Alors que la loi de dépénalisation de l’homosexualité au Gabon a été adoptée par l’Assemblée nationale et est en cours d’examen au Sénat et que la société gabonaise parait divisée sur ce sujet, un certain nombre de personnalités ont pris position en faveur de ce texte. C’est le cas du ministre de l’Environnement, Lee White.
« Je pense que certaines personnes utilisent la question de décriminalisation de l’homosexualité pour bloquer l’adoption du texte, qui couvre beaucoup plus de sujets. Mais pour être clair, ne suis pas du tout pour la criminalisation de l’homosexualité. »
C’est en ces termes que le ministre gabonais de l’Environnement, Lee White, a répondu ce weekend à un internaute qui l’interpellait sur le réseau social Twitter.
Lee White affiche donc, ce faisant, son soutien au projet de lois de dépénalisation de l’homosexualité au Gabon qui devrait faire l’objet d’un vote ce lundi après-midi au Sénat.
Au-delà, le ministre de l’Environnement pointe un élément intéressant. Le fait que « certaines certaines personnes utilisent la question de décriminalisation de l’homosexualité pour bloquer l’adoption du texte, qui couvre beaucoup plus de sujets ».
En effet, le texte en question contient une foultitude d’avancées. « La loi n°042/2018 du 05 juillet 2019 portant Code pénal en République gabonaise comporte des avancées majeures dans notre droit », indique un professeur en droit public de l’UOB. « Le texte vient renforcer la lutte contre le terrorisme, le braconnage, les prédateurs sexuels notamment dans le milieu professionnel, etc. Il améliore également très sensiblement la protection des femmes et des enfants. Enfin, il donne des armes pour mieux lutter contre la corruption, le détournement de fonds publics et le blanchiment », explique l’universitaire.
Là se trouve, pour Lee White, le véritable nœud du problème. C’est ce qu’il dit dans son tweet et c’est ce que pense également un autre professeur de l’UOB, en science politique celui-ci. « Si la commission du Sénat avait, l’année dernière, introduit un alinéa 5 à l’article 402 pénalisant l’homosexualité – car c’est bien elle et non le gouvernement qui l’a fait -, sachant le caractère polémique d’une telle disposition, c’était, selon certains, dans une volonté de bloquer l’ensemble du texte. En clair, comme le Sénat savait que la pénalisation de l’homosexualité provoquerait un vif débat, cela aurait pu gêner l’adoption du reste du texte en particulier les dispositions sur la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics que redoutent tout particulièrement un certain nombre de responsables politiques », analyse l’universitaire.
Selon lui, « l’hystérisation » actuelle du débat autour de la dépénalisation de l’homosexualité est, en partie au moins, due à une tentative dinstrumentalisation de la part de certains hommes et femmes politiques qui voient d’un mauvais œil le durcissement de la lutte anti-corruption dans le pays, mais aussi contre le braconnage qui gène nombre de personnes et bousculent d’importants intérêts au Gabon.