Deux diplomates tchèques ont été expulsés de Russie ce lundi 15 Juin 2020, après que la même chose soit arrivée à leurs homologues russes en République Tchèque.
Accusé d’empoisonnement par les Tchèques, cette décision n’est en réalité que la suite d’une longue liste de représailles depuis le déboulonnage d’une statue russe à Prague. Dans ce climat de tensions entre ex-oppresseurs et oppressés, et de contestations de l’histoire coloniale, ce sujet est très intéressant.
En avril, une bataille entre les deux pays a commencé autour du déboulonnage de la statue du général soviétique Ivan Koniev à Prague. Ce maréchal de l’Armée Rouge, qui libéra Prague des Nazis en 1945, représente pour de nombreux Tchèques une figure de l’oppression russe, notamment de responsable de la répression de l’insurrection de Budapest en 1956.
Ajouter à cela que les autorités de Prague ont renommé la place de l’ambassade de Russie du nom de l’opposant russe Boris Nemtsov, assassiné en 2015.
La statue a été transférée dans un musée et remplacée par un nouveau monument honorant la libération de la ville. La Russie a dénoncé une tentative de diminuer le rôle décisif de la nation russe dans la défaite des nazis.
Ces changements symboliques irritent la Russie. Le pays estime que l’aide qu’elle a apporté à la République Tchèque en la libérant des nazis est importante, que remplacer ces symboles est un manque de respect, signe d’ingratitude et une atteinte à la mémoire des héros russes qui sont tombés au front.
Cependant, après la libération, les Tchèques ont été occupés par les communistes russes. Forcés de devenir des satellites de l’URSS, ils furent opprimés sous le régime de Moscou.
Héros devenu bourreaux comme bien d’autre dans l’histoire, la libération suivie de nouvelles oppressions a vite fait d’effacer l’occupation nazie, puisque les successeurs russes on t été presqu’aussi virulents : écrasement de 1956, mur de Berlin, répression du Printemps de Prague en 1968.
L’affaire des poisons
Les tchèques ont révélé qu’un projet d’empoisonnement du maire de Prague, Zdenek Hrib, et deux autres politiciens, leur a été communiqué par un employé de l’ambassade. Le maire de la capitale fut placé sous protection après avoir affirmé que des russes cherchaient à le tuer à la télévision.
Moscou a réagi en condamnant de telles allégations, et le 5 Juin 2020, deux diplomates russes étaient expulsés de Prague. Cette affaire des poisons exacerbe les tensions entre les deux pays en plus du problème mémoriel de la statue.
Une enquête a été ouverte en Russie pour « profanation publique des symboles de la gloire militaire russe », suite au déboulonnage de la statue du Maréchal Koniev.
Un traité d'amitié de 1993 comprenait un engagement tchèque à protéger les monuments aux héros russes de la Seconde Guerre mondiale.