Outre le climat délétère marqué par les crimes rituels récurrents à Fougamou et un regard rétrospectif sur le parcours du Gabon en 60 ans d’indépendance, Fréderic Massavala a brossé un tableau peu reluisant de la situation socio-politique et économique du Gabon, le 25 août à Libreville. L’ancien allié de Jean Ping entend porter avec les compatriotes de tous bords ce qu’il présente comme le renouveau du Gabon.
Taciturne depuis un bon moment, Fréderic Massavala a brisé le silence, le 25 août, pour se prononcer sur la situation sociopolitique et économique du Gabon. L’ancien allié de Jean Ping s’est lancé dans une analyse du climat délétère dans le département de Tsamba-Mangotsi. Un contexte marqué par les crimes rituels et la guéguerre entre les hommes politiques de cette localité dont il est originaire.
Crimes rituels et rivalités politiques dans le Tsamba-Mangotsi
«À Fougamou se pose un problème de l’entendement et de la conception du leadership. À tort, certains pensent qu’être reconnu comme leader, c’est écraser tout le monde, c’est veiller à ce que rien ni personne n’émerge et ne gesticule autour de soi. Dès lors, les réseaux sociaux constituent le réceptacle rêvé de règlements de comptes qui cachent mal le dépit de la pluralité. Alors, tout y passe», a-t-il regretté.
A en croire l’ancien ministre d’Omar Bongo, «les accusations, les contre-accusations en la matière, le pyromane criant plus fort au feu, oubliant que le Gabon est une maison de verre où tout se sait et que la vérité n’a pas de tombe. Se greffe à cette lutte effrénée pour le leadership, les assassinats, les disparitions, les enlèvements d’enfants. Tout ceci n’augure rien de bon et jette l’opprobre sur une localité, et partant, sur un pays avec des pratiques inconnues dans nos mœurs». Face à ce déplorable tableau, Massavala Maboumba estime que «seuls, les enseignements fondés sur la foi en Dieu peuvent restituer aux hommes un minimum d’humanité».
Électricité et routes comme révélateurs d’une gouvernance «minorée»
Jetant un regard rétrospectif sur le parcours du Gabon après 60 ans d’indépendance, l’ancien porte-parole de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) s’est étendu sur l’électrification du pays, s’appuyant notamment sur les projets en léthargie du barrage hydroélectrique de Fe2 à Mitzic dans le Woleu-Ntem et de la Centrale hydroélectrique chutes de l’impératrice Eugénie (CDI) près de Fougamou. Ajoutant à sa diatribe le manque d’électricité criard dans les 6 arrondissements de Libreville, l’ancien prisonnier politique conclu «qu’au delà des verbeuses phraséologies, ceux qui dirigent notre pays ont une conception extrêmement minorée de leur mission».
Fréderic Massavala s’est également montré sans complaisance sur l’état du réseau routier national. «Nous voyons dans l’Estuaire, comme dans toutes les provinces du Gabon, les axes routiers sont à l’abandon. Il n’y a donc pas lieux de nous réjouir d’un tel tableau de nos routes. Sauf à nous mentir nous-mêmes», a lancé celui qui n’a quitté le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) qu’en janvier 2016, huit mois avant une élection présidentielle que nombreux croyaient acquise à Jean Ping.
Espoir pour le Gabon et autopromotion
L’homme croit tout de même à un avenir radieux pour le Gabon, fondé sur l’énorme potentiel économique du pays. «Le Gabon ira de l’avant. Il honorera le rendez-vous du donner et du recevoir, au village planétaire favorisé par la mondialisation. Et ce Gabon requerra la contribution de tous ses enfants, sans exclusion. Il nous faut tordre le coup à la conception manichéenne du combat politique. Parce qu’il n’y a pas un camp méchants et un autre des gentils», a-t-il lancé appelant à la libération de ses anciens codétenus, Bertrand Zibi Abeghe et Pascal Oyougou, emprisonnés depuis 2016. Ces compatriotes, a-t-il déploré, «ont déjà payé un lourd tribu. Le pays, leurs familles ont besoin d’eux».
Un tantinet narcissique quant à ses compétences et la force de ses idées, celui qui se définissait, en novembre dernier, comme un opposant capable de dialoguer avec le pouvoir, dit avoir encore quelque chose à offrir à son pays. «La force et la fulgurance de mes idées n’ont pas été arrêtées par les murs de la prison. Oui hier comme aujourd’hui, comme demain je me sens apte à apporter ma modeste contribution, dans une ambition collective au milieu d’autres patriotes dans la conquête et l’exercice d’un pouvoir tout dévoué au bien du peuple gabonais», a-t-il conclu avec des effluves de plaidoyer pro domo.