Si Ali Bongo, lors de son discours à la nation prononcé le 16 août, a présenté le Gabon comme «l’un des pays d’Afrique où l’administration numérique est la plus développée», le président de la République n’a pas fourni de chiffres permettant de soutenir son affirmation, d’autant plus que sur le terrain, les usagers de l’administration gabonaise continuent de subir les mêmes tracasseries d’il y a 10 ans au moins.
Son ambition est grande : faire du Gabon «un pays doté d’un État moderne». Seulement, Ali Bongo consent-il suffisamment de moyens pour matérialiser cette ambition, notamment dans le domaine de l’administration numérique qui dans plusieurs pays à travers le monde a permis de booster significativement le développement ? Des doutes subsistent au regard des tracasseries habituelles auxquelles les usagers de l’administration publique continuent d’être soumis, même 10 ans après son accession au pouvoir. Aux yeux de certains Gabonais et investisseurs étrangers, l’administration gabonaise est loin d’être la plus performante et parmi les moins modernes du continent.
Pourtant, ce dimanche 16 août, le chef de l’État a affirmé le contraire. Pour lui, «le Gabon est aujourd’hui l’un des pays d’Afrique où l’e-administration est la plus développée». Il invite par ailleurs les services chargés de la mise œuvre de l’administration numérique à «prolonger et intensifier» les efforts dans le domaine.
Mieux, se basant sans nul doute sur le déploiement de la fibre optique sur l’ensemble du territoire, dans le cadre du projet Backbone national gabonais (BNG) qui vise entre autres l’interconnexion du réseau de l’administration gabonaise, Ali Bongo a annoncé le passage à la deuxième phase du développement de l’e-administration. Il entend digitaliser le service public.
«L’objectif est de faciliter votre quotidien en simplifiant au maximum les démarches administratives et rendre disponibles les services de l’État en tout lieu, en tout temps, et avec une efficacité accrue, à l’occasion d’événements heureux comme les mariages ou la naissance d’un enfant, ou d’événements plus malheureux comme les décès», explique-t-il.
Seulement, s’il assure que les infrastructures numériques développées ces dix dernières années ont permis à son pays de se revendiquer comme un de ceux dont l’administration numérique est la plus développée de l’Afrique, le président n’a fourni aucun chiffre pour étayer son affirmation.
Il n’empêche, en 2017, le Gabon a gagné 10 places dans le classement mondial des TIC pour se positionner comme le 6e pays le plus connecté du continent africain, 1er en Afrique centrale, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence spécialisée de l’ONU pour les TIC. Jusque-là, le pays n’est pas véritablement parvenu à en faire profiter entièrement son administration. Plusieurs villes de l’intérieur du Gabon sont encore mal ou pas couvertes en Internet, et les procédures administratives antérieures aux années 2000 sont toujours d’actualité.