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Pourquoi les révélations de Mediapart sur les confidences chocs de l’ex-patron d’Elf gênent l’opposition gabonaise et en particulier Jean Ping
Publié le mercredi 7 octobre 2020  |  LaLibreville.com
Loïk
© Autre presse par DR
Loïk Le Floch-Prigent, PDG, entre juillet 1989 et 1993, de la compagnie pétrolière française Elf
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Basées sur les confidences de l’ancien patron d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, entendu dans le cadre de l’affaire dite des biens mal acquis (BMA), des révélations du journal en ligne Mediapart confirment que de l’argent illicite du pétrole français a largement bénéficier à… Jean Ping, qui fut très longtemps le directeur de cabinet de l’ex-président Omar Bongo Ondimba. Des révélations qui tombent mal pour l’ancien le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016.

Au fil des semaines, les nuages sur la tête de Jean Ping ne cessent de s’amonceler.

Les derniers en date sont amenés par l’ex-patron d’Elf, de 1989 à 1993, Loïk Le Floch-Prigent. Entendu en France dans l’affaire dits des biens mal acquis après avoir déjà été condamné en 2003 à cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende pour des détournements de plusieurs centaines de millions d’euros dans le cadre de “l’affaire Elf”, l’ancien patron de la major pétrolière Elf devenue Total a confirmé au juge d’instruction français Dominique Blanc l’existence à l’époque d’un système de corruption entre la France, le Congo-Brazzaville, ainsi que le Gabon.

Dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, l’opposition gabonaise fait profil bas

C’était, il est vrai, une autre époque. Il y a une quarantaine d’années, Elf, adoubée par le pouvoir français, notamment Jacques Foccart, le monsieur Afrique de plusieurs présidents, aurait mis en place des financements illicites. M. Le Floch-Prigent pointe d’abord du doigt les dirigeants français de l’époque, coupables selon lui d’avoir cautionné, si ce n’est encouragé, ce système de corruption. Elf agissait, d’après lui, même comme un État dans l’État. Dans son viseur notamment, figure les ex-présidents français Giscard d’Estaing, Mitterrand et Jacques Chirac.

Pareilles révélations devraient réjouir l’opposition gabonaise. En réalité, c’est tout l’inverse. D’une part, parce qu’elles n’éclaboussent pas l’actuel président, Ali Bongo Ondimba, trop jeune à l’époque. D’autre part, parce qu’elle touchent au premier chef l’une de ses principales figures, Jean Ping. Le leader de la CNR, qui n’a toujours pas fait son deuil d’une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2023, a été le principal pilier du système à l’époque. Il fut en effet longtemps le directeur de cabinet de feu le président Omar Bongo (de 1984 à 1990), avant d’être propulsé ministre notamment des Mines et des Affaires étrangères, puis président de l’Assemblée nationale. Une carrière riche qu’il doit à un seul homme : feu Omar Bongo Ondimba.

Jean Ping, principal bénéficiaire dans l’entourage de feu Omar Bongo

Or, des extraits du procès-verbal de Le Floch-Prigent, entendu le 15 novembre 2019, qui viennent d’être publiés par le journal en ligne Mediapart, révèlent que parmi les principaux bénéficiaires dans l’entourage de l’ex-président des financements occultes d’Elf, Jean Ping figure en première ligne.

Mais, insiste l’ex-patron d’Elf, les dirigeants gabonais de l’époque n’étaient pas les seuls à avoir été financés par l’argent du pétrole. C’est le cas également de l’opposition qui selon ses dires a été « grassement rétribuée ».

Souvent, ceux qui se prétendent des parangons de vertu sont en réalité les moins exemplaires

Au final, les révélations de Loïk Le Floch-Prigent permettent de porter un éclairage sur certains pans obscurs de l’Histoire du Gabon. Mais leur intérêt demeure purement historique. Pareils systèmes aujourd’hui, en dépit de certains fantasmes journalistiques, n’existent plus. Total, le successeur d’Elf, n’est plus qu’un acteur parmi d’autres de l’industrie pétrolière au Gabon et ses pratiques ont radicalement changé. Tout comme d’ailleurs celles des autorités gabonaises qui, depuis l’élection en 2009 du président Ali Bongo Ondimba, ont pris le virage de la transparence et à la bonne gouvernance comme le montrent la lutte acharnée contre la corruption menée dans le cadre de l’opération Scorpion et autres, ou encore l’adhésion à venir du pays à l’initiative pour la transparence des industries extractives et minières .

Mais les révélations de M. Le Floch Prigent ont également un autre mérite : celui de rappeler que, souvent dans l’Histoire, ceux qui se présentent comme des parangons de vertu sont en réalité les moins exemplaires. Jean Ping, l’ex-pilier du régime Omar Bongo, devenu sur le tard opposant après avoir été écarté du pouvoir, n’y fait apparemment pas exception.
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