La Troisième voie estime que pour la présidentielle 2023, le clan Bongo devrait être exclu de la course. Arguant un déni de patronyme et une exaspération du peuple gabonais, le groupement politique propose qu’une amnistie intégrale soit accordée à la famille Bongo après leur mise à l’écart du pouvoir.
Au Gabon, les rumeurs relatives aux candidatures à la présidentielle 2023 de Noureddin Bongo, fils d’Ali Bongo, et d’Omar Denis Bongo, fils d’Omar Bongo, circulent avec insistance. Le frère et le fils de l’actuel chef de l’Etat gabonais n’ont officiellement pas fait part de leurs velléités quant à cette échéance, mais à en croire certaines indiscrétions, «les choses se préparent». A tort ou à raison, ces rumeurs ont donné lieu à un débat qui se résume en une question : Faut-il accepter la candidature d’un Bongo en 2023 ? Débat repris ce 17 juin, par le groupement politique la Troisième voie.
«Si notre système politique disposait d’un institut de sondage, le débat s’en trouverait facilité mais en l’absence d’un tel instrument, nous proposons le débat à partir des termes de légalité, légitimité et culture bantoue», a déclaré le chef de file de ce groupement politique se réclamant du centre. Selon Gérard Ella Nguéma, la gouvernance assurée par Omar Bongo puis son fils Ali Bongo a produit chez les Gabonais un effet de saturation, à tel point que la seule hypothèse d’une continuation de gouvernance des Bongo par un fils, un petit-fils ou tout autre membre porteur de ce nom, pourrait conduire à une explosion.
Gérard Ella Nguéma et les siens appréhendent «un sentiment de ras-le-bol qui risque de provoquer une explosion sociale qui ne serait que la réaction institutionnelle d’un peuple exaspéré et poussé à bout».
«Si hier ce peuple était manipulable à souhait, on ne peut le tromper collectivement tout le temps», a soutenu le porte-voix de la Troisième voie pour qui, le rejet des Bongo est devenu viscéral. Pour ces acteurs politiques, ce rejet ne signifie pas qu’aucun des fils ou petit-fils d’Omar Bongo ne peut diriger le Gabon mais plutôt qu’«ils sont disqualifiés à cause d’un déni de patronyme» avec à la clé, «un amer constat d’échec multisectoriel» des 53 ans de gouvernance des Bongo. Pour la Troisième voie, après 50 ans d’indépendance, le pays se révèle sous-développé avec en prime une gouvernance sans partage de la famille Bongo au sommet de l’Etat.
Les Bongo comptables de la politique d’Omar et Ali Bongo ?
Le déni de patronyme n’a aucune valeur constitutionnelle mais pour la troisième voie, vis-à-vis des autres candidats, un Bongo ne pourrait se prévaloir d’aucune virginité politique. «Il sera directement ou indirectement comptable de la politique de ses ascendants», a dit Gérard Ella Nguéma pour qui, le critère d’âge pour être président de la République doit être revu. «Aucune candidature ne devrait être acceptée avant 40 ans», a-t-il soutenu faisant sans doute allusion à Noureddin Bongo et Omar Denis Bongo. La constitution actuelle fixe l’âge de la présidentielle à 18 ans et pour la Troisième c’est un risque vers l’abîme.
Pour compenser l’exclusion des Bongo de la course à la présidentielle 2023, la Troisième voie préconise pour eux, «une forme d’amnistie intégrale». Selon Gérard Ella Nguéma, elle devrait être accordée aux Bongo afin qu’ils puissent continuer de vivre paisiblement dans leur pays en parfaite jouissance de leur intégrité physique et morale et de l’essentiel de leur patrimoine. «En plus de cela, ces compatriotes devraient avoir toute la latitude d’accéder à tous les postes de l’administration publique selon les modalités de promotion des cadres, comme de concourir dans le cadre d’une élection locale et législative», soutient la Troisième voie.