Officiellement lancée ce dimanche 12 juillet, la pétition nationale initiée par le parti politique d’opposition Les Démocrates, visant à protester contre la dépénalisation de l’homosexualité, pourrait mettre son destinataire, Ali Bongo, dans un dilemme sans nom, selon le géopoliticien Jonathan Ndoutoume Ngome. L’initiative de Guy Nzouba Ndama pourrait, selon l’ancien ministre délégué, affaiblir profondément le chef de l’État aux yeux des Gabonais comme à ceux de la communauté internationale.
Annoncée cinq jours plus tôt, c’est ce dimanche que la pétition des Démocrates a officiellement été lancée avec la signature de Guy Nzouba Ndama et quelques leaders d’autres partis politiques de l’opposition. Si l’initiative de l’ancien président de l’Assemblée nationale vise le même objectif que celui déjà clairement exprimé par son propre parti, Démocratie nouvelle : dire non à la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon, le Dr Jonathan Ndoutoume Ngome ne la voit pourtant pas d’un bon œil. D’autant plus que cette pétition censée recueillir l’adhésion des 52 départements que compte le pays pourrait être préjudiciable au président de la République.
Dans un post sur sa page Faceook ce week-end, le géopoliticien et ancien ministre délégué estime en effet que l’initiative du président de Les Démocrates est une «tentative d’affaiblissement du chef de l’État». «Au regard de l’aversion manifestée massivement par la population sur la question querellée, il semble très évident que la pétition envisagée pourrait recueillir un nombre de signatures très élevé. Ce modèle aux velléités d’un « référendum informel » est susceptible de mettre le président de la République dans l’inconfort absolu», reconnaît l’enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB).
Dr Jonathan Ndoutoume Ngome explique en effet que si Ali Bongo venait à réviser ou à reconsidérer la promulgation de cette loi impopulaire, y compris dans son propre camp, ce serait «un « auto-déjugement » de la première institution du pays». Ce qui enverrait inévitablement un mauvais signal à la communauté internationale qui s’est déjà réjouie de ce que le Gabon ait enfin dépénalisé l’homosexualité.
Dans l’hypothèse du contraire, si Ali Bongo venait à maintenir la promulgation de cette loi, il se positionnerait comme une «institution insensible à l’expression de la voix du peuple». Ce qui s’apparenterait à une faute pour le leader qui s’est toujours dit proche et à l’écoute de ses compatriotes.
«Quelle que soit l’hypothèse retenue, cette pétition identique à un « référendum à minima » tendrait à fragiliser irréversiblement la première institution du pays», rappelle le géopoliticien, qui invite pour sa part à miser sur la sensibilisation sur le rejet de l’homosexualité à travers les leaders religieux, les chefs traditionnels, la société civile et les citoyens ordinaires. L’enseignant exhorte notamment à «ne pas créer une situation d’affront entre le chef de l’État et la population par le biais de cette pétition».