La culture, une source motrice de l’économie, un secteur à fort potentiel d’emploi. L’entrepreneuriat artistique, l’industrie musicale, un important pourvoyeur de revenus. Mais comment redynamiser ce secteur? Comment permettre à un artiste de rentabiliser et vivre pleinement de son art? Selon Magali Palmira Wora, riche d’une vingtaine d’années d’expérience dans le management artistique, le secteur n’est pas suffisamment compétitif et mérite une définition plus ambitieuse. De passage le mardi 22 septembre 2020 sur Le Canapé Rouge de Gabon Media Time, Magali Palmira Wora, a glissé dans son analyse d’une industrie musicale gabonaise peu reluisante, quelques pistes de solutions pour rendre à ce secteur ses lettres de noblesse. Ci-dessous, les points relevés.
1 – Les acteurs ont besoin d’un cadre de sécurité social
Selon Magali Wora, représentante francophone de la chaîne de télévision musicale MTV Base Africa, malgré la présence de studios d’enregistrement et d’espaces de représentation, on ne saurait parler d’une réelle industrie musicale sans prendre en compte le cadre de sécurité sociale de l’artiste. « Cela crée une sécurisation de toutes les personnes qui travaillent dans le secteur », a-t-elle martelé. De surcroît, le cadre de sécurité permettra aux organisateurs de spectacle de mieux cerner les règles de sécurité.
2 – Avoir un agrément professionnel
Non, un organisateur de spectacle n’est pas « un charlatan ». L’organisation de spectacles ne s’improvise pas. A en croire celle qui a été directrice de casting pour The Voice Afrique Francophone saison 2, pour avoir le droit de faire un spectacle, tout organisateur devrait bénéficier ou posséder un agrément professionnel. Un sésame qui lui ouvrirait les portes du monde du spectacle tout en lui donnant les clés d’une organisation sécurisée.
3 – Artistes et managers doivent cerner et comprendre leurs droits et devoirs
Les artistes en particulier et acteurs culturels en général, ont besoin de visibilité et d’anticipation. Cette tâche relève des compétences d’un manager, dont le rôle et les missions vont bien au-delà de la simple vente et promotion des musiques. « Beaucoup d’artistes pensent que le manager est un simple exécutant. Pourtant sa mission va plus loin, dans une action d’accompagnement, de construction de planification stratégique », explique-t-elle. Si elle regrette le fonctionnement « erroné » de la relation artiste-manager au Gabon, elle est d’autant plus attristée par l’attitude de certains artistes. « L’artiste lui-même ne connaît pas ses droits et ses devoirs. Il ne connait même pas son métier ».
A ce titre, elle continue en disant que le manager n’est pas une personnalité publique. Sa place est « dans l’ombre pour faire fonctionner l’artiste, pour le rendre efficace, pour accompagner et développer l’artiste ». Le manager n’est pas l’artiste, encore moins la star.
4 – Etre ambitieux, se challenger à l’international
On le rappelait plus haut, le secteur mérite une définition plus ambitieuse. L’ambition, c’est là toute la différence. Le manque de grandes ambitions serait apparemment l’un des principaux obstacles au développement de la carrière d’un artiste au Gabon. En tout cas, c’est ce qu’a laissé entendre cette ancienne secrétaire du label Zorbam Productions. Selon elle, la nouvelle génération d’artistes gabonais ne rêve pas grand. Contrairement aux générations passées, les artistes gabonais du moment font preuve d’une faible capacité à se challenger à l’international.
« Il y a pourtant une bulle créative qui n’est pas exploitée de manière qualitative parce qu’elle se focalise sur le marché gabonais, plutôt que de chercher à se challenger à l’international », explique Magali. Elle pointe par ailleurs du doigt l’absence d’outils compétitifs, de managers formés, équipés, suffisamment organisés et dotés d’une assez bonne connaissance de l’échiquier international. « On a des managers qui sont beaucoup plus de gombistes que des challengers », a-t-elle martelé.
5 – Privilégier la distribution digitale aux majors
Avec l’arrivée de Gstore Music, plateforme de vente et de promotion de la musique au Gabon, on assiste à une meilleure compréhension et exploitation des plateformes digitales de la musique de la part des artistes. C’est une bonne chose, selon Magali Wora, car « opter pour la distribution digitale est indispensable pour tout artiste indépendant ». Cela lui permettra de pouvoir vivre de son art. Les plateformes digitales consommées à l’international quant à elle sont un levier pertinent pour permettre à l’artiste d’élargir sa fan base à l’international.