Cette semaine, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, a reçu des mains de son épouse, Sylvia Bongo Ondimba, fondatrice de la Fondation éponyme, une Stratégie de promotion des droits de la femme et de la réduction des inégalités femme/homme. Élaborée par une équipe pluridisciplinaire, celle-ci contient 33 mesures réparties en six domaines (éducation, santé, droit de la famille, politique, économie, violences faites aux femmes) à mettre en œuvre sur une période de 3 ans. L’objectif renforcer les droits des femmes et lutter contre les inégalités entre les genres au Gabon. Des propositions, aussitôt endossées par le chef de l’Etat qui y voit une opportunité pour donner une « nouvelle impulsion » à la Décennie de la femme lancée en 2015. Celui-ci a donné instruction au gouvernement de faire le nécessaire pour les retranscrire en droit et les rendre applicables dans les faits. Voici celles qui concernent les violences faites aux femmes.
Constat
Les femmes gabonaises sont confrontées à plusieurs formes de violence avec une forte prévalence des violences sexuelles et économiques. Ainsi, les femmes représentent 90% des victimes de violences sexuelles et 83% des victimes de violences économiques.
La répression des types de violences se fait exclusivement sur la base des dispositions du Code pénal qui n’est pas toujours adapté pour permettre une prévention et une répression efficaces ainsi qu’une protection des victimes.
Une loi spécifique aux violences subies par les femmes et qui offrirait un régime adapté pour les violences basées sur le genre au Gabon reste à déplorer.
Les femmes en situation de veuvage (largement majoritaires parmi les conjoints survivants) subissent des pratiques extrêmement discriminatoires avec notamment le lévirat qui consiste à épouser le frère du défunt mari.
Il existe peu de structures offrant aux victimes de violences une prise en charge médicale et psycho-sociale. Les femmes rencontrent également des difficultés lors de la prise en charge judiciaire, ce qui entrave la reconnaissance de ces violences.
En effet, dès les premières étapes de la prise en charge judiciaire, la police ne dispose pas des moyens humains et techniques pour couvrir le territoire de manière adéquate et les personnels de police ne sont pas tous formés à la prise en charge de ce type de violence.
En complément des structures des forces policières, le modèle de clinique juridique offrant un triple accompagnement à la fois médical, psycho-social et juridique constitue une initiative intéressante car elle permet d’agir à la fois sur l’insuffisance des infrastructures
d’accueil et d’améliorer le taux de poursuite judiciaire en accompagnant les victimes tout au long de leur parcours judiciaire.
Recommandations majeures
– Adopter une loi spécifique relative aux violences faites aux femmes dans laquelle la spoliation des veuves serait assimilée à une violence économique et assortie de sanctions pénales et de mesures de protection.
– Améliorer la prise en charge juridique des victimes en facilitant la procédure d’accueil dans les commissariats et en mettant en place des cliniques juridiques pour les accompagner dans le dépôt de la plainte.
– Créer un refuge pour les mères victimes de violences et leurs enfants qui leur offrirait une solution d’hébergement d’urgence, les orienterait vers les structures adéquates pour engager des démarches judiciaires et les accompagnerait vers l’indépendance économique.