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Ali Bongo face au bras de fer Gouvernement-Églises : Douche froide pour les sécurocrates
Publié le jeudi 29 octobre 2020  |  Gabon Review
Diocèse
© Autre presse par DR
Diocèse d’Oyem, le dimanche 25 octobre 2020 : le clergé et les fidèles imperturbables face à la Police.
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Le président de la République a intimé au gouvernement l’ordre de prendre langue avec les confessions religieuses. Pour les adeptes du tout-sécuritaire, c’est un cinglant désaveu.

Douche froide pour les sécurocrates du régime. Désireux d’éviter la prolongation du bras de fer, le président de la République leur a intimé l’ordre de prendre langue avec les confessions religieuses. Autrement dit, l’heure n’est plus à l’enfermement. Passé le temps des rodomontades, voici celui de la construction. Ayant menacé de déposer plainte contre des «personnes malveillantes», soupçonnées de se livrer à une «instrumentalisation politicienne» des événements, la Première ministre va devoir changer de braquet : à l’argument de la force, elle devra substituer la force des arguments. Ayant fait montre d’autoritarisme, les ministres en charge de l’Intérieur et de la Santé vont découvrir les charmes de l’ouverture. Ayant brillé par un certain unilatéralisme, ils vont devoir appliquer le principe de participation.

Refus de se mettre à l’écoute

Peu importe le fin mot de l’histoire, c’est un cinglant désaveu pour les adeptes du tout-sécuritaire. Certes, Ali Bongo a repris la rhétorique à la mode. Certes, il a mentionné le «vendredi 30 octobre» comme date de «réouverture des lieux de culte.» Certes, il a limité le périmètre des discussions au «protocole sanitaire.» Mais, dans ses relations avec le pouvoir spirituel, le pouvoir temporel devra faire preuve d’«esprit constructif.» Avant de décider, il devra consulter et écouter. En d’autres termes, il sera contraint d’intégrer trois principes fondamentaux : la souveraineté nationale appartient au peuple, y compris les croyants ; les affaires publiques ne relèvent pas de sa compétence exclusive ; les mesures législatives ou administratives ne peuvent être adoptées sans recueillir l’avis des concernés.

Pour sûr, Rose Christiane Ossouka Raponda arguera avoir salué «le civisme (des) croyants (et des) responsables religieux.» A coup sûr, Lambert Noël Matha rappellera ses rencontres avec l’archevêque de Libreville ou les responsables du Collectif des communautés, ministères et églises pentecôtistes, charismatiques et de réveil. Mais les errements de ces dernières semaines hanteront les esprits pendant quelques temps encore. Personne n’est prêt à oublier les menaces proférées à l’encontre des croyants. Pour longtemps, chacun se souviendra du déploiement des forces de défense devant les lieux de culte. Beaucoup garderont en mémoire cette image de bonnes sœurs aux prises à des policiers ou cette autre, présentant l’évêque d’Oyem face aux agents encagoulés et munis de boucliers. Fallait-il vraiment en arriver là ? Ayant suscité émoi et consternation dans l’opinion, ces scènes resteront à jamais la traduction de la tendance du gouvernement à tout régler par la force. Elles serviront aussi à illustrer son refus de se mettre à l’écoute.

Faire montre d’humilité

Pourtant, les églises ne se sont jamais opposées aux restrictions imposées sous prétexte de lutte contre la covid-19. Ayant toujours affirmé leur adhésion aux mesures barrières, elles étaient prêtes à mettre en œuvre les dispositions connues de tous : lavage des mains, distanciation physique et port du masque. Attachées à la liberté de conscience, elles voulaient réaffirmer leur droit de fixer librement leurs calendriers internes. Au-delà, elles entendaient les faire respecter. En ce mois d’octobre, dédié aux esprits tutélaires et à Notre-Dame du Rosaire, c’est-à-dire la Vierge Marie, l’église catholique avait une préoccupation spécifique : rappeler aux croyants leur devoir de collaborer à sa mission par la prière et le soutien financier. Comme n’a eu de cesse de l’expliquer son clergé, la date du 25 octobre n’a pas été choisie par caprice ou par défiance. Dans l’agenda catholique, ce dimanche était réservé à la «dédicace des églises consacrées.» Cette seule explication aurait dû amener le gouvernement à faire preuve de tempérance, de tolérance et de compréhension. Las…

Finalement, Ali Bongo a décidé de désamorcer la tension, prenant le contrepied de sa déclaration de la semaine dernière. Reste cependant à savoir si la Première ministre, le ministre de l’Intérieur et celui de la Santé sont disposés à faire montre d’humilité. Reste aussi à savoir s’ils peuvent reconnaitre s’être égarés en s’attaquant aux aspects liturgiques. Or, l’abbé Casimir Ondo Mba le leur a déjà rappelé : «La vie nationale doit être (…) (fondée) sur la confiance et non sur la force.» Comme il le leur a dit, «le caractère sacramental (du catholicisme) est très important.» D’où la nécessité de ne pas «balancer certaines notions n’importe comment.» Le gouvernement entendra-t-il ce message ? Quitte à abjurer ses propres vanités, il lui revient de créer les conditions du dialogue.
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