En adoptant vendredi en Conseil des ministres deux projets de décrets, l’un fixant les modalités d’évaluation et d’attribution de l’intéressement spécifique servi aux agents des administrations des Douanes, des Impôts, du Trésor et des Hydrocarbures ; et l’autre instituant une Prime à la performance budgétaire (PPB), les autorités gabonaises semblent vouloir rétablir une certaine justice, réclamée à cor et à cri par les fonctionnaires des régies financières depuis l’abolition des fonds communs.
Serait-ce un retour aux fonds communs dans une nouvelle formule après leur suppression en 2014 ? Il semble bien que oui. Pourtant, aux régies financières où ces derniers mois ont été marqués par la réclamation d’un meilleur traitement et la prise en considération de la spécificité des différents métiers du secteur, ce ne serait que justice. L’adoption vendredi 20 novembre en Conseil des ministres de deux projets de décrets, l’un fixant les modalités d’évaluation et d’attribution de l’intéressement spécifique servi aux agents des administrations des Douanes, des Impôts, du Trésor et des Hydrocarbures ; et l’autre instituant une Prime à la performance budgétaire (PPB) est perçue comme une façon pour les autorités de reconnaître l’injustice faite ces six dernières années aux fonctionnaires des régies financières.
Ainsi, présentées comme «une juste rétribution des avantages liés à la performance des agents» des régies financières, ces deux nouvelles primes sont accueillies par leurs futurs bénéficiaires comme la récompense de leur mérite. «Certains agents font bien leur travail. Ils doivent par conséquent en être récompensés. À l’inverse, ceux qui le font moins bien ne doivent pas l’être. C’est ça la vraie justice», commente un membre du gouvernement, évoquant le début d’un nouveau style de management au sein de la Fonction publique gabonaise.
Mérite et équité
À l’entendre, à travers la PPB et la prime spécifique, les autorités gabonaises auraient également à cœur de rétablir l’équité au sein des régies financières où les agents publics seront davantage encouragés à remplir au mieux leurs missions, notamment dans le domaine des recouvrements. Mieux, contrairement à l’ancienne procédure consistant à les budgéter à l’avance, les primes seront désormais calculées sur le montant des recouvrements effectués dans un temps déterminé.
Pour ce faire, l’attribution de ces primes se basera sur des critères que les autorités veulent objectifs, parmi lesquels l’assiduité et l’atteinte des objectifs assignés à chaque administration. Il se pourrait donc que certains agents, bien que faisant partie de l’ensemble des régies financières, voire du même service, gagnent moins que d’autres, selon leur abnégation au travail.
Comment éviter le retour des démons du passé ?
L’objectif des autorités gabonaises, en instituant la PPB et la prime spécifique, est de renforcer la performance au sein de l’administration publique et d’améliorer la bonne gouvernance. Seulement, cette bonne intention pourrait se heurter à d’anciennes pratiques ayant torpillé la réussite de la Prime d’incitation à la performance (PIP), il y a quelques années : la rétention des émoluments des agents par leur hiérarchie.
Néanmoins, un fonctionnaire du ministère du Budget et des Comptes publics croit savoir que ces avantages ne seront pas versés en espèces pour éviter le retour des démons du passé. Le virement bancaire devrait être préconisé, dit-il, pour garantir une traçabilité et une certaine transparence. Cette façon de faire permettrait surtout d’éviter de nouvelles grèves au sein des régies financières, dont les agents s’étaient déjà plaints de ce que certains directeurs ne leur versaient pas les sommes qui leur étaient dues pour diverses raisons. Espérons que cette fois les choses marchent convenablement.