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Lettre ouverte de la Conasysed au Premier ministre Ossouka Raponda
Publié le vendredi 31 juillet 2020  |  Gabon News
Simon
© InfosGabon par DR
Simon Nong Edzo
Délégué général de la CONASYSED
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La Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education (CONASYSED) a adressé une correspondance ouverte au premier ministre gabonais pour dire non à l’« esclavagisation ». La rédaction vous propose l’intégralité de ladite lettre ouverte.

Lettre ouverte à Madame le Premier Ministre, Chef du Gouvernement

Objet : Non à l’esclavagisation des Enseignants.

Madame le Premier Ministre,
Nous tenons d’abord à vous souhaiter la bienvenue à la tête de l’administration gabonaise.

Madame, le Premier Ministre, nous croyions l’esclavage aboli depuis la prise du décret du 27 avril 1848, qui dispose dans l’un de ses considérants : « l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; (...) en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; (...) il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Egalité, Fraternité. »

L’abolition de l’esclavage s’applique dans toutes les colonies et possessions françaises dans les deux mois de la promulgation du décret dans chacune d’elles. Le Gabon qui était une ancienne colonie française se devait également d’abolir l’esclavage. L’esclavage étant un système dans lequel des êtres humains appartiennent à d’autres humains, comme des objets.

Madame le Premier Ministre,

malheureusement dans notre pays, les travailleurs en général, et les Enseignants en particulier sont traités comme des esclaves par notre employeur, qu’est le gouvernement.

Toute chose qui viole l’article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui dispose : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’Esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. »

En effet, comment comprendre que chaque année après avoir pris part à toutes les étapes de l’organisation des examens et concours, les enseignants, pour rentrer en possession de leurs vacations doivent toujours construire un rapport de forces avec le gouvernement ? C’est le cas cette année encore. En dépit de plusieurs promesses du gouvernement via le Ministre de l’Education Nationale, dont la dernière date du 17 juillet 2020, les vacations ne sont toujours pas payées aux Enseignants.

Le non-paiement des vacations aux Enseignants par le gouvernement constitue une violation de l’article 78 de la loi n°1/2005 du 04 Février 2005, portant statut général de la Fonction Publique qui dispose : « L’agent public a droit, après service fait à une rémunération... »
Les Enseignants ont bel et bien pris part aux examens, ont travaillé. Qu’est ce qui explique alors le non-paiement par le gouvernement des vacations qui leur sont dues ?
A ce sujet l’article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) dispose :
« 1- Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
2- Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
3- Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4- Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts. »

Cette situation malencontreuse a coïncidé avec la date de la reprise des cours fixée par le gouvernement pour le 20 juillet 2020 après la suspension des cours du 14 mars 2020 liée à l’épidémie à CORONAVIRUS, d’où la déclaration de la CONASYSED qui conditionnait ladite reprise des cours par la satisfaction des points suivants :
- La maitrise de la pandémie COVID-19 ;

- La mise en place de toutes les mesures barrières dans les établissements scolaires ;
- La prévision des dates d’organisation du CEP et du BEPC ;
- Le paiement intégral des vacations de 2018 et de 2019 ;
- L’octroi de l’indemnité COVID-19 aux Enseignants qui reprendront les cours, car ces derniers sont exposés aux risques de contamination ;
- L’organisation pratique de l’Education Physique et Sportive (EPS) au Baccalauréat pour les candidats aptes qui n’ont jamais suivi les cours théoriques d’EPS ;
- La signature du protocole d’entente contenant tous les engagements du gouvernement comme l’avait promis le Ministre de l’Education Nationale au cours de la réunion du 17 juillet 2020 avec la CONASYSED ;
- Le retrait de la note de 10/20 en EPS avant évaluation à tous les candidats, car la qualité de notre système éducatif et de notre BAC en dépendent.
Si le gouvernement a promis délivrer le Certificat d’Etudes Primaires (CEP) et le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) à tous les candidats en fonction de leur travail de classe, malheureusement le gouvernement n’a apporté aucune solution aux autres points précités.

C’est pourquoi, Madame le Premier Ministre, nous sollicitons de toute urgence votre implication dans le règlement de cet épineux dossier si le gouvernement veut réellement que le Baccalauréat, les autres examens et concours de l’enseignement Technique et Professionnel session 2020 puissent avoir lieu.

Pour ce qui est de l’indemnité COVID-19, elle pourrait être financée à partir des économies réalisées de 10 milliards à la suite de l’annulation du CEP et du BEPC.
S’agissant de l’organisation pratique de l’EPS, dans le respect des mesures barrières nous ne comprenons pas l’opposition du COPIL quand au même moment le même COPIL ne s’oppose pas à la pratique de l’EPS lors de l’entrée à la Garde Républicaine. Pourquoi cette politique deux poids et deux mesures ?

Au même moment et depuis des années, plusieurs Enseignants travaillent sans salaires certains totalisant 27 ans de travail, ne sont ni recrutés ni intégrés en violation des articles 39 à 44 de la loi 8/91 portant statut général des Fonctionnaires.
Toutes les situations administratives des Enseignants sont gelées depuis 2014 et ce, malgré la décision n°217/CC de la Cour Constitutionnelle du 30 Octobre 2018 annulant les mesures d’austérité.

C’est pourquoi ne pouvant s’accommoder de cette situation affligeante pour les enseignants, la CONASYSED conditionne la rentrée des classes 2020-2021 par la satisfaction des points suivants :

- La régularisation de toutes les situations administratives des Enseignants de l’enseignement public et de l’enseignement confessionnel (recrutement, intégration, titularisation, avancement automatique, mises en stage, reclassement après stages) ;
- La construction des établissements scolaires équipés en laboratoires, bibliothèques, salle d’informatique, plateaux sportifs ;
- La prise d’un décret revoyant et corrigeant les nominations du 30 septembre 2019 à l’Education Nationale ;
- Le paiement des rappels solde ;
L’organisation des concours interne et externe d’entrée à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI) ;
- L’organisation du concours interne d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) ;
- L’ouverture des négociations sur la base du cahier des charges de la CONASYSED déposé sur la table du gouvernement le 03 Février 2020.
Par ailleurs, la CONASYSED dénonce les intimidations et les menaces du gouvernement à l’encontre des enseignants qui revendiquent leurs droits en violation des conventions 87, 98 de l’O.I.T etc.

Ces Enseignants obéissent tout simplement au mot d’ordre de la CONASYSED et des autres syndicats. Le syndicalisme étant la réponse des travailleuses et travailleurs aux abus et aux droits de gérance des employeurs : on veut se faire respecter, on exige l’équité et la justice d’où nous refusons l’esclavage.

Comptant sur votre implication urgente, dans le règlement de cet épineux dossier et dans l’attente d’une suite favorable, nous vous prions d’agréer Madame le Premier Ministre, l’assurance de notre parfaite considération.

Fait à Libreville, le 29 Juillet 2020
Pour la CONASYSED,
Le Délégué Général,
Louis Patrick MOMBO
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