cours mondiaux. Comme un éternel retour vengeur de balancier.
Il n’y a pourtant pas de fatalité, l’exemple des nations d’Asie de l’Est (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine, Singapour) le prouve. Face à une économie mondiale cyclothymique, qui n’a jamais cessé d’alterner les phases de croissance et de récession, la force du modèle asiatique est d’avoir réussi à bâtir une stratégie de développement pérenne, moins soumise aux variations erratiques de la conjoncture. Non que les ressacs de la vague économique n’aient été ressentis sur les bords du Pacifique, loin de là. Mais, à la différence de bien de leurs pairs africains – dépendants de ressources primaires à la valeur versatile –, les pays d’Asie orientale ont privilégié très tôt une stratégie d’exportation de biens manufacturés, moins sensibles aux variations de prix que les produits de base. La nécessité a, il est vrai, souvent fait loi : ces nations disposaient de peu de ressources autres que leur capital humain. Par ailleurs, l’accent a vite été mis sur une remontée rapide des filières (de l’assemblage des produits à leur conception) afin de capter la plus large portion possible de la valeur ajoutée produite. Et, qui dit plus de valeur retenue dit plus d’indépendance financière. De même, en fermant longtemps leurs réseaux financiers au monde extérieur, ces Etats se sont le plus souvent donné des taux de change favorables, leviers indispensables à des stratégies de conquête commerciale à l’étranger. Un pilotage économique fort éloigné de la doxa libérale communément admise et qui leur aura permis de financer généreusement les secteurs considérés comme stratégiques – éducation, santé, infrastructures, industrie. Mais jamais au détriment de l’efficacité, de l’investissement privé, de l’équilibre des finances publiques et de la stabilité monétaire. Autant de facteurs favorables qui ont permis à ces pays de devenir les champions du monde de la croissance dans la longue durée.... suite de l'article sur Autre presse