Alors que les deux chambres du Parlement ont acté la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon, Jean Ping qui se considère toujours comme le président élu du pays appelle au retrait du texte qui divise. Craignant des violences, il estime que le texte a été voté pour détourner l’opinion du débat sur la vacance du pouvoir.
Une rengaine : au Gabon, l’homosexualité a été dépénalisée. Si une bonne partie de l’opinion a dénoncé un vote inopportun au regard du contexte actuel de crise sanitaire, Jean Ping qui se considère toujours comme le président élu du pays, lui a emboité le pas le 4 juillet. Dans un discours fleuve, le président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) accuse le système qu’il appelle depuis 2016 «régime usurpateur», d’avoir fait voter, en urgence, le texte décrié. «Je considère pour ma part, que sans consultation aucune, un choix a été imposé aux Gabonais et ce choix fait désormais débat et divise le corps social», a-t-il déclaré y voyant une initiative totalement inopportune «aux allures de diversion».
Pour lui, rien ne justifiait en cette période de crise sanitaire, de faire voter «une loi qui, au lieu de régler un problème en soulève un autre : la division». «Les Gabonais ne veulent pas de cette dépénalisation de l’homosexualité», croit savoir Jean Ping qui assure que le pouvoir est en total déphasage avec le peuple. «La ficelle est bien trop grosse, le piège qui consiste à qualifier le peuple gabonais, attaché aux us et coutumes de son pays et qui s’oppose fermement à cette initiative inopportune, de peuple homophobe, ne peut convaincre personne». Encore nostalgique des événements de 2016, Jean Ping dénie toute crédibilité à ce qu’il qualifie de «régime qui a tant prouvé par sa criminalité, sa soif effrénée du pouvoir, son aversion pour l’écrasante majorité des Gabonais qui partage l’envie, le besoin de démocratie, d’alternance, de respect de son vote et de ses droits fondamentaux».
Une fois de plus, Jean Ping accuse la ‘’Bande à Sylvia’’
«Le peuple Gabonais, une fois de plus aura espéré en vain», se désole l’homme qui appelle à un sursaut patriotique d’autant plus que, dit-il, les initiateurs de cette loi ne semblent écouter ou respecter ni l’expression des populations, ni les us et coutumes de notre pays qui, pourtant constituent les sources premières du droit. «Cela ne m’étonne pas du tout», a-t-il martelé affirmant que les «véritables tenants du pouvoir actuel» n’ont pas d’attaches profondes avec le pays. Pour lui, ils «agissent non pas pour le Gabon et ses enfants, mais pour leurs propres intérêts, en suivant les directives d’individus non-élus, de passage». C’est d’ailleurs, a-t-il déclaré, ce qui justifie l’ampleur, la vivacité de l’émoi dans le pays. «Le Peuple gabonais ne demande qu’une chose : le retrait pur et simple de ce texte qu’il considère comme contraire à ses traditions historiques et contemporaines», a-t-il clamé.
«L’histoire du droit enseigne qu’aucune législation, fut-elle futuriste, ne peut prospérer dans l’espace et dans le temps, si elle heurte brutalement et profondément les valeurs culturelles, religieuses et traditionnelles qui sont censées la sous-tendre», a-t-il rappelé indexant une fois de plus, «la bande à Sylvia Valentin». Si l’épouse d’Ali Bongo avait déjà, via les réseaux sociaux, répondu à Jean Ping en indiquant que la bande à Sylvia est celle qui œuvre pour l’épanouissement de la femme gabonaise, le président de la CNR revient à la charge en l’accusant d’être à la manœuvre du chaos du Gabon. «La bande à Sylvia est plus que jamais à la manœuvre. Elle menace, intimide et s’autorise même à agir, au nom d’Ali Bongo Ondimba, pour imposer des lois et des mœurs qui ne manqueront pas de plonger le Gabon dans une instabilité parentale, sociale et politique, dont les conséquences sont imprévisibles», a-t-il proclamé.
Pour Jean Ping, cette dépénalisation pourrait exacerber les tensions
Craignant une vague de violence, Jean Ping estime que les mesures restrictives imposées pour limiter la propagation du Covid-19 n’empêcheront pas les tensions à s’exprimer sous d’autres formes. «En puisant dans notre mémoire collective, l’histoire du Gabon nous apprend que les populations gabonaises savent parfois dire Non, avec beaucoup de détermination et de fermeté, lorsqu’elles sont outrées et poussées à bout», a-t-il évoqué. «N’oublions pas que c’étaient des Gabonais qui avaient dit Non à Omar Bongo à l’époque, lorsqu’il envisageait de faire du Gabon un Royaume», a-t-il ressorti.
Considérant que la réelle préoccupation du moment est celle de «la vacance de pouvoir au sommet de l’Etat», Jean Ping appelle la communauté internationale à aider le Gabon à ne pas sombrer davantage. «Aidez le Gabon à ne pas plonger dans le chaos !», a-t-il plaidé. «Il est plus que nécessaire, pendant qu’il est encore temps, de retirer ce texte qui divise, afin d’éviter la montée de la violence et que certains compatriotes ne soient jetés en pâture ou que notre pays, le Gabon, ne soit stigmatisé, à tort», a insisté le leader de l’oppositio