En évaluant la note de crédit souveraine qui lui a été attribuée par l’agence de notation américaine Moody’s le 7 juillet dernier, le gouvernement gabonais à travers le ministère de l’Économie et la direction générale de la dette (DGD) a semblé se satisfaire d’une notation qui bien que légèrement « positive » reste dramatique pour un pays censé être engagé dans de « profondes réformes ». Soulignant que lesdites réformes « ont permis de stabiliser le cadre macroéconomique à la fin de l’année 2019 », celui-ci s’est auto-félicité de « l’appréciation favorable de Moody’s ».
Malgré une dette abyssale dont le stock est évalué par la direction générale de la dette (DGD) à un peu plus de 5607 milliards de FCFA au premier trimestre 2020 (en hausse de 9% par rapport à la même période en 2019) qui a conduit les organismes de notation à dégrader la note de crédit souveraine du Gabon, le gouvernement semble s’auto congratuler face à une situation qui pourrait très vite devenir ingérable en cas par exemple, de nouvelle vague de Coronavirus.
Ainsi, en analysant les commentaires émis au sujet du rapport publié le 7 juillet dernier par Moody’s qui a profilé le Gabon à Caa1 soulignant des « obligations de très mauvaise qualité », force est de constater que le gouvernement s’est auto congratulé d’une situation quasiment dramatique. En effet, soulignant que « les réformes économiques et structurelles engagées à travers un programme triennal ont permis de stabiliser le cadre macroéconomique à la fin de l’année 2019 », le gouvernement s’est auto-félicité d’une « appréciation favorable de Moody’s ».
Or, ladite agence de notation à l’instar de sa consoeur Fitch, qui soulignait en avril dernier que « la mauvaise gestion des finances publiques et l’accumulation d’arriérés de dette exacerbent les pressions de liquidité dues à la baisse des prix du pétrole », a plutôt invité les autorités à la prudence, voire la méfiance face à un climat incertain (avec la possibilité d’une deuxième vague de Coronavirus) et une « dépendance accrue à l’égard du pétrole ». Mieux encore, la « positivité » affichée par Moody’s à l’égard du Gabon, reflète clairement « les premiers signes d’un relâchement de la pression de liquidité ». Signes qui évoluent à ce jour, au gré de la situation sanitaire.
Par ailleurs, évoquant la « cohérence d’une stratégie de riposte » qui pourtant affiche des résultats mitigés, le gouvernement a soigneusement éludé la question des timides mesures prises dans le cadre de la rectification de la loi de finances. Une loi de finances qui d’ailleurs confirme les craintes de Moody’s concernant les pressions de liquidités, puisqu’avec des dépenses évaluées à 1787 milliards de FCFA contre près de 1500 milliards de FCFA de recettes (en baisse de 28% officiellement), l’économie gabonaise s’expose à une crise certaine comme l’a évoqué l’économiste et ancien premier ministre Raymond Ndong Sima qui évoquait en mars dernier « un péril en la demeure ».