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Grève aux Eaux et forêts : Une crise de gouvernance
Publié le vendredi 10 juillet 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le ministre des Eaux et forêts, Lee White
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Le mouvement d’humeur en cours naît des doutes sur l’efficacité des politiques mises en œuvre et, peut-être même, du rôle attribué à Lee White depuis maintenant 11 ans.

Au choix, on peut parler de ras-le-bol ou de trop-plein. Depuis deux semaines, le Syndicat national des agents des Eaux et forêts (Synapef) observe une grève générale illimitée. Sur saisine du ministre des Eaux et forêts, son président a été placé en garde à vue. Officiellement, il est reproché à Didier Atome Bibang trois choses : interception d’une correspondance officielle, dénonciation calomnieuse et, non-respect des mesures barrières. Tout simplement surréaliste !!! C’est dire si le mouvement d’humeur en cours ne repose pas seulement sur les revendications exprimées. C’est aussi dire s’il révèle d’abord une crise de gouvernance, née des doutes sur l’efficacité des politiques mises en œuvre et, peut-être même, du rôle attribué à Lee White. C’est enfin dire si la ligne jaune vient d’être franchie.

Mutation inaboutie

Comme si le Gabon n’était pas un pays de tradition forestière, comme si rien n’avait été fait avant, le secteur forestier a, depuis 11 ans, progressivement sombré dans une insécurité politique, juridique et institutionnelle. Sans étude d’impact socio-économique, en violation des dispositions légales, il a été décidé de ne plus exporter de bois en grumes. Lancée en 2011, la réforme de la loi dédiée n‘a jamais abouti : ayant mobilisé d’importantes ressources humaines et financières pendant près de sept ans, le projet de texte soumis au Parlement a fini par être retiré. Personne n’étant à même de justifier cette subite volte-face, la stratégie du gouvernement demeure un mystère. Surtout dans un contexte où 10 personnalités se sont succédé au poste de ministre des Forêts en 11 ans. Or, cette administration a été secouée par plusieurs scandales de corruption jamais élucidés. Si les agents ont toujours fait montre d’une réserve aux confins de la passivité, leur mouvement de colère peut s’entendre comme le signe d’une exaspération, la traduction d’un désir de mettre le holà à une gouvernance hasardeuse.

Pour le pouvoir exécutif, la nomination de Lee White aura sans doute été la faute de trop. Se présentant comme un proche, un ami voire un intime du président de la République, l’actuel ministre a toujours pris des libertés avec les lois et règlements. Se décrivant comme l’inspirateur de la plupart des réformes, il s’est forgé une image d’homme d’influence, de personne incontournable dans la prise de décision. Or, la pertinence, comme l’efficacité des réformes engagées, reste à démontrer. Même si le gouvernement aime à vanter l’accroissement de la contribution de la filière bois au Produit intérieur brut (PIB), la mutation des opérateurs et de l’administration est demeurée inaboutie.

La confiance, l’autorité et le respect se cultivent

Vieux baroudeur du milieu forestier, l’actuel ministre devait en avoir conscience. Au lieu de multiplier les promesses ou d’en initier de nouvelles, il aurait gagné à parachever les réformes en cours. S’il avait choisi d’accompagner ou d’accélérer la révision de loi forestière, il aurait donné à ses partenaires des raisons d’espérer. En retirant le projet de texte du circuit législatif, il a remis en cause leurs efforts. Comment s’étonner ensuite de leur désapprobation ? Sauf à faire montre de naïveté, on ne peut remettre en cause un travail collectif, fruit de plusieurs années de réflexion, et s’attendre à une adhésion des parties. A moins de faire montre d’outrecuidance, on ne peut se dédire et demander à autrui d’y croire. Ni la confiance, ni l’autorité encore moins le respect de l’autre ne s’imposent d’eux-mêmes. Ces valeurs s’acquièrent, se cultivent et s’entretiennent.

Pour son malheur, Lee White s’est, semble-t-il, montré hégémonique dans la relation aux autres, n’hésitant pas à user de l’argument d’autorité pour mieux intimider ses interlocuteurs. Par biais de confiance excessive, il a fini par s’aliéner le soutien de ses administrés. En clair, il faut analyser la situation actuelle comme l’aboutissement d’un processus datant de l’époque où le secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) cherchait à en imposer aux différents ministres des Forêts, au nom d’une proximité supposée d’avec Ali Bongo. Fallait-il en rajouter en suscitant l’interpellation du président du Synapef ? S’il entend ramener la sérénité, s’il veut se donner une chance de faire de la politique, l’ancien secrétaire exécutif de l’ANPN doit repenser sa relation aux partenaires. Il doit apprendre à se soumettre à la règle de droit, à mieux faire circuler l’information, à travailler aux côtés de tout le monde et à rendre des comptes. Au risque de le payer cash, il ne peut continuer à user du ’’name dropping.’’
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