Secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires depuis mai 2020, Prospère Ekomesse Nguema est arrivé à la tête de cet organisme avec de bonnes intentions dont celle de matérialiser les réels objectifs et prérogatives de l’ARTF. Seulement, les seules bonnes intentions ne suffisent pas. Ecarté de la gestion de cette entité par son prédécesseur nonobstant son statut de Secrétaire exécutif adjoint, Ekomesse Nguema découvre dès sa prise de fonction une maison laissée en lambeau par les anciens dirigeants. Prédécesseurs qui en raison de leur boulimie financière mettent l’actuel homme fort de l’ARTF dans une situation délicate, rendue encore plus inconfortable par le fait qu’il n’ait étrangement pas les mêmes facilités de gestion que ceux ayant occupé cette fonction avant lui.
Prospere Ekomesse Nguema a–t-il les coudées franches comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs ? Visiblement non ! Pour preuve, l’essence de l’arrêté 61/MTEIH/MER fixant les modalités de gestion du compte d’affectation la TVA collectée sur l’activité de transport ferroviaire du fret de marchandise réalisé par la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag).
Ledit texte fait à Libreville exactement le 23 juillet 2020 et signé du ministre des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat Léon Armel Bounda Balonzi, du ministre de l’Economie et de la Relance Jean Marie Ogandaga, dispose en son article 5 que « Tout décaissement sur le compte de la TVA- Setrag sur le fret marchandise doit être autorisé par le Président du Comité de suivi de la concession pour la gestion et l’exploitation du chemin de fer Transgabonais, sur la base du rapport mensuel produit par le bureau d’Études et de contrôles des travaux ». Dit autrement, l’actuel dirigeant de l’ARTF n’a aucune mainmise sur la manne financière issue de la TVA. Il doit donc tout attendre du président du comité de suivi.
Un texte qui contraste avec l’arrêté 33/MTEIH/MER en vigueur quelques mois plus tôt, en avril 2020 notamment bien avant la prise de fonction de Prospere Ekomesse, qui par le truchement de l’article 5, donnait tous les pouvoirs au Secrétaire exécutif de décaisser les fonds du compte de la TVA. « Tout décaissement ou encaissement effectué par le comptable est au préalable validé par le Secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires et contresigné par la SETRAG ». Ce dernier, contrairement à l’arrêté 61, donne toute latitude au SE de décaisser des fonds à la seule condition que la demande soit signée et validée par la Setrag. C’est donc sur la base de ce régime dérogatoire que Karine Cecilia Arissani a administré l’ARTF une partie de son passage.
A noter que cet arrêté 33/MTEIH/MER a remplacé l’arrêté 12/MTEIH/MER qui pour sa part, exigeait pour tout décaissement, les signatures cumulées des ministres des Transports et de l’Economie, celle du Secrétaire exécutif de l’ARTF et enfin celle de la Setrag. On peut donc aisément déduire que de tous les dirigeants de l’ARTF, Prospère Ekomesse est celui dont l’accès aux financements de l’entité est encadré de façon rigoureuse. Ce qui par voie de de conséquences, ne lui permet pas d’agir avec promptitude, célérité et efficacité.
Il est important de noter que l’ARTF fonctionne généralement sous le prisme de trois (3) principaux financements. Desdits financements, on compte la redevance, la subvention de l’Etat et le fonds de prestation à travers la TVA, crée du temps de Justin Ndonndangoye, ancien ministre des Transports et affecté essentiellement au soulagement des salaires. Ces sources de financement ont fait l’objet avant son arrivée d’une utilisation outrancière et presque déraisonnée.
A son arrivée et c’est important de le souligner, Prospere Ekomesse, trouve le fonds de redevance consommé à hauteur de 70%. Le fonds de prestation à travers la TVA pour sa part destiné à payer une partie des salaires aurait lui, fait l’objet par son prédécesseur d’un usage particulièrement étrange. « Celle qui occupait cette fonction avant l’actuel SE a anticipé 3 paiements de garantie de salaire des agents pour on ne sait quelle raison. C’est–à–dire les mois d’avril, mai et juin à raison de 70 millions le mois. Je vous laisse faire le calcul » nous révèle une source interne de l’ARTF.
Ce sont donc pas moins de 160millions de Francs CFA qui auraient été décaissés du fonds de prestation à travers la TVA par l’ancienne dirigeante de l’ARTF pour payer les mois de Mai et Juin alors qu’elle n’était plus en poste dans cette entité. Curieux. les fonds ont-ils été laissés dans les comptes? Apparemment non. C’est du moins ce que laisse entendre cette autre source de l’ARTF. « Après ce décaissement étrange, il ne reste plus que 210 millions pour payer les salaires de mai et juin. Le SE aurait bien voulu anticiper, mais les restrictions de l’arrêté 63 ne lui donnent aucune marge » explique–t-elle d’abord avant de poursuivre, « il est pied et main lié, du coup, il doit attendre que le Président du Comité de suivi valide le décaissement pour régler certains soucis qu’il a hérités de l’ancienne direction ».
A ces retards de salaires consubstantiels à la gestion peu orthodoxe du fonds de prestation à travers la TVA vient s’ajouter l’affaire du prêt BGFIBank contracté par Karine Cecilia Arissani ancienne Secrétaire exécutive pour l’achat de 14 véhicules véhicules de fonction sans oublier l’important déficit laissé sur le compte principal de deux trimestres de crédits impayés en raison de 45 millions sensiblement. Des patates chaudes que Prospere Ekomesse se retrouve à gérer, à son corps défendant et contre son gré pour remettre la maison ARTF sur de bons rails, nonobstant cet arrêté 61/MTEIH/MER fixant les modalités de gestion du compte d’affectation la TVA qui ne lui laisse que très peu de marge de manoeuvre.