Sylvia Bongo a récemment fait démentir l’idée que des localités du septentrion, réputées bastions de l’opposition, étaient impraticables du fait d’être résolument hostiles aux Bongo. A la faveur de sa tournée dans le «Gabon profond», la Première dame s’est rendue à Minvoul, chez Daniel Mengara, l’intraitable cyber-opposant, et à Medouneu, chez l’inénarrable Mba Obame. Accueil chaleureux et surprenant dans les deux villes, dites citadelles de l’opposition.
Une légende bien répandue au Gabon veut qu’un hélicoptère qui amenait Omar Bongo à Minvoul, à la fin des années 70, n’ait pu s’y poser, la ville ayant disparu sous la forêt du fait de la volonté et des rituels des occultistes traditionnels de la localité. Mais cette fois, l’aéronef qui y amenait Sylvia Bongo Ondimba a pu s’y poser normalement, le 22 mai 2014.
Considérées comme des localités sous l’influence forte de quelques personnalités de l’opposition gabonaise, Minvoul et Medouneu ont, en effet, récemment reçu la visite de Sylvia Bongo Ondimba. Chose «impensable», puisque depuis la présidentielle anticipée de 2009, en passant par les locales de décembre 2013, ces villes sont déclarées viscéralement hostiles au pouvoir d’Ali Bongo.
Mais, dans le cadre de sa tournée dans le «Gabon profond» lancée le 12 mai 2014, la Première dame qui est de plus en plus la cible des critiques désobligeantes qui devraient, à priori, être adressées à son époux, a pris le risque d’être confrontée à la supposée hostilité des populations de ces deux localités.
Surprise : à Minvoul, bastion prétendu du Pr Daniel Mengara, un des plus virulents pourfendeurs du PDG et notamment de la politique d’Ali Bongo, la Première dame n’a été confrontée à aucune difficulté. Son accueil y a plutôt été l’un des plus chaleureux de la tournée, avec des chants, danses, cris et larmes de joie d’une intensité notée nulle part ailleurs durant cette tournée. À Medouneu, ville natale et fief d’André Mba Obame, l’opposant, secrétaire exécutif de l’Union nationale et frère-ennemi du président de la République depuis 2009, le constat a été le même : aucune manifestation d’hostilité de la part des populations de la localité, aucun signe d’une envie de boycotter l’action de la Première dame mais plutôt un accueil d’une affabilité déroutante.
Comme dans les douze autres structures sanitaires visitées, la Première dame a touché du doigt les conditions d’accouchement des femmes et la qualité des soins qui leurs sont administrés. Les difficultés sont identiques à celles rencontrées dans les autres maternités visitées du pays. Si à celle de Medouneu tout reste à faire, à Minvoul par contre les femmes enceintes seront soulagées sous peu. Un bâtiment devant abriter une nouvelle maternité est en cours de réhabilitation par les bons soins de l’Agence française de développement (AFD).
Organisée sous le thème «Toutes nos mamans comptent», la tournée Gabon Profond initiée par la Fondation Sylvia Bongo Ondimba (FSBO) pour la Famille visait un état des lieux en vue de proposer des solutions efficientes aux décideurs. Mais, au finish, les étapes de Minvoul et Meudouneu ont également permis autre chose : remettre en question la légendaire hostilité de ces villes envers le pouvoir central, démentir la notion de bastions, de citadelles impraticables de l’opposition. Ainsi, une ville, un arrondissement n’appartient nécessairement pas à une personnalité ou à une formation politique donnée qui en bloquerait l’accès au camp adverse. Le récent accueil fait à Sylvia Bongo Ondimba à Minvoul et à Medouneu dans le Woleu-Ntem, laisse donc à penser que la notion de fief, de ville exclusive est caduque, dépassée. Mais sans doute démontre-t-il également que les populations ne sont pas aussi politisées qu’on le prétend. Les faits sont résolument têtus.