La ferme position prise depuis le 16 octobre 2020 par le gouvernement, mise en application par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et observable pendant les événements du 25 octobre 2020 consacre cet état de fait. Pour Lambert-Noël Matha, il est évident que les églises limitées à 30 personnes sont des lieux plus contagieux que les marchés où plusieurs milliers de personnes circulent sans protection et sans aucune volonté de respecter les mesures barrières.
La logique est étrange mais pas surprenante pour les personnes assidues et habituées des décisions du gouvernement gabonais. Pour une fois, Ossouka Raponda n’est pas la seule à être tancée car elle ne fait que perpétuer une tradition d’antan de son gouvernement où incohérence et incongruité riment avec démagogie et mégalomanie.
C’est au cours de la conférence de presse du gouvernement tenue à l’immeuble Arambo le vendredi 16 octobre dernier sur la Phase 2 d’allègement des mesures restrictives liées à la pandémie de la Covid-19 que Lambert-Noël Matha sous les vives instructions de Guy-Patrick Obiang Ndong, ministre de la Santé a fait étalage de toute sa capacité à consacrer l’incohérence et l’illogisme.
Dans la présentation du protocole sanitaire applicable dans les églises, les membres du gouvernement, on ne sait sur quelle logique, ont décidé de limiter à 30 le nombre de personnes sans l’église. Une présence dans la maison du Christ qui sera assujettie à la présentation à l’entrée d’un test PCR négatif. Pour pousser le vice à son paroxysme, les membres du gouvernement vont imposer une fiche de renseignement à remplir pour tous les fidèles, nécessaires dit-on pour faire le suivi des cas contacts.
Le test PCR négatif est facturé à 5000 fcfa, ce qui revient à dire que chaque fidèle pour se rendre à l’église devra sortir 5000 FCFA de leur bourse déjà fortement impactée par la crise pour aller chercher le salut. Mais que fait-on alors des propos de Jessy Ella Ekogha porte parole de la présidence de la République qui pendant sa récente conférence a déclaré que les tests étaient gratuits pour les Gabonais économiquement faibles ?
Ces mesures aux dires de Guy-Patrick Obiang Ndong et de Lambert-Noël Matha « sont nécessaires pour lutter contre la propagation du virus et de maintenir la vigilance nonobstant l’effectivité de la tendance baissière ». Soit ! Ce qui paraît curieux par contre, reste l’inapplication de ces mesures dans des lieux à forte fréquentation tel que le marché de Mont-bouët ou les différents commerces souvent bondés.
Au marché de Mont-bouët pour ne citer que le cas que l’on connaît le moins mal, n’a reçu aucune restriction du gouvernement pourtant des milliers des personnes y vont chaque jour, sans respect des mesures barrières, sans gèle et souvent sans masque. Est–ce à dire que la lutte contre la Covid-19 ne se joue que dans les églises, les restaurants et éventuellement les écoles ? Doit-on comprendre que se rendre au marché ne présente plus aucun risque ? Matha veut-il nous faire croire que l’église est un potentiel foyer de contamination ?
C’est assurément la conclusion que l’on peut tirer de la position conjointement paradoxe du ministre de la Santé, Guy-Patrick Obiang Ndong et du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha. Car imposer un protocole sanitaire stricte dans un endroit contenant moins de 30 ans et dans le même temps, laisser des centaines de personnes potentiellement asymptomatiques circuler librement, sans respecter les gestes barrières, sans aucune mesure si ce n’est « lavez vous les mains régulièrement » relève du contresens.
Une antinomie notoire et manifeste qui consacre un manque de cohésion des deux membres du gouvernement chargés de la conception et de l’élaboration du protocole ayant abouti à cette mesure insensée. À 24h de la date d’ouverture officielle des lieux des culte, il est évident qu’aucune de ces mesures ne sera suivie à la lettre.
Le gouvernement Ossouka Raponda eu égard à ce qui précède ne peut avoir l’impudicité de demander aux Gabonais une once de cohérence, quand il s’est lui–même vautré dans l’irrationalité et la contradiction.