Décidément l’administration gabonaise a beaucoup de mal avec le principe de continuité d’exercice, et ce malgré le contexte actuel qui impose discipline, orthodoxie et restrictions budgétaires. Et pour cause, certains responsables d’administration semblent peu enclins à user des biens d’équipements acquis par leurs prédécesseurs. C’est notamment le cas du maire de la commune de Libreville, qui en 2019 a décaissé pas moins de 600 millions de FCFA pour l’achat des véhicules administratifs.
Maire aux méthodes musclées comme en témoigne le déguerpissement des commerçants illégaux installés aux abords des différentes artères de la capitale, Léandre Zue semble moins enclin à se faire violence notamment en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement de la municipalité dont il a la charge. C’est ce qu’on pourrait penser à l’analyse du projet de budget primitif de la mairie de Libreville dont Gabon Media Time a obtenu une copie.
En effet, ce rapport qui retrace à la fois l’exécution et l’évolution des dépenses de la commune pour l’exercice à venir, mais aussi les dépenses de la commune de l’exercice précédent est très évocateur. Il est par exemple révélé que le poste « matériel et outillage » a été très onéreux pour la commune, puisque la mairie de Libreville notamment l’hôtel de ville, s’est accordée quelques largesses avec notamment 600 millions de FCFA de dépenses liées aux achats de véhicules administratifs dont un ford raptor et un mercedes à 50 millions de FCFA chacuns.
Si l’on y ajoute les 20 millions de FCFA dédiés à l’achat des « pièces de rechange » de ces véhicules, les 30 millions de FCFA pour…la « location de véhicules » ou encore les 50 millions de FCFA pour « le carburant du cabinet du maire », les dépenses en « déplacements et autres missions » chiffrées à plus de 350 millions de FCFA, on comprend donc aisément l’explosion du budget de cette mairie, passé de 18,9 milliards de FCFA en 2018 à 27,7 milliards de FCFA en 2019, sachant que pour 2020 on frôle également les sommets avec 24,8 milliards de FCFA de budget prévisionnel.
Alors qu’il avait fait de « l’assainissement, le développement économique et social, et la qualité de la vie à Libreville » et la lutte contre « l’incivisme sous toutes ses formes », le « coeur de son projet », le maire de Libreville semble être en total désaccord avec son ambition. Pis, il foule aux pieds sans vergogne, les recommandations du gouvernement issues de la task force sur les finances publiques, qui prônaient jadis, la « discipline budgétaire ».