Bruno Fuchs, député français du Mouvement démocrate (MoDem), a fait rejaillir les doutes sur la capacité d’Ali Bongo à diriger le Gabon. Il «n’est plus en mesure de présider son pays depuis 18 mois en raison de son état de santé», a-t-il affirmé le 8 juin à l’Assemblée nationale de France. Des propos que semble banaliser la présidence gabonaise ; visiblement, Jean-Yves Le Drian aussi.
Député du Mouvement démocrate (MoDem) et président délégué de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, Bruno Fuchs a remis au goût du jour la question de la vacance du pouvoir au Gabon. Pour l’élu du Haut-Rhin, le président du Gabon n’est plus en capacité d’assumer ses fonctions depuis son Accident vasculaire cérébrale (AVC) en octobre 2018 à Ryad (Arabie Saoudite).
«Le chef de l’État n’est plus en mesure de présider son pays depuis 18 mois en raison de son état de santé», a affirmé Bruno Fuchs, le 8 juin à Paris. Le député s’exprimait à l’Assemblée nationale, à l’occasion de la séance dite de ’’Questions au gouvernement’’, plus précisément lors de l’audition du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la politique étrangère de la France en Afrique. Des propos qui, visiblement, ne feront pas réagir le pouvoir gabonais, très alerte lorsque les capacités physiques du chef de l’État sont remises en doute. «Il est député d’un parti ayant combien de sièges ? Il ne représente pas la voix de la France et n’a aucune fonction dans l’exécutif», a commenté un cadre très important du palais présidentiel de Libreville. Il reste que le MoDem compte deux ministres dans le gouvernement Jean Castex.
Article 9 de l’Accord de Cotonou
Interrogeant Jean-Yves Le Drian sur la situation de l’opposant malien Soumaïla cissé, en captivité depuis trois mois, Bruno Fuchs a par ailleurs évoqué le Gabon : «Le sort réservé à l’opposant Jean Ping, assigné à résidence, doit nous alerter», a interpellé le député français. Et de rappeler que le Gabon et quelques autres pays cités dans son intervention sont signataires de la Charte de la Francophonie et de l’Accord de Cotonou dont l’article 9 conditionne le maintien de la coopération entre l’Union européenne et les États ACP au respect des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’État de droit.
On en conviendra tout de même, concernant le principal challenger d’Ali Bongo à la présidentielle de 2016, qu’il ne s’agit nullement d’une assignation à résidence. Il est vrai qu’un camion de l’armée bivouaque à l’entrée de chez Jean Ping et que des contrôles y ont régulièrement lieu depuis la crise post-électorale, mais le leader de l’opposition sort de chez lui quand il veut et y reçoit beaucoup de monde. Début mai dernier, par exemple, il s’est rendu à Awendjé dans le 4ème arrondissement de Libreville, pour encourager des jeunes gens produisant des masques anti-covid-19 à qui il a offert des pagnes.
Répondant aux questions du député de la 6ème circonscription du Haut-Rhin, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a évacué la référence à Ali Bongo et à Jean Ping, se contentant d’aborder les cas du Sahel, de Soumaïla Cissé, du Mali, de la Guinée Conakry ou des exactions au Cameroun. Indiquant le nouveau chemin qu’il entend dessiner dans les relations France-Afrique, Le Drian n’a pas manqué de placer une ritournelle bien française à ce sujet : «notre posture est de soutenir la démocratie et le droit.»