Le Gabon peine à obtenir des résultats probants dans la lutte contre le paludisme. La maladie continue de faire des ravages, le pays n’est plus éligible à certains financements. Le déficit des données sanitaires et la mauvaise gestion des fonds alloués seraient à l’origine de cette situation.
Le paludisme poursuit allègrement sa macabre campagne de contamination, malgré le dispositif de la riposte engagée depuis 25 ans. Selon Steeve Essanga, responsable communication du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), qui s’exprimait sur les antennes de Radio Gabon, «le constat est que beaucoup de choses n’ont pas bougé parce qu’on est toujours un pays à transmission stable tout au long de l’année».
Les chiffres du PNLP du mois d’avril dernier par exemple indiquent 467 décès dus au paludisme dont 75 % concernent les décès d’enfants. Mais ces chiffres, soulignait le Dr Karl Imboumy-Limoukou, étaient largement sous-estimés «du fait que non seulement les populations souvent préfèrent gérer les cas de paludisme à la maison mais aussi la difficulté de compiler les données à l’échelle nationale».
Le Gabon, a fait savoir Steeve Essanga, est toujours à la phase contrôle, «au stade où la maladie est très fréquente et les populations en pâtissent encore beaucoup». Cet état de chose tiendrait de la pluviométrie, il pleut abondamment dans le pays et la pluie facilite la reproduction des moustiques, vecteurs de paludisme. Le pays est également privé des financements nécessaires pour la lutte contre cette maladie. Le pays n’est «plus éligibles au Fonds mondial», a-t-il indiqué, précisant que cette situation tient à trois faits.
«Le premier point c’est que nous sommes un pays à revenus intermédiaire. Le 2e point souligné par le Fonds mondial, c’est la qualité de nos données». A en croire son propos, le Gabon a du mal à avoir le réel taux des personnes atteintes de paludisme à cause de la propension de certains, à privilégier l’automédication.
«Si une maman a un enfant qui fait le palu à la maison, elle lui administre des médicaments mais l’enfant meurt finalement, on n’aura jamais cette donnée. Du coup, on a des difficultés à avoir certaines données», a-t-il expliqué. «Le 3e point c’est un problème de gestion parce que lorsque le Fonds mondial était présent, malheureusement les gens n’ont pas bien géré les fonds», a-t-il avoué.
Aujourd’hui, le PNLP cherche des stratégies pour que les bailleurs de fonds reviennent à de meilleurs sentiments. Pour mobiliser des ressources, il compte tenir une table ronde durant le mois de novembre afin d’amener les entreprises et différentes entités locales à financer la lutte. «Je pense que lorsque nous aurons émis des signaux forts en distribuant par exemple les moustiquaires à une population considérable, lorsque nous allons arriver à poser ces actes, j’en suis convaincu, le Fonds mondial va dire, le Gabon est en train de faire des efforts il est temps pour nous aussi de repartir lui donner un coup de pouce», croit-il savoir.