Le nouveau directeur général de la Marine marchande était sur les installations de GSEZ Mineral Port, le 27 octobre Owendo. Fidèle Angoué Mba a abordé avec les responsables du port minéralier plusieurs sujets dont l’état actuel du chemin de fer qui impacte négativement les activités du secteur minier. Dans l’interview ci-après, le patron de Marine marchande estime qu’«une autre ligne de chemin de fer qui serait dédiée exclusivement au transport des produits de mine, serait une bonne chose», pour limiter les déraillements enregistrés sur l’unique voie ferrée du pays, également dédiée au transport de marchandises et de personnes.
Gabonreview : Quel est l’objet de votre visite à GSEZ Mineral Port ?
Fidèle Angoué Mba : Comme vous le savez, la direction générale de la Marine marchande est l’autorité maritime nationale, le bras séculier de l’Etat en matière d’activités dans le secteur maritime. Donc, le point focal de l’Organisation maritime internationale (OMI). A ce titre, nous avons pensé qu’après la prise de nos fonctions, il fallait que nous fassions notre première sortie dans cette entité qui est très stratégique, dans la mesure où en 2009 le président Ali Bongo avait lancé l’opération de diversification de l’économie gabonaise en multipliant les partenariats à travers le monde. La Marine marchande étant un partenaire essentiel de GSEZ, il fallait que nous venions ici pour voir ce qui a été fait, ce qui se fait et les perspectives ; pour qu’en tant que Marine marchande, nous sachions à quel niveau nous pouvons les accompagner, pour jouer le rôle de facilitateur qui est celui de l’administration dans la mise en œuvre de la politique de modernisation et d’expansion de l’équipement logistique de cette entreprise. Voilà l’objet de notre visite.
Comment la Marine marchande va-t-elle aider cette entreprise à atteindre ses objectifs?
Il y a l’accompagnement au niveau technique parce que le rôle de la Marine marchande, entre autres, est de sécuriser les activités maritimes. Le secteur maritime est très concurrentiel et délicat, et notre rôle est de mettre à la disposition de GSEZ Mineral Port un certain nombre d’autorisations, comme celles en rapport avec le pilotage, le séjour, etc. L’administration est un facilitateur et nous sommes liés à GSEZ Mineral Port par une convention de cinq ans. Tous les six mois, une commission se retrouve pour regarder ce qui a marché ou non. La convention c’est un document, mais il encore mieux qu’un responsable de la Marine marchande se rende sur les installations du partenaire, pour toucher du doigt les avancées et constater si l’engagement pris est toujours le même. Par exemple, l’entreprise nous a présenté une situation selon laquelle la profondeur du tirant d’eau est de 5 m et, elle est donc obligée de faire du transbordement. Une telle opération est encadrée par la Marine marchande, pour être sûr, par exemple, que le tonnage qui a été déclaré soit celui qui a été transbordé. Voilà un exemple d’opération où la Marine marchande accompagne GSEZ Mineral Port.
L’Etat actuel du chemin de fer impacte négativement les activités du secteur minier…
Gouverner c’est prévoir. Et la gestion d’un Etat, une administration, n’est pas statique mais dynamique. Si vous regardez à l’époque du président Léon Mba, il y avait un tracé du chemin de fer dont l’orientation était vers Mekambo à cause du fer, et Moanda pour le manganèse. Ce projet a été matérialisé par le président Omar Bongo dans les conditions que vous connaissez. A cette période-là, beaucoup de gisements actuels n’étaient pas encore découverts. Et donc, les recherches minières continuant, on s’est rendu compte qu’en dehors de Moanda pour le manganèse, et de Mounana à l’époque pour l’uranium, il y a d’autres sites, à l’instar de Ndjolé. Or, ce minerai qui est à l’état brut, il faut l’exploiter et l’exporter. Il y a une partie qui est transformée à Moanda, au niveau de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog). Et l’autre partie destinée à l’export doit arriver au niveau de la mer. Or, nous n’avons qu’une seule ligne de chemin de fer qui n’était pas prévue pour une intense activité minière.
Notre rôle à nous, qui sommes un des maillons de l’Etat, est de relayer cette doléance pour permettre à l’opérateur, qui a les capacités financières, de financer une ligne jusqu’à la mine. Et d’ailleurs, depuis un certain temps, le gouvernement facilite les Partenariats-publics-privés (PPP). Une autre ligne de chemin de fer qui serait dédiée exclusivement au transport des produits de mine, serait une bonne chose. Cela permettra à la ligne actuelle d’être réservée uniquement au transport de marchandises et de personnes. Ce qui minimiserait les déraillements que nous enregistrons depuis un certain temps. A court, moyen et long terme, c’est une belle perspective et nous croyons que le gouvernement sera sensible à cette problématique.