Réagissant à la suite de la nomination récente de Marc Logan Tchango aux hautes fonctions de Conseiller spécial du président gabonais, le jeune leader politique et initiateur de la marche du pardon de la jeunesse au chef de l'état, Jeff Clio Moulengui Mouélé, par ailleurs militant du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a exprimé, dans une tribune libre, son indignation et son mécontentement. Pour lui, il s’agit d’une «provocation de trop».
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«Il y a certes dans les rhétoriques de campagnes présidentielles, des habiletés tactiques, des promesses qui se doivent d’être tenues. Mais quand la crainte de se voir déposséder une victoire à laquelle on a lourdement contribué se fait ressentir, quand il est offert tout aux nouveaux, et même pas le service minimum aux anciens, il faut monter au créneau et dire ça suffit !
C’est donc en ma qualité de simple militant auquel je suis désormais réduit, ancien président de comité (2004), ancien secrétaire de section, ancien membre de fédération, ancien membre du comité central, président de bureau de vote pour le compte de la majorité présidentielle en 2009 et vice-président en 2016 et soutien lucide du président de la République, Chef de l’Etat Son Excellence Ali Bongo Ondimba, que je viens porter mon indignation et mon immense frustration face à ce que je qualifie d’injuste, c’est à dire la nomination de notre jeune frère Marc Logan Tchango au poste de conseiller spécial du président de la République, lors du dernier conseil des ministres, qui est, il faut le dire, une récompense imméritée.
Si l’ouverture est la caractéristique des âmes fortes, alors oui, je suis pour l’ouverture. Je suis même, pour aller très loin, dans l’ouverture jusqu’aux fidèles soutiens du président Ali Bongo Ondimba que nous sommes, voyez-vous! Parce que sans nous, rien n’aura été possible aujourd’hui, même pas la nomination de Marc Logan Tchango.
Quand j’ai en mémoire toutes les phases difficiles que nous avons traversées depuis 2009 jusqu’ici notamment, les décès des leaders charismatiques tels que Mba Obame, Pierre Mamboundou, Mboulou Beka, qui ont altéré l’image du chef de l’Etat. La venue de la coalition pré-campagne de Jean Ping, l’élection présidentielle, les émeutes post-électorales, la résistance, les turbulences sur l’état de santé du président de la République, la vague Ajevienne et ses buts inavoués, je me dis que la fidélité n’est pas nécessairement le contraire de la compétence. Car en ce moment, il fallait non seulement être compétent, mais surtout fidèle. Nous n’avons vu aucun de ces personnages. On a comme l’impression que la fidélité c’est pour les sentiments et la compétence pour le gouvernement.
L’ouverture c’est bien, mais quand elle se fait à notre détriment, nous la stigmatisons. Je suis à 200% pour l’ouverture, mais il faut toutefois avoir des gestes rassurants pour les siens, c’est très important. Marc Logan Tchango ne peut pas plus se devoir au Gabon aux côtés du chef de l’Etat que nous autres. À vouloir être une force de rassemblement, on devient une force d’exclusion. Exclusion des fidèles. La vérité est que la plupart des sourires qui accueillent cette nomination, sont des sourires jaunes.
Je considère que c’est une faute politique d’avoir ramené Biendi Maganga Moussavou et Marc Logan Tchango au PDG, de surcroît en faire respectivement des membres du bureau politique, ministre de l’Agriculture et Conseiller spécial du président. C’est pire que du mépris pour ceux qui ont cru au Chef. C’est mettre en tort nos choix, c’est mettre en cause nos convictions. Nous n’avons rien contre les personnes de Marc Logan Tchango et Biendi Maganga Moussavou, nous demandons simplement la récompense de nos efforts, nous le méritons.
Et s’il faut le dire, on ouvre pour déstabiliser un peu plus les camps d’en face et se rallier des talents. Or, je n’en vois aucun. L’ouverture ne réussit que si c’est une stratégie et pas une tactique. Entre les personnalités de l’opposition et la génération des cinquantenaires, les jeunes pro-Ali sont très largement sous représentés. Une ouverture qui est d’autant plus inquiétante qu’elle semble se résumer qu’à de petites opportunités et des coups médiatiques. La mise en œuvre d’une stratégie d’ouverture doit tenir toute la durée d’un mandat et doit signer une nouvelle manière de gouverner. Ici c’est le contraire qui est constaté.
On consent beaucoup d’efforts au détriment de ses premiers alliés. Quand on observe Imothep Ben Moubamba, Raymond Ndong Sima, et les autres, peut-on dire que cette ouverture y a apporté une valeur ajoutée? Il est illusoire de croire que l’ouverture fait bouger les lignes politiques d’un iota. Quelques soient leurs qualités, ces personnalités n’apportent jamais que leurs noms et certainement pas de voix. Cela est d’ailleurs le cas de tous les concernés au regard des dernières législatives. Je peux même faire le pronostic que notre majorité n’en tirera pas plus de bénéfices à la présidentielle».