Brazzaville, Alors que les pays africains commencent à rouvrir leurs frontières et leurs espaces aériens, il est crucial que les gouvernements prennent des mesures efficaces pour atténuer le risque d'une recrudescence des infections due à la reprise des vols commerciaux et des opérations aéroportuaires.
De nombreux gouvernements africains ont agi rapidement, mettant en place des mesures d'endiguement et des restrictions des voyages dès les premiers jours de la pandémie. Dans la Région africaine de l'OMS, 36 pays ont fermé leurs frontières aux voyages internationaux, 8 ont suspendu les vols en provenance de pays à forte transmission de COVID-19 et d'autres ont appliqué des restrictions partielles ou inexistantes. À ce jour, le Cameroun, la Guinée équatoriale, la Tanzanie et la Zambie ont repris leurs vols commerciaux. Les 15 membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest devraient ouvrir leurs espaces aériens le 21 juillet.
Si l'ouverture des frontières est essentielle à la libre circulation des biens et des personnes, une première analyse de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a montré que les mesures de confinement associées à des mesures de santé publique réduisaient la propagation du COVID-19. Malgré les restrictions aux frontières, des cas importés ont parfois ramené le COVID-19 dans des pays qui n'avaient pas signalé de cas depuis longtemps. Par exemple, les Seychelles n'avaient plus de cas transmis localement depuis le 6 avril 2020, mais la semaine dernière, 66 nouveaux cas - tous membres d'équipage d'un navire de pêche international - ont été enregistrés.
« Le transport aérien est vital pour la vitalité économique des pays », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique. « Mais alors que nous recommençons à prendre les airs, nous ne pouvons pas baisser notre garde. La nouvelle norme exige toujours des mesures strictes pour endiguer la propagation de COVID-19. »
Pour reprendre les voyages aériens internationaux, l'OMS recommande aux pays d'évaluer la situation épidémiologique afin de déterminer si le maintien des restrictions l'emporte sur les coûts économiques de la réouverture des frontières - si par exemple il y a une transmission généralisée du virus. Il est également crucial de déterminer si le système de santé peut faire face à une hausse des cas importés et si le système de surveillance et de recherche des contacts peut détecter et suivre les cas en toute fiabilité.
Il est important que les pays mettent en place des systèmes aux points d'entrée, y compris dans les aéroports. Un contrôle exhaustif des entrées et des sorties devrait être envisagé sur la base d'une évaluation des risques et d'une analyse coûts-avantages, et dans le cadre de la stratégie nationale de réponse globale. Ce contrôle peut cibler en priorité les vols directs en provenance de zones à transmission communautaire. En outre, le respect des mesures préventives telles que l'hygiène personnelle, l'étiquette à respecter en cas de toux, la distanciation physique reste essentiel. Les passagers doivent être enregistrés et suivis, et s'ils présentent des symptômes, être avisés d'en informer les autorités sanitaires.
« La reprise des vols commerciaux en Afrique facilitera la livraison de matériels essentiels tels que des kits de tests, des équipements de protection individuelle et d'autres produits sanitaires essentiels dans les régions qui en ont le plus besoin », a déclaré Dr Moeti. « Cela permettra également de s'assurer que les experts, qui peuvent soutenir la réponse, puissent enfin se rendre sur le terrain et se mettre au travail. »
L'impact du COVID-19 sur les compagnies aériennes sera probablement grave. Les compagnies aériennes africaines pourraient perdre 6 milliards de dollars de revenus provenant des passagers comparé à 2019 et les pertes d'emplois dans l'aviation et les industries connexes pourraient atteindre 3,1 millions, soit la moitié des 6,2 millions d'emplois liés à l'aviation dans la Région, selon l'Association du transport aérien international.
Dans le pire des cas, le trafic aérien international en Afrique pourrait connaître une baisse de 69 % de la capacité du trafic international et de 59 % de la capacité nationale, selon une analyse de l'Organisation de l'aviation civile internationale.
En collaboration avec le Forum économique mondial, l'OMS a tenu aujourd'hui une conférence de presse virtuelle avec Dr Moeti, Dr Amani Abou-Zeid, commissaire chargé des infrastructures et de l'énergie à la Commission de l'Union Africaine et Prosper Zo'o Minto'o, directeur régional du Bureau de l'Afrique occidentale et centrale de l'Organisation de l'aviation civile internationale