Après une première salve d’acquisitions en 2017, le groupe pétrolier franco-britannique vient de mettre la main sur de nouveaux actifs, cédés par l’opérateur historique Total. Peu à peu, il se rapproche de la position de leader du marché.
C’est par le biais d’un communiqué diffusé le 29 juillet dernier que le groupe pétrolier français Total a annoncé que sa filiale Total Gabon, détenue à 58 %, a signé un nouvel accord avec Perenco en vue de céder ses participations dans 7 champs offshore matures non opérés, ainsi que ses intérêts et le rôle d’opérateur dans le terminal pétrolier du Cap Lopez.
La production des actifs cédés par Total Gabon s’élève ainsi à environ 8 000 barils de pétrole par jour en quote-part SEC en 2019. Le prix à payer par Perenco ? Entre 290 et 350 millions de dollars, en fonction des prix futurs du Brent.
En mai 2017 déjà, Total, qui est présent au Gabon depuis plus de 90 ans et dont la production SEC s’est élevée à environ 33 000 barils d’équivalent pétrole par jour en 2019 (soit 25 % environ du marché), avait choisi de céder une bonne partie de ses actifs au franco-britannique Perenco.
Celui-ci avait racheté à la major française, pour 350 millions de dollars (330 millions d’euros), cinq champs en exploitation au Gabon, représentant quelque 13 000 barils par jour, ainsi que des participations dans des blocs d’exploration.
Aujourd’hui, le cumul de ces différentes acquisitions permet aujourd’hui à Perenco d’entrevoir la position de premier opérateur pétrolier au Gabon.
Vision industrielle de long terme
Il n’y a pas que les majors du secteur à faire confiance à Perenco (Total au Gabon, Exxon Mobil ailleurs, etc.). Avec le temps, les autorités gabonaises ont appris à travailler avec ce nouvel opérateur dont elles apprécient la fiabilité et la vision de long terme. « Nos rapports avec le management de Perenco sont à la fois francs et fluides. Ils ont une approche plus industrielle que financière. Par surcroît, ils s’inscrivent sur le long terme contrairement à d’autres qui cherchent à faire des coups et maximiser à très court terme leurs profits », explique-t-on du côté du ministère du Pétrole, piloté par Vincent de Paul Massassa.
« Perenco est en outre membre de l’EITI (Extractives Industries Transparency Initiative, NDLR). Donc, tout ce qu’il fait est rigoureusement contrôlé. Cela permet d’éviter certaines dérives », ajoute un expert du secteur, expatrié, basé à Port-Gentil.
Opérateur franco-britannique fondé en 1975 par Hubert Perrodo (décédé en 2006) et dirigé aujourd’hui par son fils, François, Perenco opère plus de 3 000 puits sur deux continents, l’Afrique et l’Amérique du sud, pour une production brute de près de 500 000 boepd (barils extraits chaque jour). En Afrique, où il tisse sa toile acquisition par acquisition, le groupe est présent au Gabon, mais aussi au Cameroun, au Congo, en RDC et en Tunisie. Le continent africain représente aujourd’hui près de 45 % de sa production total.
Un important projet de développement au Gabon
Au Gabon, Perenco travaille désormais au développement d’un « important projet industriel », en sus de celui du terminal de Cap Lopez, tombé en juillet dans son escarcelle. Sur ce dernier terminal, la volonté de Perenco est de moderniser l’infrastructure pour en augmenter les capacités. Nul besoin, selon le management, d’en créer un autre. Le pays compte actuellement six terminaux pétroliers contre deux seulement en RDC. « Nul besoin d’en ajouter un nouveau. C’est autant une question de rentabilité économique que de respect de l’environnement », explique un haut-cadre de Perenco.
Ce qui n’est manifestement pas pour déplaire aux autorités gabonaises qui ont fait de la défense de l’environnement et de l’exploitation durable et responsable des matières premières l’un de leurs axes de développement prioritaires.