Il est indéniable que la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 aura eu un impact important sur la situation économique du pays visible surtout avec des mises en chômage technique ou encore des licenciements effectués à tour de bras. Une situation qui semble ne pas préoccuper le ministre de l’Emploi Madeleine Berre, qui depuis le déclenchement de cette crise s’est contenté d’annoncer des mesurettes abordant essentiellement les secteurs d’activité dit « essentiels».
Si la question de l’emploi demeure une véritable épine sous le pied du gouvernement, les crises successives qu’a connues le pays n’est pas venu arranger les choses. Avec un taux de 20 %, le Gabon est le pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) le plus touché par le chômage. Une position qui ne semble pas s’arranger au fil des années, malgré les discours de bonne intention de l’exécutif annonçant la création de plusieurs milliers d’emplois.
Ainsi, avec la crise sanitaire et les mesures restrictives prises par le gouvernement dans le cadre de la riposte contre la Covid-19, avec pour corollaire le ralentissement de l’économie nationale, l’emploi s’est de plus en plus précarisé. En témoignent les chiffres de la direction générale du Travail qui font état de la perte au 30 septembre, de 1 425 emplois dont 530 pour raisons disciplinaires, et 895 pour motif économique. Par ailleurs, cette administration indique que 11 875 travailleurs ont été mis en chômage technique.
Un constat qui semble ne pas émouvoir la ministre de l’Emploi puisque cette dernière n’a jamais abordé la question de la précarisation de l’emploi au Gabon qui ces derniers mois a pris des proportions pour le moins inquiétantes. Si en janvier 2020 face à la levée de boucliers des travailleurs du parapublic et du public Madeleine Berre avait assuré que « le maintien de vos emplois est au cœur de nos préoccupations », elle n’a jamais daigné jeter un regard sur la situation vécue par des milliers de Gabonais dans le privé.
Pis depuis la survenance de la crise conjoncturelle liée à la chute du prix du baril de pétrole accentuée par la crise sanitaire de la Covid-19 Madeleine Berre s’est montrée peu motivée à communiquer sur les mécanismes pour préserver les emplois dans le secteur privé si ce n’est annoncé que le secteur formel pourrait enregistrer près de 10 000 pertes d’emplois. Malgré la mise en place d’un Financement urgent des entreprises (FUE) impactées par le Coronavirus, ce mécanisme n’a que très peu profité auxdites entreprises. La preuve avec les difficultés rencontrées aujourd’hui par plusieurs entreprises.
Ainsi, au nombre des secteurs, les plus impactés par les licenciements économiques on trouve entre autres le secteur forestier qui totalisait au 30 septembre, 289 pertes (32,2905 %) ; les services avec 207 pertes d’emplois (23,1285 %) ; le secteur pétrolier et assimilé avec 116 pertes d’emplois (12,9609 %) ; le BTP et le génie civil avec 65 pertes d’emplois (7, 2625 %) ; l’hôtellerie, la restauration et les débits de boissons, le tourisme avec 63 pertes d’emplois (7,0391 %).
Soucieux d’édifier l’opinion sur cette situation pour le moins préoccupante, Gabon Media Time a adressé une correspondance au ministre de l’Emploi pour faire le point de l’impact de la Covid-19 sur les emplois mais surtout évoquer les mécanismes mis en place par le gouvernement pour endiguer cette saignée. Notre demande est restée lettre morte jusqu’à présent. Une posture qui de facto rentre en contradiction avec les instructions du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba qui invitait ses ministres à adopter une communication pédagogique auprès des populations. « Dans cet élan, le Chef de l’Etat a également tenu à rappeler la nécessité d’adopter désormais d’une démarche de communication pédagogique sur sa Vision et sur les enjeux des réformes et leur impact positif sur la croissance, l’efficacité économique et sociale et le bien-être des populations », avait-on pu lire dans un communiqué de la présidence de la République.