Un analyste ayant requis l’anonymat a partagé, sans passion, sa lecture du projet de loi sur la dépénalisation de l’homosexualité qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays.
Selon cet analyste, le projet de loi au cœur de la controverse, recule le Gabon un an en arrière. Si le projet de loi est définitivement adopté par les deux chambres du parlement (Assemblée nationale et Sénat), le pays se retrouverait alors exactement dans la situation où il était au lendemain de l’indépendance en 1960 jusqu’à cette date du 5 juillet 2019 qui avait marqué l’adoption du nouveau code pénal contenant l’alinéa 5 de l’article 402 qui permettait au législateur de punir tout acte homosexuel avéré.
En français facile, explique l’analyste, le Gabon n’a jamais légiféré sur l’homosexualité depuis son indépendance sinon son existence en tant qu’Etat ou nation. Le premier texte qui statue sur le phénomène est le code pénal du 5 juillet 2019.
L’analyste imagine l’après adoption de cette loi par le parlement. Le Gabon reviendrait alors dans sa situation d’avant 5 juillet 2019.
Ceci veut dire que l’homosexualité ne sera ni légalisée ni interdite au Gabon par la loi en cours de révision. Les mariages homosexuels non plus. Le pays ne pourrait, certainement, pas accueillir une gay pride puisque dans le passé il n’a pas accueilli aucune seule édition de la fameuse « marche des fiertés ».
La loi vigoureusement contestée « dépénalise l’homosexualité mais ne légalise non plus l’homosexualité », insiste l’analyste droit dans ses bottes.
« Il ne s’agit pas de légaliser l’homosexualité et d’ouvrir la possibilité de mariage ou d’adoption », martèle-t-il.
« On revient à ce qui existait avant sans plus », poursuit-il en ajoutant que dans plusieurs familles gabonaises il y a des homosexuels mais tous vivent bien en acceptant leur différence.
Le Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé qui porte le projet devant les députés et les sénateurs a clairement indiqué qu’il est d’obédience chrétienne et défend les valeurs morales enseignées par cette religion dominante dans le pays mais il défend également les libertés.
Se disant également défenseur des libertés, l’analyste interrogé par Gabonactu.com soutient que la pénalisation a introduit une forme de discrimination à l’endroit de certains « compatriotes », ce qui est contraire à l’esprit de la « Concorde », l’hymne nationale du Gabon « Uni dans la Concorde et la fraternité ».
Situant le débat au niveau africain, l’analyste rappelle que la criminalisation de l’homosexualité a été dépénalisé en Angola, au Botswana, au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, au Lesotho, au Mozambique, à São Tomé et Príncipe, aux Seychelles et en Afrique du Sud.
L’homosexualité n’a jamais été criminalisée dans plusieurs autres pays africains comme le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, Djibouti, la Guinée équatoriale, Madagascar, le Mali, le Niger et le Rwanda.
Le Gabon qui a statué sur la question n’a prononcé aucune condamnation en un an. En d’autres termes, depuis la pénalisation de l’homosexualité au Gabon, il n’y a eu ni procès ni condamnation en la matière. « C’était donc une loi sans grande utilité », conclu la source fermant les yeux lorsqu’on lui parle de la tendance plutôt croissante du phénomène ces dernières années.