C’est le point de vue partagé par plusieurs leaders religieux à Moanda, dans le Haut-Ogooué (Sud-est), qui disent vivre une profonde désolation et même déception, après l’annonce des mesures relatives à la réouverture de lieux de culte, le 30 novembre prochain, faite par le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, au cours de la conférence de presse du gouvernement, le vendredi 16 octobre dernier.
Ils ne s’y attendaient pas. Alors que le Gouvernement annonce la réouverture des lieux de culte après plusieurs mois de fermeture, le constat est amer pour plusieurs leaders religieux à Moanda, le chef-lieu du département de la Lébombi-Léyou dans le Haut-Ogooué (Sud-est) comme dans les localités voisines, qui lisent dans l’action du Gouvernement une manière, semble-t-il, de paralyser l’église en rendant quasi irréalisable la célébration du culte ou de la messe dans les différentes congrégations.
De nombreux leaders dénoncent un acharnement des dirigeants à garder les églises dans le statut actuel pour des raisons inconnues. Sinon, comment demander qu’on se serve des services électroniques pour payer sa dime ou encore une enveloppe, quand dans d’autres manipulations des billets de banque, il n’en est pas le cas. D’autres rassemblements peuvent excéder les trente personnes et voire du temps de s’effriter, mais lorsqu’on est dans le cadre religieux, il faut rester dans la norme de trente personnes.
En jetant un regard sur les conditions de voyageurs de la Société d’exploitation du Transgabonais (Sétrag), on peut se demander à juste titre, pourquoi notre Etat est si pointilleux dès qu’il est question des congrégations religieuses. Toute chose qui inquiète plusieurs hommes de Dieu sur l’étendue du territoire national, en témoigne les nombreuses publications via les réseaux sociaux.
«Lorsque nous étions dans le pic de l’épidémie, l’église était derrière le Gouvernement pour la sensibilisation. Aujourd’hui, on ne nous fait plus confiance. Je suis déçu. On aurait dit que l’église est la propriété de l’Etat. Alors que dans la constitution, il y a le principe de la séparation des pouvoirs. Le gouvernement devait laisser les confessions s’organiser, le nombre de fidèles devait être fonction de la dimension des églises», s’est exprimé un leader religieux d’une église de réveil basé à Moanda, qui s’interroge par ailleurs comment des personnes qui ont du mal à s’offrir un repas décent, en parlant de démunis, peuvent réaliser un test covid-19 deux fois dans le mois.
«Je pense que le Gouvernement aurait dû s’assoir un peu pour demander conseil. C’est un sentiment de désolation en tant que prête catholique parce que ce qui fait l’église catholique c’est l’eucharistie, et quand on nous dit que nous allons faire une célébration sans communion, je ne sais pas s’ils comprennent ce qu’ils sont entrain de dire, et peut-être ne sont-ils pas suffisamment informés. Ils auraient quand même dû demander comment ça se passe, qu’est-ce que l’eucharistie ? Qu’est-ce que la communion ? Ce qui fait toute la sacramentalité de l’église c’est l’eucharistie, et quand on enlève une partie de l’eucharistie à un chrétien catholique il ne reste qu’une caricature», a affirmé pour sa part un prête catholique.
En dehors des serviteurs de Dieu, les chrétiens de leur côté se demandent pour beaucoup, si on ne risque pas d’empiéter sur la liberté du culte à la manière dont évolue la situation comparativement à d’autres pays. Pourtant, le Gabon vient d’être fraichement élu au Conseil de Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies. Un Etat souverain est-ce un Etat qui s’acharne contre la sacralité de l’Eglise? Dieu serait-il renié par nos autorités?